Une Église « en sortie » avec les pauvres comme « compagnons de voyage » et « évangélisateurs » : c'est l'appel du pape François devant les participants au IVe Congrès missionnaire national promu par la Conférence épiscopale italienne, samedi dernier, 22 novembre 2014, en la salle Paul VI du Vatican.

L'événement était organisé du 20 au 23 novembre à Rome, sur le thème « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne », tiré du livre de Jonas (1,2).

Cette invitation à Jonas, « est aujourd’hui adressée aussi à vous », a souligné le pape : « chaque génération est appelée à être missionnaire » et à annoncer la miséricorde de Dieu qui « change l'histoire des individus et des peuples ».

A la rencontre de la nouveauté

Le pape a exprimé à nouveau son souhait d'une Église « en sortie », une Église qui n'ait « pas peur de rencontrer, de découvrir des nouveautés, de parler de la joie de l’Évangile », « à tous, sans distinction ».

« L'esprit de la missio ad gentes doit devenir l'esprit de la mission de l’Église dans le monde : sortir, écouter le cri des pauvres et de ceux qui sont loin, rencontrer tous et annoncer la joie de l’Évangile », a-t-il ajouté.

Pour le pape, sortir c'est en effet « ne pas rester indifférents à la misère, à la guerre, à la violence des villes, à l’abandon des aînés, à l’anonymat de tant de nécessiteux et à l'éloignement des plus petits ». C'est « dépasser la tentation de rester entre [chrétiens] en oubliant ceux qui attendent une parole de miséricorde, de consolation, d'espérance ».

Sortir, c'est aussi « être ouvrier de paix » : « les missionnaires ne renoncent jamais au rêve de la paix, même dans les difficultés et les persécutions », a-t-il insisté en saluant le témoignage des pasteurs du Moyen-Orient qui « souffrent pour ce qui se passe mais qui sont joyeux au service des gens ».

La mission des enfants

Le pape a appelé « tous les chrétiens, pas seulement quelques-uns », à « s'engager avec passion pour garder vivant l'esprit » de la mission afin qu'advienne « une conversion missionnaire de toute l’Église ».

Même « les enfants » sont appelés à la mission : « dans les œuvres pontificales missionnaires, les petites gestes des enfants éduquent à la mission », a-t-il affirmé en plaidant pour que la catéchèse qui leur est adressée soit « une catéchèse missionnaire ».

Mais les enfants doivent être aussi les bénéficiaires de l'évangélisation : « sortir c'est aussi ne pas tolérer que dans nos villes chrétiennes il y ait tant d'enfants qui ne sachent pas faire le signe de la croix ».

« Ne pas vous laissez pas voler l'espérance et le rêve de changer le monde avec l’Évangile, avec le levain de l’Évangile, en commençant par les périphéries humaines et existentielles », a exhorté le pape en soulignant l'urgence « d'annoncer Jésus et sa révolution spirituelle et humaine ».

Les pauvres, compagnons de voyage

Il a rendu hommage aux Églises particulières qui en Italie « ont tant fait, ont envoyé tant de prêtres, tant de religieuses, tant de laïcs pour la mission » : « Vous avez cela dans le sang !  C'est un don pour l’Église universelle et pour les peuples, une grâce de Dieu. Vous devez la conserver, la faire grandir et la donner en héritage aux nouvelles générations de chrétiens. »

Le pape les a encouragés à « intensifier l'esprit missionnaire et l’enthousiasme de la mission, sans se décourager dans les difficultés, qui me manquent pas » et sans « se laisser prendre par le pessimisme qui risque de priver des hommes et des femmes de l'annonce ».

« Les missionnaires martyrs de la foi et de la charité montrent que la victoire réside seulement dans l'amour et dans une vie dépensée pour le Seigneur et pour le prochain, à partir des pauvres », a-t-il poursuivi.

Les pauvres sont en effet « les compagnons de voyage d'une Église en sortie car ils sont les premiers qu'elle rencontre ». Ils sont aussi « évangélisateurs, car ils indiquent ces périphéries où l’Évangile doit être encore proclamé et vécu ».