Membre de la société Jean-Marie Vianney à Ars, le P. Gaspard Craplet a reçu, depuis 8 ans, un ministère assez original. Âgé de 49 ans, ce prêtre sportif emmène presque toute l’année des jeunes en montagne, notamment par les camps « Spi & cimes ».
En montagne, le P. Craplet offre la possibilité aux ados et aux grands jeunes de vivre pleinement l’effort physique, d’avoir une vie fraternelle forte, de se former et de prier, et d’être ainsi plus disponibles pour rencontrer, « dans les hauteurs », le véritable Ami.
Zenit : Comment est venue l’idée d’amener les jeunes en montagne, et comment s’articule votre mission ?
P. Gaspard Craplet : J’étais auparavant formateur au séminaire d’Ars et j’y suis toujours professeur, puisque c’est là que je vis en fraternité avec les autres prêtres. Quand on m’a demandé d’aller m’occuper des jeunes il y a huit ans, je n’étais pas très partant : c’est complexe de s’occuper des jeunes ! Ce sont mes supérieurs qui ont discerné qu’il y avait cette capacité en moi, et je n’y ai pas vraiment cru. Aujourd’hui, je m’aperçois qu’ils avaient raison, même si j’ai eu deux ou trois années difficiles.
J’ai donc passé un diplôme pour les emmener en montagne, parce que c’est plus facile de s’en occuper lorsqu’il y a un projet de sport et de dépassement. Là, ils sont motivés pour venir. En montagne, tout est simple, l’aire de jeux est là. Les règles sont posées d’office au niveau de la sécurité ; le cadre est très clair, et cela aide les jeunes.
Je pars en camp pendant les vacances scolaires, toutes zones confondues. Le week-end, je suis aussi en montagne avec des groupes de jeunes, des scouts ou j’organise des week-ends père-fils. La semaine, je donne des cours à Ars le mardi, et je suis prêtre référent aux collèges et lycées des Foyers de Charité à Châteauneuf-de-Galaure les mercredis, jeudis et vendredis.
Zenit : Quels enseignements tirez-vous de ces huit années d’expérience en montagne avec eux ?
P. G. Craplet : Ce qui marche avec les jeunes, ce sont des sessions, des camps ou des weekends : il leur faut quelque chose de fort. Là, le fait qu’on parte en montagne, qu’on quitte son confort, qu’on vive avec d’autres, permet le dépassement de soi. Alors le cœur peut s’ouvrir. La montagne est un lieu vraiment propice pour se faire de bons amis, et pour rencontrer « le vrai ami », qui est Dieu lui-même. Voir qu’on peut vivre avec lui.
Je propose aux jeunes « trois sommets » pendant les camps : le dépassement de soi au niveau physique, le côté fraternel – on prend soin les uns des autres – et un niveau spirituel un peu engagé. Aujourd’hui, il faut prendre des moyens si on veut réussir à faire quelque chose. En fait, une rencontre du Seigneur, c’est la suite d’un exercice, il faut ouvrir son cœur. Saint Ignace de Loyola parle des exercices spirituels, et saint Paul aussi : « On fait un exercice. » Tout cela n’est pas si évident.
Les jeunes vivent donc du très physique, mais aussi du très spirituel. Cela va ensemble. Pendant les camps, on est avec le Seigneur réellement : la messe est célébrée chaque jour, il y a des offices et des vrais temps de méditation, des enseignements. Et finalement, les jeunes reviennent !
Zenit : Partez-vous tout seul avec les jeunes en montagne ?
P. G. Craplet : Non, d’abord c’est interdit, et ensuite ce serait très mauvais. Je fais partie d’une équipe ! J’ai toujours des personnes diplômées BAFA qui m’accompagnent, et éventuellement un autre professionnel. J’ai un prêtre adjoint, je rends compte des activités au conseil d’administration ainsi qu’à ma société de prêtres. J’ai une équipe de conseil composée de seniors – assureurs, avocats, gendarmes etc-, et je travaille au quotidien avec un comité exécutif : secrétariat, matériel, communication, qualité, gestion des nombreux directeurs et animateurs de camps.
Zenit : Vous avez 180 000 abonnés sur les réseaux sociaux. Comment est venue l’idée des vidéos ?
P. G. Craplet : Les jeunes m’ont demandé de me mettre aux réseaux sociaux, il y a deux ans, pour faire des petites catéchèses. J’étais un peu contre au départ. Puis, on a trouvé cette idée de commencer avec les beaux paysages de montagne, et de demander à un jeune de m’interviewer à chaque fois, ce qui permet de garder une certaine distance.
Comme cela a bien marché, mes supérieurs m’ont dit que c’était une mission auprès des jeunes. Dans ces vidéos, le but est de faire des enseignements en une minute. Au début, je faisais des vidéos plus courtes, et c’est un de mes neveux qui m’a dit : « Je regarderai tes vidéos le jour où elles auront un peu de fond ! »
Zenit : Le réalisateur de « Sacerdoce » a filmé vos camps en montagne. Comment avez-vous vécu ce témoignage public de votre vie de prêtre ?
P. G. Craplet : J’ai trouvé que l’idée du réalisateur était très bonne. Il voulait montrer le Christ à travers les prêtres, montrer ce que nous vivons au quotidien, et qui est trop peu connu. Il cherchait de l’authenticité, et j’ai trouvé cela beau. Mais être dans un film a été un peu compliqué pour moi. Cela m’a demandé un exercice spirituel très fort, un peu comme une retraite. J’ai dû lâcher prise, ouvrir mon cœur et faire confiance.
L’idée du film était également de faire redescendre le prêtre de son piédestal, et cela a été fait de façon brillante. Ce qui fait que finalement, on aime les prêtres ! On reconnaît que ce sont des pauvres types que le Seigneur a appelés, mais avec lesquels il veut faire des merveilles !
Zenit : Vous avez écrit un livre « Joie de la confession », sorti le 25 juin dernier. Pourquoi la confession ?
P. G. Craplet : Pour moi, l’important est qu’on puisse se rapprocher du Seigneur. Et pendant un camp, c’est beau de pouvoir proposer cette démarche de confession. Saint Jean-Marie Vianney avait également cette grande estime de l’Eucharistie, et de la confession pour se préparer à l’Eucharistie. J’ai bien vu que les jeunes ont du mal à se confesser, comme tout le monde en fait.
Du coup, j’ai développé deux petits enseignements, que je donne à chaque fois en début de camp – le premier jour et le deuxième jour – pour les encourager à la confession. Et j’ai ensuite essayé de mettre par écrit ces conseils dans ce petit livre, après avoir remarqué qu’après ces petits topos, j’ai beaucoup de confessions. C’était l’idée du livre.
Zenit : Un dernier mot pour les lecteurs de Zenit ?
P. G. Craplet : Ce qui est important pour moi, c’est le fait qu’on soit dans l’espérance. Car on est dans un monde aujourd’hui qui déprime un peu. Soyons dans l’espérance, car Dieu « gère » ! Les jeunes que je rencontre sont remarquables. Restons enthousiastes. Le Christ a dit dans le livre de l’Apocalypse : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ». Le Seigneur prépare, parmi les jeunes d’aujourd’hui, des saints qui vont booster l’Église de demain !