Avec l'édition 2024, ce sont au total 30 personnalités qui ont été récompensées par le Prix Ratzinger © Fondazione Vaticana Joseph Ratzinger

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Le Vatican décerne le prix Nobel de théologie 

La messe dans les cryptes papales et l’audience avec le pape François en tête

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La journée du 22 novembre avait commencé par une messe à la mémoire de Benoît XVI, célébrée dans les Grottes du Vatican, près de sa tombe, présidée par Mgr Georg Gänswein, nonce apostolique en Lituanie, Estonie et Lettonie.

« Aujourd’hui, en vue de l’ouverture imminente du Jubilé, que le Pape François a placé sous le signe de l’espérance, je voudrais rappeler que la voix de Benoît XVI est l’une des voix fortes de l’espérance qui doit nous accompagner. (…) Dans les temps sombres que nous traversons, Benoît XVI est un maître qui, tout en connaissant la présence du mal et les tragédies des événements historiques, nous aide à lever les yeux et à trouver des bases solides pour continuer à regarder vers l’avant, vers l’unité, la vérité, la beauté, l’amour ». Tel est le passage central du discours prononcé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin dans la soirée du vendredi 22 novembre dans la Sala Regia du Palais apostolique au Vatican, à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix Ratzinger au professeur Cyril O’Regan, professeur de théologie à l’Université de Notre Dame (USA), et au maître sculpteur Etsurō Sotoo, sculpteur (Japon/Espagne).

En introduisant la cérémonie, le père Federico Lombardi, président de la Fondation vaticane Joseph Ratzinger-Benoît XVI, a rappelé que le professeur O’Regan et le maestro Sotoo « sont nés respectivement en Irlande et au Japon : avec eux, les origines des lauréats s’étendent à 18 pays différents, répartis sur les cinq continents ». Le père Lombardi a ajouté que « la présence bienvenue aujourd’hui d’un bon nombre de lauréats des éditions précédentes (les professeurs Beré, Blanco Sarto, Chrostowski, Rowland, Schaller et Schlosser) montre que, dans un certain sens, ils constituent une “communauté”. Une communauté mondiale d’un point de vue géographique, et œcuménique d’un point de vue religieux, qui se reconnaît dans les grands idéaux de Ratzinger-Benedetto : cultiver une « raison ouverte », une intelligence de la recherche et du dialogue, embrassant les disciplines et les arts, faisant de nous des « coopérateurs de la vérité », afin qu’elle puisse nourrir l’esprit, le cœur et la vie ».

Monseigneur Rino Fisichella et le cardinal Gianfranco Ravasi, membres du comité scientifique de la Fondation, ont ensuite présenté les profils des deux lauréats de l’édition 2024, le professeur Cyril O’Regan et le maître Etsurō Sotoo, qui ont ensuite eu l’occasion de s’adresser à l’auditoire.

Après avoir passé en revue les diverses activités que la Fondation promeut, également en collaboration avec diverses universités dans le monde, le père Lombardi a rappelé qu' »avec le temps, nous n’avons pas vraiment l’impression que notre mission touche à sa fin, mais plutôt qu’elle se confirme. De différents pays et continents, nous recevons très souvent des nouvelles de nouvelles initiatives culturelles et académiques, d’instituts, de chaires, de projets de recherche, etc, qui se réfèrent à Joseph Ratzinger-Benoît XVI, à sa pensée et à son œuvre, qui naissent et se développent par leur propre vitalité, mais qui souhaitent et cherchent à entrer en relation les unes avec les autres pour s’enrichir et se soutenir mutuellement, dans la conviction de l’actualité et de la fécondité de l’inspiration de ce grand Pape, en regardant non pas tant le passé que l’avenir de la mission de l’Église et les enjeux de l’humanité ».

Dans le discours qui n’a pas été lu mais qui a été prononcé devant les personnes présentes, le cardinal Parolin a souligné que « nous pouvons reconnaître dans la série déjà longue des figures des vainqueurs une unité et une cohérence qui ne sont pas superficielles. Dans un certain sens, nous pourrions parler de ‘consonance’ avec la pensée, la sensibilité et le témoignage humain et chrétien de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Cette ‘consonance’, nous pouvons et devons la lire également dans l’attribution de ce prix ». « La réflexion et l’enseignement de Ratzinger-Benoît – poursuit le cardinal Parolin – ont couvert un très large éventail de problèmes et de thèmes théologiques et culturels, voire sociaux et politiques, mais il n’a jamais perdu la capacité de les voir et de mettre en évidence leur rapport avec Dieu à travers la recherche de la vérité. En cela, il a démontré son idée que la raison humaine doit toujours rester « ouverte », que chaque discipline ne doit pas s’enfermer dans un positivisme stérile, que les questions sur le sens de la vie, de l’histoire, du monde, restent toujours actuelles, nécessaires, fécondes, nécessaires pour les hommes de tous les temps, de toutes les cultures et de toutes les situations. Et même si je suis convaincu que la réponse ultime à ces questions se trouve dans la vérité révélée dans le Christ, la recherche de cette vérité et sa compréhension plus profonde restent toujours une tâche ouverte et surprenante, sans laquelle la dignité de la personne et de la nature humaine est dégradée et la direction de son chemin est perdue ».

En se centrant sur les profils des deux lauréats, le cardinal Secrétaire d’Etat remarque que « comme le souligne le professeur O’Regan dans plusieurs de ses profonds profils de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, sa voix a toujours été caractérisée par une profonde humilité, par un désir clair d’être la voix non pas de lui-même mais de la tradition de l’Église, au service de la voix du Seigneur Jésus ; sa vision a toujours été centrée sur Dieu, qui se révèle en nous donnant tout ce qui est bon en Jésus-Christ ».

En ce qui concerne le maître Sotoo, le cardinal souligne que « toutes les voix de la création et de l’histoire, en particulier bien sûr les voix de l’histoire du salut, sont celles que l’art nous aide aussi à entendre et à voir. L’art véritable rend la matière transparente à l’esprit. Nous en avons fait l’expérience fascinante dans l’immense tâche de la construction de la Sagrada Família dans tous ses détails, y compris les œuvres du Maître Sotoo. Nous avons entendu sa signification et son inspiration de sa propre bouche. La pierre, apparemment dure et inerte, grâce au travail créatif de l’architecte et du sculpteur, aux efforts de l’artisan et de l’ouvrier, devient une voix vivante de la création de Dieu et une manifestation de sa beauté et de son amour, un espace où l’assemblée de l’Église, elle-même composée de pierres vivantes construites sur le roc qu’est le Christ, rencontre Dieu dans la prière et dans la célébration des sacrements ».

Le cardinal Parolin a ensuite rappelé la devise choisie par l’évêque et le pape Benoît : « Cooperatores Veritatis ». « Cela reste la devise de ceux qui consacrent leur vie à faire briller la vérité sous toutes ses formes, avec l’intelligence, la recherche et l’enseignement, avec le génie et l’effort de l’expression artistique, avec le témoignage de leur service humain et ecclésial. C’est donc la devise qui caractérise aussi la vie et l’œuvre des vainqueurs, et que nous leur confions aujourd’hui pour qu’ils continuent à être des témoins efficaces ».

Enfin, rappelant « son inoubliable encyclique Spe salvi », qui « est entièrement consacrée à l’espérance, aux espoirs humains et à l’espérance chrétienne », le cardinal a noté que Benoît XVI « avec courage et passion, parvient à nous parler du mystère du jugement sur le monde et sur l’histoire à la lumière de la justice et de la miséricorde, en nous encourageant à supporter avec foi et espérance le poids terrible de la haine furieuse et du mal, qui oppriment notre époque et écrasent chaque jour d’innombrables vies humaines autour de nous ». La vision déjà évoquée du Christ Pantocrator, qu’il a contemplé dans la réflexion et la prière jusqu’aux derniers jours de sa vie et en qui il a mis sa confiance, est une vision de grande espérance, pour tous et pour chacun. Lorsque le Christ glorieux ouvre la bouche, il dit : « Ne craignez pas ! Je suis le Premier, le Dernier et le Vivant. J’étais mort, mais maintenant je suis vivant pour toujours et j’ai le pouvoir sur la mort et sur le séjour des morts’ (Ap 1,17-18) ».

« Le pape Benoît – conclut le cardinal – continue à nous accompagner pour que nous puissions nous aussi participer avec lui à sa vision de la foi, de la charité et de l’espérance ».

La journée du 22 novembre a commencé par une messe en mémoire de Benoît XVI, célébrée dans les Grottes du Vatican, près de sa tombe, présidée par Mgr Georg Gänswein, Nonce apostolique en Lituanie, Estonie et Lettonie. Un moment vécu « en profonde union spirituelle avec Benoît XVI – a souligné le père Lombardi – afin qu’il continue à nous accompagner et à nous inspirer sur notre chemin de foi et d’engagement chrétien ».

Les deux lauréats ont ensuite été reçus en audience par le pape François, « pour recevoir – comme l’a expliqué le père Lombardi, qui les accompagnait – sa bénédiction et pour lui témoigner une fois de plus la proximité et la volonté de notre Fondation et de nous tous d’être pleinement insérés dans le chemin de l’Église guidé par lui et d’y contribuer selon notre vocation et notre capacité ».

Outre les membres du Comité scientifique de la Fondation, les cardinaux Kurt Koch, Luis Francisco Ladaria et Gianfranco Ravasi et l’archevêque Rino Fisichella, la cérémonie s’est déroulée en présence, entre autres, du doyen du Collège des cardinaux Giovanni Battista Re, des cardinaux Baldisseri, Fernández Artime, Marchetto, Müller, Roche, Vegliò et de l’évêque Staglianò.

 La cérémonie a été animée par des intermèdes musicaux de l’Ensemble Falconieri (musique ancienne). L’édition 2024 porte à 30 le nombre total de lauréats du prix Ratzinger.

Le Vatican a décerné le prix Nobel de théologie à des personnalités éminentes dans les domaines de la théologie dogmatique ou fondamentale, de l’Écriture Sainte, de la patrologie, de la philosophie, du droit, de la sociologie ou de l’activité artistique, de la musique, de l’architecture et maintenant aussi de la sculpture.

Confirmant l’horizon culturel mondial du prix, les lauréats sont originaires de 18 pays différents sur cinq continents : Allemagne (7), France (4), Espagne (3), Italie (2), Australie, Brésil, Burkina Faso, Canada. Estonie, Japon, Grande-Bretagne, Grèce, Irlande, Liban, Pologne, États-Unis, Afrique du Sud, Suisse. 

Les lauréats ne sont pas seulement des catholiques, mais aussi des membres d’autres confessions chrétiennes (un anglican, un luthérien, deux orthodoxes) et un juif.

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Rédaction

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