La vieillesse est « un temps de grâce, où le Seigneur renouvelle son appel à garder et transmettre la foi, à prier, spécialement à intercéder, et à être proche de qui en a besoin », affirme le pape François.
Le pape a passé la matinée de ce dimanche ensoleillé avec des dizaines de milliers de seniors venus du monde entier, place Saint-Pierre, à l'initiative du Conseil pontifical pour la famille.
La rencontre, intitulée « La bénédiction de la longue vie », s'est ouverte à 8h30 avec un "Parcours sur la vieillesse en 5 épisodes bibliques, 10 verbes et une histoire à raconter". Puis, aux alentours de 9h20, le pape François a rejoint les participants pour dialoguer avec eux.
Il a remercié particulièrement Benoît XVI de sa présence. Le pape émérite était en effet arrivé aux environs de 9h10 sur la place, souriant, accueilli par des applaudissements chaleureux : « J'ai dit souvent que j'appréciais beaucoup qu'il habite ici au Vatican, pour moi c'est comme avoir un grand-père sage à la maison », a déclaré le pape François.
L'événement s'est déroulé dans une atmosphère festive, mais aussi émouvante, avec alternance de témoignages et d'oeuvres musicales – dont une participation du ténor italien Andrea Bocelli qui a interprété son fameux titre « Con te partiro ».
La violence sur les personnes âgées est inhumaine
Le pape a salué les Irakiens chrétiens réfugiés venus de Karakosh, qui ont témoigné des souffrances des minorités du pays : « Il est très beau que vous soyez venus ici aujourd'hui : c'est un don pour l’Église ».
Assurant de « la proximité, de la prière et de l'aide concrète » de l’Église, il a ajouté : « la violence sur les personnes âgées est inhumaine, comme celle sur les enfants. Mais Dieu ne vous abandonne pas, il est avec vous ! ».
Il a rendu hommage aux Irakiens chrétiens du troisième âge, « mémoire pour leur peuple et pour l’Église » : « ces frères témoignent que même dans les épreuves les plus difficiles, les personnes âgées qui ont la foi sont comme des arbres qui continuent à porter du fruit. »
La vieillesse, un temps de grâce, un temps pour intercéder
Pour le pape, « ceci vaut aussi dans les situations plus ordinaires, où il peut y avoir d'autres tentations et d'autres formes de discrimination » : la vieillesse est en effet « de façon particulière un temps de grâce, où le Seigneur renouvelle son appel à garder et transmettre la foi, à prier, spécialement à intercéder, et à être proche de qui en a besoin ».
Les personnes âgées et grands-parents ont une capacité de « comprendre les situations les plus difficiles : une grande capacité ! Et quand ils prient pour ces situations, leur prière est forte, elle est puissante ! ».
« Cela fait beaucoup de bien d'aller voir un aîné », a souligné le pape : même un jeune « sans entrain et triste » peut devenir « joyeux » après avoir visité une personne âgée.
Bienheureuses les familles qui sont proches de leurs aînés !
Aux grands-parents, qui ont reçu la bénédiction de voir les enfants de leurs enfants (cf. Ps 128,6), revient le devoir de « transmettre l’expérience de la vie, l'histoire d'une famille, d'une communauté, d'un peuple » et « l'héritage le plus précieux : la foi ».
Spirituellement, « le grand-père est deux fois père et la grand-mère est deux fois mère » : le pape a donné l'exemple de l’Albanie, où les grands-parents « ont fait baptiser en cachette leurs petits-enfants », auxquels ont ont transmis la foi, sous le régime communiste.
« Bienheureuses les familles qui sont proches de leurs aînés ! », c'est-il exclamé en soulignant cependant que ces derniers avaient « la responsabilité de garder leurs racines vivantes en eux-mêmes », par « la prière, la lecture de l’Évangile, les œuvres de miséricorde ».
Les maisons de retraite : des maisons, pas des prisons
Mais les personnes âgées n'ont pas toujours de famille pour les accueillir, d'où le bien-fondé des maisons de retraite, « si elles sont vraiment des maisons et non des prisons » et si elles servent les intérêts « des personnes âgées et non de quelqu'un d'autre », a poursuivi le pape.
Il a exprimé sa proximité aux personnes âgées qui vivent en institut et sa gratitude à ceux qui vont leur rendre visite et qui s'en occupent : « il ne doit pas exister d'instituts où les personnes âgées sont oubliées, cachées, négligées ».
Au contraire, les maisons de retraites doivent être « des "poumons" d'humanité dans un pays, dans un quartier, dans une paroisse ; elles doivent être des "sanctuaires" d'humanité où celui qui est vieux et faible est soigné et chéri comme un grand frère ou une grande soeur ».
L'abandon des aînés, une euthanasie cachée
Le pape a dénoncé « la réalité de l'abandon des aînés » qui est « une véritable euthanasie cachée » : « si souvent les personnes âgées sont écartées » à cause « de la culture du rejet » fondée sur « le dieu argent », qui rejette certaines catégories de personnes pour un « soi-disant système économique "équilibré" ».
Les chrétiens sont appelés à « s'opposer à cette culture toxique » avec « imagination et sagesse » car « un peuple qui ne protège pas les aînés et ne les traite pas bien est un peuple sans avenir » : « il perd la mémoire, et se coupe de ses racines ».
« Une des plus belles choses de la vie de famille est de caresser un enfant et de se laisser caresser par un grand-père ou une grand-mère », a conclu le pape.
La matinée s'est poursuivie avec la célébration de la messe, qui s'est conclue par l'angélus dominical. Le pape François a ensuite rencontré la foule en faisant le tour de la place Saint-Pierre dans sa papamobile.
Les participants garderont un cadeau souvenir de cette journée inédite au Vatican : un Evangile selon saint Marc imprimé en gros caractères, qui leur a été distribué.