ROME, Jeudi 20 novembre 2008 (ZENIT.org) - Près de 30.000 personnes sont attendues le 24 novembre prochain à la cérémonie de béatification de 188 martyrs japonais du XVIIe siècle, qui se déroulera au Big-N Baseball Stadium de Nagasaki.

L'Eucharistie, au cours de laquelle seront portés sur les autels Pierre Kibe et 187 compagnons martyrs, assassinés entre 1603 et 1639, sera présidée par le cardinal Seiichi Peter Shirayanagi, archevêque émérite de Tokyo, en présence du cardinal José Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints et envoyé spécial de Benoît XVI.

Outre la totalité des évêques du Japon, des prélats d'autres pays, notamment de Corée, de Taiwan et des Philippines, sont attendus.

La cérémonie, la première de ce type à avoir lieu sur le sol japonais, a créé une énorme attente dans le pays, particulièrement au sein de la minorité catholique. Pour la circonstance, le diocèse de Nagasaki a fait appel à près de 2.500 volontaires et loué environ 200 autobus. Des équipes médicales ont également été prévues pour l'assistance aux personnes âgées.

Comme l'a expliqué à la revue Catholic Weekly, le coordinateur, le P. Isao Hashimoto, le nombre des participants attendus devrait « dépasser toutes les prévisions initiales » et il a fallu mobiliser l'ensemble du diocèse et mettre sur pied 20 équipes de travail pour parer à toute éventualité.

Quatre paroisses de Nagasaki, y compris la cathédrale, devraient organiser ces jours-là des veillées de prière et proposeront le sacrement de la réconciliation pour les pèlerins qui se rendront dans la ville. A cette fin, des prêtres ont été sollicités dans tout le pays.

Par ailleurs, les différents diocèses s'emploient à faire connaître l'histoire de ces martyrs, pour que tous les catholiques participent à l'évènement. C'est ainsi que dans le diocèse de Tokyo, la messe traditionnelle des enfants célébrée au mois d'octobre, à laquelle participent quelque  40 paroisses, a été dédiée aux nouveaux martyrs, spécialement pour les personnes qui ne pourront pas se déplacer pour la béatification.

Comme l'explique le P. Hashimoto, « un martyr n'est pas quelqu'un qui est à plaindre. Les martyrs ont suivi Jésus pour être parfaits, en faisant le sacrifice de leur vie. Leurs actes ne constituent pas une louange seulement à Dieu, mais également à l'humanité. Je crois qu'ils sont porteurs d'un message puissant pour le monde contemporain ».

Et il ajoute : « J'espère que cet évènement restera gravé dans le coeur de chacun de nous. Il ne faudrait pas qu'il passe comme passe la fièvre d'une nuit, mais il doit être pour nous un stimulant pour changer cette mentalité de repli sur soi, forgée au cours d'une longue période de persécution, et être une Eglise qui ouvre grand ses portes au reste du monde ».

Un long martyre

Le Japon a été évangélisé entre 1549 et 1552 par un saint espagnol saint François Xavier ; quelques décennies plus tard, l'Eglise connaissait une cruelle persécution. Les premiers martyrs, avec à leur tête saint Pablo Miki (crucifiés à Nagasaki en 1597), ont été canonisés en 1862 par Pie IX, tandis que 205 autres étaient béatifiés en 1867.

En 1603, sous le gouvernement de Tokugawa, commençait une terrible persécution contre les chrétiens (ils étaient alors environ 400.000 dans l'ensemble du Japon), qui coûta la vie à des dizaines de milliers d'entre eux. Les martyrs qui seront béatifiés le 24 novembre appartiennent à cette époque, et parmi eux se trouvent 4 prêtres et 184 laïcs, femmes, enfants, samouraïs, esclaves et même des personnes invalides.

Selon la Conférence nationale des évêques du Japon, on dénombre parmi eux 52 fidèles de Kyoto, martyrisés en 1622, et 53 de Yamagata, morts en 1629. Outre les souffrances atroces infligées à Pierre Kibe et à d'autres de ses compagnons jésuites, un des témoignages les plus bouleversants est celui d'une famille entière de Kyoto, celle de Juan Hashimoto Tahyoe et de sa femme Thecla, martyrisés avec leurs enfants le 6 octobre 1619. Les catholiques qui survécurent à la persécution furent contraints de vivre dans la clandestinité durant 250 années, jusqu'à l'arrivée des missionnaires au 19e siècle.

La cause de ces 188 martyrs a été introduite en 1984, après la visite apostolique de Jean-Paul II au pays nippon en 1981.

Dans leur message aux fidèles, les évêques japonais soulignent que « c'est une occasion importante pour l'Eglise du Japon de réfléchir sur la foi des chrétiens qui nous ont précédés il y a 400 ans. Nous avons besoin de développer une foi forte, de placer notre espérance en Dieu en toutes circonstances, et de vivre tous les jours de notre vie dans l'Amour ».

Pour plus d'information: www.cbcj.catholic.jp

Inma Álvarez