L’avenir de l’Église est en Asie ?

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Congrès à Rome sur l’épopée du christianisme en Corée

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ROME, mercredi 6 déc. (ZENIT.org) – La Corée est l’un des pays où le christianisme grandit le plus vite. Les conversions se multiplient, les candidats au sacerdoce sont de plus en plus nombreux. C’est notamment pour tenter de comprendre ce qui se passe dans certains pays d’Asie qu’un congrès a été organisé à Rome.

L’objectif du congrès était d’étudier la question des martyrs d’Asie et d’Afrique. Il a eu lieu à l’Athénée Pontifical « Regina Apostolorum », dans le cadre d’une série de rencontres sur le martyre, organisés à l’occasion du Jubilé par cette université.

Le père Dominique Youn Minku, professeur à l’Université Catholique de Suwon et postulateur de la cause de béatification des premiers martyrs coréens, a présenté hier après-midi son analyse de la situation en Corée.

En Corée du Sud, environ 150.000 baptêmes, en majorité d’adultes, ont maintenant lieu chaque année. Les séminaires sont pleins. Un séminaire coréen vient également d’être inauguré à Rome. C’est le deuxième pays asiatique, après les Philippines, qui ouvre un centre d’études à Rome.

Un cas unique
Le père Youn Minku explique que le cas de la Corée est « unique dans l’histoire » car dans ce pays « l’Église catholique est née spontanément ».

« Des intellectuels coréens ont lu les livres des missionnaires européens en chinois. Une communauté chrétienne composée exclusivement de laïcs est ainsi née parmi eux. Ils ont reçu la foi à travers leurs lectures. Le premier coréen fut baptisé en 1784 », raconte-t-il.

Le premier catholique
« Le pas décisif est arrivé après, explique le postulateur, lorsque Yi Sung-hun (1756-1801) se rendit à Pékin pour rencontrer les missionnaires. Après avoir reçu une formation chrétienne il reçut le baptême et prit le nom de Pierre. Il rentra ensuite en Corée pour enseigner la foi catholique et baptiser ses amis et les membres de sa famille. Il fonda ainsi une communauté chrétienne particulièrement fervente… mais les persécutions commencèrent rapidement ».

Le père Minku précise que « cette communauté chrétienne, fondée et soutenue par des laïcs, n’a jamais cessé de témoigner d’un ardent désir d’union réelle avec l’Église universelle. Elle eut son premier prêtre en 1795. Le père chinois Chou Wenmou (1751-1801), de Pékin, entra clandestinement dans le pays pour s’occuper d’une communauté de quatre mille fidèles coréens ».

Une histoire de persécution
« Après la grande persécution de 1801 qui décima la communauté qui comptait déjà 10.000 fidèles, et malgré de nouvelles persécutions entre 1811 et 1819 et en 1827, l’Église de Corée continua à se développer », explique-t-il.

Les vagues de persécution furent provoquées par une secte connue sous le nom de Tonghak, qui signifie Religion de l’est, contre celle qu’elle appelait la « religion de l’ouest », c’est-à-dire le christianisme. L’objectif de la secte était d’opprimer et d’expulser les étrangers du pays. En 1864 il y avait 23.000 chrétiens en Corée. Entre 1866 et 1871 environ 8.000 chrétiens furent massacrés.

Le 5 juillet 1925, 79 des martyrs morts entre 1839 et 1946 étaient béatifiés. Le 6 octobre 1968, 24 martyrs morts en 1866 étaient béatifiés. Ces 103 bienheureux furent canonisés ensemble le 6 mai 1984, à Séoul, par Jean-Paul II.

En 1886, grâce à un traité entre la Corée et la France, l’Église catholique obtint une certaine liberté qui lui permit de grandir.

La terreur s’installa de nouveau avec l’arrivée du communisme.

« Les troupes soviétiques, explique le père Minku, forcèrent tous les coréens du nord à renoncer publiquement à leur religion, entre 1945 et 1948. Cette imposition figurait sur la carte d’identité remise aux enfants à partir de six ans. Ceux qui refusaient de se soumettre à cette imposition étaient traités comme des citoyens de deuxième catégorie. En 1945, avant l’arrivée des russes, il y avait 50.000 catholiques entre les trois diocèses de Corée du Nord. Maintenant, c’est un miracle s’il reste encore quelques catholiques cachés dans les catacombes ».

Le dictateur Kim I1 Sung instaura un régime national-communiste (1948-1950) et déclencha une répression féroce contre les religions, en particulier contre l’Église catholique et son clergé.

« La guerre entre les deux Corées (1950-1953), constate tristement le père Minku, fut un nouveau prétexte pour les militaires communistes, pour arrêter et assassiner les représentants du clergé et les religieux de Corée. Le nonce apostolique, Mgr Patrick James Byrne, d’origine américaine, fut arrêté le 11 juillet 1950 avec 41 prêtres et religieux étrangers. Tous les prisonniers furent traités comme des criminels et furent conduits à Chungganggin, l’endroit le plus froid de la Corée. Ce fut la « Marche de la mort ». Seuls huit d’entre eux survécurent ».

La Commission des Nouveaux Martyrs du Comité du Vatican pour le Jubilé, signale pour le moment 183 martyrs assassinés sous le régime communiste. Parmi eux figurent trois évêques, un coréen et deux étrangers ; 31 prêtres diocésains, tous coréens ; 20 missionnaires étrangers et 83 laïcs coréens.

Le martyre et l’évangélisation par les laïcs portent du fruit. Selon l’Annuaire Statistique de l’Église (1998), il y aurait 2.500 prêtres actuellement en Corée du Sud (il y en avait 1.500 en 1990), 8.000 religieuses (5.336 en 1990), 12.243 catéchistes (7.817 en 1990), 3.765.000 catholiques (2.732.000 en 1990) sur 46 millions d’habitants. La Corée du Sud a actuellement son premier président catholique, Kim Dae-Jung, dernier prix Nobel de la Paix et principal promoteur de la réconciliation avec la Corée du Nord.

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ZENIT Staff

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