Première publication le 25 mars 2025 par l’AED
Le gouvernement du nord du Nigeria a annoncé la fermeture soudaine et sans précédent des écoles pendant le Ramadan. Cette décision, qui affecte des milliers d’élèves, préoccupe fortement l’Eglise.
Mgr Gerald Mamman Musa, de Katsina, a déclaré avoir été « complètement surpris » lorsque les gouverneurs de son État, ainsi que ceux de Kano, Kebbi et Bauchi, ont annoncé la fermeture de toutes les écoles – publiques et privées – pour la durée du mois de jeûne et de croissance spirituelle de l’Islam. S’adressant à l’AED, l’évêque a précisé que cette décision impacte jusqu’à 2 500 élèves dans les huit écoles catholiques de l’État de Katsina, où les élèves, enseignants et parents ont été choqués par cette décision imposée à tous les établissements scolaires.
Cette fermeture prive désormais des centaines de milliers d’élèves de leur scolarité dans les quatre États concernés, une région où le manque d’éducation aggrave le chômage et la pauvreté. « L’annonce de la fermeture des écoles nous a pris complètement par surprise. C’est sans précédent. Nous devons comprendre que l’éducation et les obligations religieuses ne sont pas incompatibles ni mutuellement exclusives. Elles vont de pair. Cette question doit être guidée par la logique, le dialogue et la sagesse. » a déclaré Mgr Musa.
Se rappelant son enfance, il souligne que lui et d’autres enfants de toutes confessions allaient à l’école pendant le Ramadan et d’autres périodes de jeûne religieux. Selon lui, il est donc « inédit » que l’éducation soit ainsi perturbée en ces saisons.

10 millions d’enfants non scolarisés : un triste record
Ses propos font écho à une lettre publique de la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) exprimant leur « profonde inquiétude » face à cette fermeture. Dans cette lettre, les évêques estiment que la décision des gouverneurs porte atteinte au droit à l’éducation, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ils déclarent : « La fermeture prolongée des écoles compromet ce droit et met en péril l’éducation et l’avenir de millions d’enfants nigérians. »
Citant des rapports des Nations Unies, qui indiquent que le Nigeria a le plus grand nombre d’enfants non scolarisés au monde – plus de 10 millions –, le communiqué insiste :
« Nous sommes particulièrement préoccupés par l’impact de cette décision sur le taux déjà alarmant d’enfants déscolarisés. »
Signée par l’archevêque Mgr Lucius Ugorji d’Owerri, président de la CBCN, et par l’archevêque Mgr Donatus Ogun d’Uromi, vice-président, le document souligne que cette fermeture « soulève de sérieuses questions sur la nature laïque de notre pays et les droits de tous les citoyens ».
Les évêques concluent : « Nous exhortons les gouverneurs des États concernés à reconsidérer cette décision et à explorer des alternatives respectant les droits et libertés de tous les citoyens. »
Cette décision intervient alors que le pays traverse une crise sécuritaire sans précédent avec de nombreuses enlèvements de prêtres et religieux.
John Pontifex