Mercredi 10 janvier, le pape François a rencontré les représentants de DIALOP, un groupe actif dans la promotion du bien commun par le dialogue entre socialistes et chrétiens. Voici le texte intégral de l’intervention du Saint-Père.
Chers amis, bonjour !
Je vous souhaite la bienvenue, représentants de DIALOP, engagé depuis de nombreuses années dans la promotion du bien commun à travers le dialogue entre socialistes/marxistes et chrétiens. Un beau programme !
Un écrivain latino-américain a dit que les hommes ont deux yeux, mais l’un de chair et l’autre de verre. Avec le premier, ils voient ce qu’ils regardent, avec l’autre, ce dont ils rêvent. Ne perdez pas la capacité de rêver ! Aujourd’hui, dans un monde divisé par les guerres et les polarisations, nous courons le risque de perdre la capacité de rêver. Mais nous, les Argentins, nous disons : « note arrugues », une expression qui signifie « ne recule pas ». Et c’est l’invitation que je vous lance à vous aussi : ne reculez pas, n’abandonnez pas, ne cessez pas de rêver d’un monde meilleur. C’est en effet dans l’imagination que l’intelligence, l’intuition, l’expérience et la mémoire historique se rencontrent pour créer, oser, risquer. Combien de fois, au cours des siècles, les grands rêves de liberté et d’égalité, de dignité et de fraternité, miroirs du rêve de Dieu, ont-ils produit des avancées et des progrès ! Dans cette perspective, je voudrais vous recommander trois attitudes que je crois utiles pour votre engagement : le courage de briser le moule, l’attention aux plus faibles et la promotion de la légalité.
Premièrement : avoir le courage de briser le moule pour s’ouvrir, dans le dialogue, à de nouvelles voies. Dans une période marquée à différents niveaux par des conflits et des fractures, ne perdons pas de vue ce qui peut encore être fait pour inverser le cours des choses. Contre les approches rigides qui séparent, cultivons le débat et l’écoute à cœur ouvert, sans exclure personne, dans les domaines politique, social et religieux, afin que la contribution de chacun puisse, dans sa particularité concrète, être accueillie positivement dans les processus de changement auxquels notre avenir est lié.
Deuxièmement : l’attention aux plus faibles. Une civilisation se mesure à la manière dont sont traités les plus vulnérables – n’oublions pas que les grandes dictatures, pensons au nazisme, ont écarté les vulnérables, les ont tués, les ont jetés – : les pauvres, les chômeurs, les sans-abris, les immigrés, les exploités, et tous ceux que la culture de l’écartement transforme en déchets. Et c’est là l’une des choses les plus laides. Une politique réellement au service de l’homme ne peut être conditionnée par la finance et les mécanismes du marché. Non. La solidarité, en plus d’être une vertu morale, est une exigence de justice, qui nécessite de corriger les distorsions et de purifier les intentions des systèmes injustes, y compris par des changements radicaux de perspective dans le partage des défis et des ressources entre les hommes et entre les peuples. C’est pourquoi j’aime appeler ceux qui s’engagent dans ce domaine « poètes sociaux », car la poésie est créativité, et il s’agit ici de mettre la créativité au service de la société pour la rendre plus humaine et plus fraternelle. N’ayez pas peur de la poésie, la poésie c’est la créativité. N’oublions pas cette capacité à rêver.
Enfin, la légalité. Ce que nous avons dit jusqu’à présent implique un engagement à lutter contre le fléau de la corruption, de l’abus de pouvoir et de l’illégalité. Seule l’honnêteté permet d’établir des relations saines et de coopérer avec confiance et efficacité à la construction d’un avenir meilleur.
Chers amis, je vous remercie pour votre engagement en faveur du dialogue. Le dialogue est toujours nécessaire, n’ayez pas peur ! Je prie pour vous et vous souhaite sagesse et courage dans votre travail pour un monde plus juste et plus pacifique. Que l’Évangile de Jésus-Christ inspire et éclaire toujours vos recherches et vos actions. Merci.