Le pape François invite les jeunes à « tout donner » au Christ qui « ne déçoit pas ».
Le pape confie cette invitation à un tweet posté sur son compte @Pontifex_fr, ce vendredi 16 octobre, à la veille du dimanche des Missions, et de la première canonisation ensemble d’un couple, Louis et Zélie Martin, parents de cinq religieuses, et en l'anniversaire de l'élection de Jean-Paul II.
« Chers jeunes, n’ayez pas peur de tout donner. Le Christ ne déçoit jamais », exhorte le pape.
Ce thème que Dieu, Jésus, ne déçoit jamais est un leitmotiv de l’enseignement du pape François, dans le sillage de Benoît XVI. La réponse à cet amour, à cette tendresse ne peut être que le don de soi, en toute confiance.
Moins d’un mois après son élection, il commentait cette expression qui vient de saint Paul, aux Romains, en disant, le 10 avril 2013, dans la lumière de la résurrection du Christ : « Chers frères et sœurs, nous devons les premiers garder cette espérance ferme et nous devons en être un signe visible, clair, lumineux pour tous. Le Seigneur ressuscité est l’espérance qui ne faiblit jamais, qui ne déçoit pas (cf. Rm 5, 5). L’espérance ne déçoit pas. Celle du Seigneur ! »
Il l’a redit aux jeunes lors de la JMJ de Rio de Janeiro, le 25 juillet 2013 : « Toi aussi, cher jeune, tu peux être un témoin joyeux de son amour, un témoin courageux de son Évangile pour porter dans ce monde un peu de lumière. Laisse-toi aimer par Jésus, il est un ami que ne déçoit pas. »
Le lendemain, au Chemin de croix le 26 juillet, le pape reprenait : « Dans la Croix du Christ, il y a tout l’amour de Dieu, il y a son immense Miséricorde. Et c’est un amour auquel nous pouvons nous fier, auquel nous pouvons croire… Ayons confiance en Jésus et remettons-nous totalement à Lui, car Lui ne déçoit jamais personne ! C’est seulement dans le Christ mort et ressuscité que nous trouvons le Salut et la Rédemption. »
C’était encore à l’espérance que le pape associait cette confiance en Dieu, le 4 octobre 2013, lors d’une audience du mercredi : « Notre espérance se fonde sur Dieu qui ne déçoit pas. Elle est forte, sûre et solide. »
Il affirmait la force du baptême, dans une catéchèse du mercredi, le 8 janvier 2014 : « Rappelez-vous : l’espérance dans le Seigneur ne déçoit jamais. C’est grâce au baptême que nous sommes capables de pardonner et d’aimer aussi ceux qui nous offensent et nous font du mal ; que nous réussissons à reconnaître chez les derniers et chez les pauvres la face du Seigneur qui nous rend visite et se fait proche. Le baptême nous aide à reconnaître sur le visage des personnes dans le besoin, chez ceux qui souffrent, également de notre prochain, la face de Jésus. Tout cela est possible grâce à la force du baptême ! »
Il insistait sur cette espérance lors de sa visite à la paroisse du Sacré-Cœur, à Rome, le 20 janvier 2014, justement en s’adressant aux jeunes : « Écoutez bien, vous, les jeunes, qui commencez maintenant votre vie : Jésus ne déçoit jamais. Jamais. » Il ajoutait que « la confiance dans le Seigneur » était « la clé du succès de la vie ».
On retrouve ce thème dans l’introduction de La joie de l’Evangile où c’est la « tendresse » de Dieu qui « ne déçoit pas » : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que "personne n’est exclu de la joie que nous apporte le Seigneur"[1]. Celui qui risque, le Seigneur ne le déçoit pas, et quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : "Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs." Cela nous fait tant de bien de revenir à lui quand nous nous sommes perdus ! J’insiste encore une fois : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde. Celui qui nous a invités à pardonner "soixante-dix fois sept fois" (Mt 18, 22) nous donne l’exemple : il pardonne soixante-dix fois sept fois. Il revient nous charger sur ses épaules une fois après l’autre. Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie. Ne fuyons pas la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, advienne que pourra. Rien ne peut davantage que sa vie qui nous pousse en avant ! »
C’était aussi un leitmotiv de l’enseignement de Benoît XVI, qui parlait aux jeunes, le 9 août 2007, de l’amour du Christ comme de « l'unique amour qui ne déçoit pas et qui ne prend jamais fin ».
Et aussi aux jeunes de la JMJ de Madrid, le 18 août 2012, en disant que Jésus est le « seul Ami qui ne nous déçoit pas et avec qui nous voulons partager le chemin de notre vie ».
Surtout, Benoît XVI le disait dans son homélie de la messe inaugurale de son pontificat, le 24 avril 2005, aux jeunes, justement, et c’est là-dessus qu’il a voulu finir, comme en livrant une clef de son pontificat : « Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. »
Récemment, le 9 juillet 2015, en Bolivie, le pape François disait comme en écho : « La vie est toujours un don, un cadeau qui, placé entre les mains de Dieu, acquiert une force de multiplication. Notre Père n’enlève rien, il multiplie tout. »
Autrement dit, le don de Dieu est premier, dernier, et continuel, et alors, oui, il permet de se donner, à lui et aux autres.
Une anecdote. En 1981, le pèlerinage des étudiants de Paris à Chartres avait pour thème « Le risque du partage ». Au bout de deux jours de marche, de prière et de partage sur le partage, ils arrivent à la cathédrale de Chartres sous des trombes d’eau. Le cardinal Jean-Marie Lustiger secoue le ronronnement de ce pèlerinage très « partageux », en mettant les pendules à l’heure du Christ dans l’eucharistie, et en disant en substance, dans son homélie : « Le partage c’est bien, mais le Christ, lui, n’a pas partagé. Le Christ, lui, s’est donné, tout entier. Il a tout donné. Dans l’eucharistie, il se donne entièrement. Vous êtes, à la suite du Christ, appelés à tout donner, à vous donner, entièrement. »
Il ne déçoit pas. Tout donner. Un dernier mot sur le premier du tweet du pape aux jeunes : « N’ayez pas peur ». C’est aujourd’hui le 16 octobre, l’anniversaire de l’élection de Jean-Paul II. On ne peut pas ne pas rappeler que le « n’ayez pas peur » de l’inauguration du pontificat, le 22 octobre 1978, a traversé comme un prodigieux exorcisme sur le monde plus de vingt-cinq ans de pontificat : « N’ayez pas peur d’accueillir le Christ et d’accepter son pouvoir! »
Mais, quelques jours plus tôt, au soir de son élection, le 16 octobre, de la loggia de Saint-Pierre, il avait lui-même avoué avoir eu peur de dire « oui » en précisant comment il avait sur monté cette peur par la « confiance »: « J’ai eu peur en recevant cette nomination, mais je l’ai fait en esprit d’obéissance à Notre-Seigneur Jésus-Christ et de confiance totale à sa Mère, la Très Sainte Vierge. »