ROME, Dimanche 11 juin 2006 (ZENIT.org) – Le deuxième « Meeting des Anges » promu par l’Association de la Milice de saint Michel Archange, s’est déroulé les 1er et 2 juin à l’abbaye Santa-Maria-la-Nova à Campagna, dans la région de Salerne, en Italie. Il avait pour thème : « Le retour des Anges aujourd’hui. Entre dévotion et mystification ».

Don Marcello Stanzione, auteur de nombreux ouvrages sur les anges et responsable de l’Association qui a promu cette rencontre, a accepté de répondre aux questions de Zenit.

Zenit : Que représentent les anges pour la foi catholique et pourquoi sont-ils aujourd’hui plus l’objet d’intérêt de la part de groupes et mouvements religieux que de chrétiens ?

Don Marcello : Malheureusement la catéchèse sur l’évangélisation a été un peu pauvre sur ce point de la connaissance du monde des anges, si bien que d’autres ont profité du vide qui s’est créé. La doctrine sur Dieu, sur la Sainte Trinité et sur Jésus Christ est centrale en théologie, mais les anges ne sont pas une chose inutile ou superflue, car ils font partie de la révélation de Dieu.

Les anges sont des créatures comme nous, avec une différence ontologique : nous naissons et mourons, les anges ne meurent pas et nous ont été donnés par Dieu pour nous tenir compagnie. Les anges sont un complément important dans la création du corps, ce sont les meilleurs amis des êtres humains. Un théologien a écrit que les anges sont les serviteurs de Dieu et se font serviteurs de ceux qui se font serviteurs de Dieu.

Certains affirment que Jésus Christ étant l’unique médiateur, il n’a pas besoin des anges. En réalité dans les Actes des Apôtres, l’Esprit Saint n’est pas seul présent ; l’histoire de l’Eglise primitive met en évidence le rôle fondamental des anges. Nous pouvons dire que Jésus Christ est l’unique médiateur et que les anges collaborent dans la médiation de Jésus Christ.

La baisse de l’intérêt pour les anges et de la vénération des anges les cinquante dernières années est due à une certaine sécularisation, influencée par une dérive protestante qui critique la vénération de la Vierge, des saints et des anges. Il n’y a pas eu d’évangélisation claire sur la nature et le rôle des anges et il existe une certaine confusion également parmi les catholiques. J’ai écrit et publié différents textes de prière chrétienne adressée aux anges pour éviter que même les catéchistes croient à des textes ambigus qui circulent dans les librairies, ou les utilisent.

Plusieurs de ces textes ambigus sont cités par des revues catholiques sans aucune observation critique : il s’agit d’essais qui se basent sur l’astrologie, sur les 365 degrés du zodiac et qui affirment que tous les cinq degrés il existe un ange protecteur. Par conséquent, celui qui est né dans ces cinq degrés possède tel ange protecteur. Il s’agit d’une espèce de magie blanche.

J’ai rencontré plusieurs personnes engagées dans l’Eglise qui confondaient la dévotion catholique avec ces rites. Il suffit d’ailleurs d’entrer dans une librairie pour trouver dans le rayon « ésotérisme » environ 30-40 titres de textes ésotériques sur les anges. Ceci montre la grande confusion qui règne. Il existe peu d’auteurs catholiques qui écrivent des textes orthodoxes sur les anges.

Zenit : L’intercession des anges auprès de Dieu échappe donc aux catholiques ?

Don Marcello : Le problème est le suivant : il est commode pour certaines personnes d’utiliser les anges pour fausser la relation avec Jésus Christ et avec les institutions ecclésiastiques. De cette manière on fausse aussi le discours des dix commandements et celui de la morale. C’est une religion « bricolée » avec les anges qui servent à faire trouver le petit ami ou la place de parking. On en fait en somme une utilisation très banale, de type magique. L’ange possède en revanche une grande dignité. Même l’ange le plus simple est beaucoup plus intelligent et plus puissant que l’être humain. Il existe une carence évidente dans l’éducation des nouvelles générations à la dévotion et au rapport avec les anges. Je m’occupe de cette question depuis 15 ans, avec l’appréciation et le soutien de mon évêque pour cette œuvre d’éducation.

Zenit : Les anges précèdent la création de l’homme. Comment expliquer le cas de Lucifer ?

Don Marcello : Un débat existe actuellement sur la naissance des anges : certains affirment que les anges ont été créés avant les hommes, d’autres, au même moment que les hommes. L’existence de Lucifer est la preuve que Dieu n’impose pas la foi et ne veut pas être aimé de force mais qu’il laisse la liberté de choisir.

Il faut toutefois préciser qu’il n’y a pas de dualisme, dans le sens que Lucifer n’est pas un antagoniste de Dieu. Lucifer est antagoniste de Michel, car Dieu, qui ne s’est pas abaissé à combattre Lucifer, a envoyé Michel. De nombreuses personnes ont les idées confuses, pensant que Dieu et le diable combattent, mais cela serait injuste car il n’existe aucune comparaison possible entre les deux forces. C’est pour cette raison que ce sont saint Michel et Marie qui combattent les démons. Nous, êtres humains, ne pouvons pas combattre les diables, à moins d’invoquer Marie, saint Michel, les anges et tous ceux qui sont au ciel pour repousser les diables.

Nous vainquons le mal en collaboration avec les anges. Il faut savoir que les anges qui se sont rebellés contre Dieu travaillent assidûment pour notre damnation, mais il ne faut pas se laisser dominer par la peur ou l’agitation. En définitive il faut comprendre que s’ils agissent ainsi c’est parce que Dieu le leur permet pour un projet supérieur. De nombreux saints ont affirmé que l’ange gardien nous a rendu de grands services, mais le diable de plus grands services encore. Car toute personne devient sainte en luttant contre les tentations. Dans notre vie de tous les jours également, nous surmontons toutes les épreuves les plus dures et les plus négatives en grandissant dans la foi.

Zenit : Quel était l’objectif du Congrès ?

Don Marcello : Chaque année, début juin nous organisons une rencontre sur les anges. L’an dernier nous avons approfondi la figure de saint Michel, cette année nous parlons des anges aujourd’hui entre la dévotion et la mystification, l’an prochain nous approfondirons la relation entre les anges et les saints.

Nous voulons ainsi combler une lacune et vaincre le préjugé selon lequel la question des anges n’est pas considérée digne d’un débat théologique. Nous donnons à nos congrès une dimension théologique et surtout pastorale. Au cours du congrès de cette année j’ai présenté l’iconographie de la voie des anges. Il s’agit de 14 stations du Nouveau et de l’Ancien Testament présentant l’ange comme un personnage de la Bible, par exemple l’ange qui libère Pierre de prison, l’ange qui annonce la naissance de Jésus aux bergers de Bethléem, l’ange qui libère Daniel de la fosse aux lions, etc. Ce sont toutes des méditations bibliques et nous sommes dans l’attente d’une reconnaissance comme exercices pieux. Parmi les conférences de cette année, il faut noter celle d’Andrea Menegotto, vice-président du CESNUR, qui a expliqué comment les anges sont instrumentalisés par le New Age, le spiritisme et l’ésotérisme.

Zenit : Est-il plausible et chrétien de penser que chacun de nous a un ange gardien ?

Don Marcello : Celui qui ne croit pas à l’existence de l’ange gardien se place en dehors de la doctrine de la foi. Toute personne a un ange comme bon pasteur. Le Catéchisme de l’Eglise catholique le souligne égaleme nt et le récent Compendium sur le Catéchisme de l’Eglise catholique le répète. On ne peut pas prétendre croire en Dieu, croire à l’Esprit Saint, croire à la Vierge sans croire aux anges. Nous ne voyons pas les anges, mais tout au long de l’histoire de la Bible et de l’Eglise de nombreux saints ont eu des contacts fréquents avec les anges et vécu une relation avec eux. Différents mystiques parlent de cette relation avec les anges.

Les grands saints ont tous une très grande dévotion aux anges gardiens. Le Padre Pio a été par exemple l’un des plus grands divulgateurs de la dévotion aux anges, à notre époque. Il était toujours en contact avec les anges et pour saluer il disait : « saluez pour moi le petit ange ». Il envoyait les fidèles en pèlerinage au Monte Sant’Angelo, à Saint Michel Archange au Gargano et disait toujours à ses fils spirituels « lorsque vous rencontrerez des difficultés, envoyez-moi votre ange gardien car l’ange ne paie pas le billet de train, et n’use pas les semelles des chaussures ». Pour lui, l’ange était une réalité vivante et visible. Je pense que les temps sont mûrs pour introduire des cours sur les anges et les démons dans les Facultés de théologie.