ROME, Vendredi 15 mai 2009 (ZENIT.org) - Benoît XVI a passé ce matin sa dernière matinée à Jérusalem, avec pour fil directeur « la paix, la paix, la paix » : paix pour Israël, paix pour les Palestiniens, paix entre les chrétiens, paix des religions.
Le pape a célébré a messe en privé ce vendredi matin dans la chapelle de la Délégation apostolique de Jérusalem.
Rencontre œcuménique
Puis Benoît XVI s'est rendu en voiture au siège du patriarcat grec-othodoxe de Jérusalem, pour une rencontre œcuménique.
Le pape Jean-Paul II lui-même s'était rendu au siège du patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem à l'occasion de son pèlerinage jubilaire, le samedi 25 mars 2000. Il avait été reçu par le Patriarche Diodoros.
Benoît XVI a été accueilli par le patriarche Théophile III qui l'a accompagné à la salle du trône où étaient réunies des représentations des communautés chrétiennes de Terre Sainte.
Benoît XVI a redit sa joie d'avoir vu le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, participer en octobre dernier à Rome au synode sur la Parole de Dieu, soulignant que déjà il existe une « communion » entre chrétiens.
Le Christ ne meurt plus
Le pape s'est ensuite rendu au Saint-Sépulcre, pour l'Orient chrétien, la basilique de la résurrection, qui abrite le « Mémorial de l'Anástasis » selon les paroles du pape. Il y a été accueilli par les représentants de l'Eglise grecque orthodoxe, de la Custodie de Terre Sainte, et de l'Eglise arménienne apostolique, responsables du « statu quo » du XIXe s. quant à la répartition des heures et des lieux de culte pour les différentes confessions chrétiennes. Sont également présents en la basilique les Coptes d'Egypte, les Syro-orthodoxes et les Ethiopiens.
Le pape s'est recueilli devant la dalle où la tradition veut que le Christ ait été oint lors de la descente de la Croix. Puis, après une allocution de bienvenue du Custode de Terre Sainte, le P. Pierbattista Pizzaballa, O.F.M., le pape s'est recueilli au tombeau du Christ : il reste la pierre où le Corps du Ressuscité a reposé.
Après une brève allocution du patriarche de Jérusalem des Latins, S. B. Fouad Twal, Benoît XVI a prononcé lui aussi un bref discours, avec cette profession de foi et d'espérance : « Ici, le Christ est mort et ressuscité, pour ne plus jamais mourir. Ici l'histoire de l'humanité a changé de façon décisive ». Le pape a lancé un appel à la pénitence, à la prière et à l'unité, pour un témoignage commun du Christ.
Le pape a eu aussi un moment de recueillement au Golgotha, où la Croix a été plantée, également protégé comme une précieuse relique par la basilique-forteresse.
Les frères arméniens
Puis le pape s'est rendu, également à l'intérieur des remparts de la vieille ville de Jérusalem, dans un autre quartier, arménien. Les murs de Soliman le Magnifique embrassent en effet trois quartiers, le quartier juif et le Mur Occidental, le quartier musulman, et le « quartier chrétien », autour du Saint-Sépulcre, mais aussi un second quartier chrétien : le quartier arménien, en paix derrière un autre mur qui en fait un village fortifié. Un musée y rappelle le génocide arménien perpétré en Turquie au début du XXe siècle.
Le pape a été accueilli à la basilique Saint-Jacques par le patriarche arménien apostolique, S. B. Torkom II Manoukian, qui avait accueilli Jean-Paul II le 26 mars 2000.
Dans son discours, le pape a évoqué « l'illustre histoire de la communauté arménienne de Jérusalem », et son rayonnement dans les domaines de la spiritualité mais aussi de l'éducation et de la culture.
Il a souligné que le dialogue est prometteur pour l'avenir et il a confié espérer que la commission mixte de dialogue théologique travaille « dans la sagesse et la vérité » pour « porter beaucoup de fruit pour l'unité des chrétiens ».
Une atmosphère chaleureuse
C'est par cette rencontre fraternelle que le pape Benoît XVI a conclu son pèlerinage de paix en Terre Sainte. Il s'est ensuite rendu à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv où il a été accueilli, dans une atmosphère chaleureuse, par le président Shimon Peres, le Premier ministre Benjamin Netanyahou, une délégation du gouvernement dont Ehud Barak, qui avait accueilli Jean-Paul II en l'an 2000 en tant que Premier ministre.
Des délégations musulmane et d'autres confessions chrétiennes ont également salué le pape, aux côtés des évêques catholiques de Terre Sainte, les uns s'adressant au pape en français, d'autres en anglais, en italien et en allemand. Lorsqu'on lui adressait quelques mots en arabe, ou en hébreu, le chef du Protocole ou un voisin traduisait pour le pape.
Dans son discours, le président Peres a salué les « efforts » de Benoît XVI pour « construire des ponts de compréhension » et de « dialogue ». Il a confié son « intérêt » et son « respect » et s'est dit touché par ce « pèlerinage de paix » qui frappe « l'imagination », et la volonté du pape de « rechercher la paix et de sécurité dans le monde entier », comme vitale « pour la survie du monde ».
Emu au terme de son discours, la gorge nouée, le président Peres s'est arrêté un moment pour maîtriser son émotion avant d'embrasser le pape. Un geste devenu symbole de l'amitié entre Benoît XVI et le Prix Nobel de la Paix, visible dès leur rencontre au palais présidentiel de Jérusalem où ils ont planté ensemble un olivier, le 11 mai.
La paix, la paix, la paix
Avec des paroles fortes sur le souvenir de l'extermination des juifs pendant la Shoah (le pape a tenu compte du fait que son silence recueilli devant la tragédie évoquée par le mémorial de Yad vaShem n'avait pas été compris), Benoît XVI a invité à ce que ces sombres souvenirs, indélébiles, « fortifient notre détermination pour se rapprocher » et construire « une paix juste et durable », de façon à ce que cette terre devienne une « lumière pour les Nations encore affligées par des conflits dans le monde entier ».
Jeudi, le porte-parole du Vatican, le P. Federico Lombardi, avait déclaré, avant l'entretien de Nazareth avec le Premier ministre israélien Netanyahou que l'objectif de la discussion était : « La paix, la paix, la paix ». Il a souligné combien le pape est «une oreille » pour les deux camps, « un pont » entre les différentes positions.
A l'aéroport, le pape a exprimé cela en se déclarant « ami d'Israël » et en même temps « ami des Palestiniens ».
« Plus jamais de sang versé ! Plus de combats ! Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Brisons plutôt le cercle vicieux de la violence. Qu'advienne une paix durable fondée sur la justice, (...) une réconciliation authentique et la guérison ».
« Que la solution des deux Etats devienne une réalité, ne reste pas un rêve », a conclu le pape, avant d'exprimer de chaleureux remerciements et de prononcer un « Shalom » qui prenait son sens plénier.
Anita S. Bourdin