Valentina di Giorgio
Ces derniers mois, un profond malais s’est emparé des employés du Vatican, qui s’interrogent sur la véritable nature de leur travail et sur leur sentiment d’appartenance à une communauté qui s’est traditionnellement distinguée par ses valeurs spirituelles et sociales. Loin d’être une simple main-d’œuvre, les employés du Vatican ont longtemps été considérés comme les membres d’une « famille spéciale », où le travail n’est pas seulement un devoir, mais l’expression d’une dignité et d’un service inspirés par la doctrine catholique.
Cependant, la situation a radicalement changé. La mise en œuvre du Motu Proprio « Fidelis dispensator et prudens » a focalisé l’attention du Vatican sur l’efficacité économique, ce qui, bien que nécessaire, a suscité des inquiétudes parmi ses employés. Cette réforme vise à optimiser la gestion financière du Saint-Siège, en la reliant directement à sa mission globale et au bien commun. Cependant, de nombreux employés estiment que cette restructuration sacrifie des principes essentiels, tels que la justice sociale et le respect de la dignité humaine.
Externalisation et privatisation des services qui étaient historiquement gérés en interne
L’un des aspects les plus controversés de cette réforme a été le processus d’externalisation et de privatisation des services qui étaient historiquement gérés en interne. Des domaines tels que le nettoyage, le portage et même la gestion des biens immobiliers ont été confiés à des entreprises externes, ce qui a généré un sentiment de déracinement parmi les travailleurs, qui voient comment la culture d’entreprise commence à éclipser la spiritualité qui définissait autrefois leur environnement de travail.
En outre, le manque de transparence des résultats financiers et l’absence de dialogue avec les employés ont alimenté un climat d’incertitude. Les réductions de prestations, telles que la suspension de l’exercice biennal qui a gravement affecté les pensions et les indemnités, et l’éventuelle réforme des salaires ont suscité une inquiétude croissante. L’Association des travailleurs du Vatican (ADLV) a exprimé son désaccord avec ces mesures, en particulier en l’absence de communication claire de la part des autorités.
L’avenir de cette transformation reste incertain
Le mécontentement s’est manifesté sous diverses formes, dont une récente « action collective » lancée par les employés des musées du Vatican, qui estiment que leurs droits et leur bien-être sont négligés. L’externalisation croissante a été un sujet de préoccupation particulière car, en plus d’affecter directement les travailleurs, elle reflète un changement radical dans la philosophie de gestion du Vatican.
Les employés attendent avec impatience des réponses claires avant l’Assemblée générale du 25 septembre, où ces préoccupations devraient être abordées. Entre-temps, la communauté syndicale du Vatican se trouve à la croisée des chemins, essayant de concilier sa mission spirituelle avec les réalités d’une gestion de plus en plus axée sur des critères économiques. Cette situation soulève une question fondamentale : où le Vatican veut-il en venir avec ces réformes ? La réponse, pour l’instant, reste incertaine, alors que l’inquiétude grandit parmi ceux qui consacrent leur vie au service du Siège apostolique.