VERA GRITA
Une Mystique de l’Eucharistie
dans la grande crise de 1968
François-Marie Léthel ocd
Vera Grita (1923-1969) est une humble laïque consacrée dont la Cause de Béatification vient d’être ouverte à Savone. Coopératrice salésienne, elle était institutrice d’école primaire dans l’enseignement public. Ses écrits spirituels ont été récemment publiés en italien par la famille Salésienne en deux volumes (Ed. Elledici, Torino, 2017 et 2018). Le premier volume intitulé Portami con te! (« Porte-moi avec toi ») contient le texte complet de ses 13 livrets écrits entre septembre 1967 et novembre 1969. Le second volume intitulé Vera Grita: Una mistica dell’Eucaristia contient ses lettres et celles des prêtres salésiens Don Bocchi, Don Borra et Don Zucconi qui l’ont accompagnée spirituellement pendant cette même période. Grâce à tous ces textes, nous pouvons entrer dans l’âme de Vera, dans son écoute de la Voix de Jésus et dans son dialogue avec ces trois prêtres. On découvre alors que cette « petite institutrice (maestrina) de Savone » est réellement maîtresse d’une grande spiritualité eucharistique et mariale, sacerdotale et missionnaire pour l’Église d’aujourd’hui et de demain.
1 / Interprétation « eucharistique » de la spiritualité de Vera, dans son contexte historique et à la lumière des saints anciens et nouveaux
Je prendrai comme clef interprétative l’Eucharistie en tant qu’elle réunit le passé, le présent et l’avenir dans la vie de l’Église en Pèlerinage. Saint Thomas d’Aquin en parle dans sa Somme Théologique, (III q 73 arts 4), et dans son antienne écrite pour l’Office du Saint Sacrement: O Sacrum Convivium in quo Christus sumitur, recolitur memoria Passionis eius, mens impletur gratia et futurae gloriae pignus datur (« O saint banquet dans lequel le Christ est reçu, la mémoire de sa Passion est rappelée, l’âme est remplie de la grâce, et le gage de la gloire future est donné »).
Avec cette clef, il convient considérer l’expérience et le témoignage de Vera dans son contexte ecclésial des années 1967-1969, et ensuite l’interpréter à la lumière du passé et de l’avenir, en l’insérant dans le cheminement eucharistique de l’Église représenté par les saints et les saintes qui ont vécu avant elle et après elle.
D’abord il est important de rappeler le contexte ecclésial de l’expérience mystique de Vera dans les deux dernières années de sa vie qui sont aussi les plus caractéristiques de la grande crise de l’Église après le Concile Vatican II. C’est une très profonde crise de la foi, et c’est pourquoi le saint Pape Paul VI a ouvert une année de la foi qui se termine le 30 juin 1968 avec son grand Credo du Peuple de Dieu où est réaffirmée toute la foi catholique, spécialement les vérités alors refusées concernant l’Eucharistie, la Vierge Marie et l’Église (en particulier la primauté du Pape et le sacerdoce ministériel).
En mai 1968 la contestation a explosé à l’intérieur de l’Église contre le Pape et son Magistère. Elle sera suivie par la contestation de l’Encyclique Humanae Vitae. La « révolution sexuelle » a sans doute été la plus destructive pour les familles, pour les jeunes, et aussi pour les prêtres et consacrés, avec ces blessures terribles qui restent ouvertes aujourd’hui et qui apparaissent dans les nombreux scandales. Quand on perd l’amour de Jésus Eucharistie, de Marie et du Pape (les « trois blancheurs » de Don Bosco), c’est toute l’existence catholique qui se dissout. Ainsi, pendant ces années, de très nombreux prêtres, religieux et religieuses ont perdu leur vocation.
Vera vit intensément cette Passion de l’Église dans une communion très profonde avec saint Paul VI qui est le principal destinataire de ses écrits où elle donne un splendide témoignage de foi, d’espérance et d’amour au coeur des plus grandes souffrances physiques et spirituelles, avec une forte parole d’encouragement et de consolation et cette nouvelle proposition spirituelle des Tabernacles Vivants.
Pour bien comprendre une telle proposition, il faut la considérer à la lumière des saints antérieurs et postérieurs à elle. Ainsi, il faut situer Vera dans cette « ronde des saints » peinte par le bienheureux Fra Angelico où les saints et les anges se donnent la main et nous donnent la main sur notre chemin de sainteté.
Vera apparaît alors comme une des grandes mystiques de l’Eucharistie, de ces saintes « femmes eucharistiques » qui avec Marie ont aidé toute l’Église à grandir dans l’amour de ce merveilleux et inépuisable Sacrement du Corps et du Sang de Jésus.
C’est le même « prophétisme féminin » de sainte Julienne de Cornillon qui avait poussé l’évêque de Liège à instituer pour la première fois la fête du Saint Sacrement dans son diocèse au XIIIème siècle. Plus tard, après la mort de Julienne, Urbain IV en fera une solennité pour l’Église universelle, en demandant à saint Thomas d’Aquin d’en écrire l’Office liturgique. Le même Pape avait personnellement connu la sainte quand il était archidiacre de Liège (cf. la catéchèse de Benoît XVI sur sainte Julienne du 17 novembre 2010). Mais il faut souligner que cette humble femme avait précédé tous ces grands hommes!
Au XIVème siècle Sainte Catherine de Sienne ramènera l’Église, alors si blessée par le péché des ecclésiastiques, à son vivant centre de sainteté qui est le Corps et le Sang de Jésus. Avec sept siècles d’avance, elle vivra déjà la communion quotidienne.
A la fin du XIXe siècle, Sainte Thérèse de Lisieux vivra dans une nouvelle profondeur la « mystique du sacrement », supérieure à tous les phénomènes mystiques qui sont heureusement absents dans son expérience (cf. Deus Caritas est, n. 13-14). Pour elle, c’est le Sacrement de l’Amour Miséricordieux de Jésus qui ne veut pas rester dans le froid tabernacle de pierre, mais qui désire chaque jour venir dans le tabernacle vivant de notre coeur pour s’unir intimement à nous. Son désir de la communion quotidienne, non réalisé pendant sa vie, sera définitivement confirmé par saint Pie X en 1905. Mais déjà sainte Gemma Galgani (morte en 1903) pouvait communier tous les jours et cette communion quotidienne était le centre de gravité de toute sa vie mystique.
Après la « petite Thérèse » et la « pauvre Gemma », l’humble Vera est comme la dernière et plus récente soeur de toutes ces saintes, dans la même grande dynamique de la spiritualité eucharistique de l’Église qui est une dynamique de proximité, de confiance et d’amour. La demande de Vera à Paul VI pour les Tabernacles Vivants était comme une impulsion prophétique pour faire encore un nouveau pas sur le même chemin, dans la même direction, non réalisable sur le moment, mais progressivement dans l’avenir.
En effet, peu de temps après la mort de Vera, un saint Pasteur de l’Église, le Vénérable Cardinal Vietnamien François-Xavier Nguyen Van Thuân offrira une éclatante vérification de toute la spiritualité des Tabernacles Vivants. Nommé évêque par Paul VI en 1967, Mgr Van Thuân a été arrêté le 15 août 1975 et il est resté 13 ans dans les prisons communistes jusqu’à la sa libération le 21 novembre 1988. Saint Jean-Paul II l’a invité à prêcher la retraite pour la Curie Romaine en 2000 sur le thème de l’espérance, avant de le créer cardinal. Il est mort à Rome en 2002. Notre Pape François a reconnu ses vertus héroïques en 2017.
Disciple de Thérèse de Lisieux et de Louis-Marie de Montfort, Mgr Van Thuân était proche de Chiara Lubich et du Mouvement des Focolari. Il ne pouvait pas connaître la spiritualité eucharistique de Vera, mais il la confirme totalement et d’une certaine manière la « réinvente » avec toute son autorité d’Evêque et maintenant de Vénérable!
En effet, dans ses textes écrits en prison et après sa libération et dans les témoignages réunis dans la Positio pour sa béatification, on est frappé par sa manière de vivre l’eucharistie quotidienne dans toutes ses dimensions de célébration, communion, adoration et évangélisation et ceci dans des conditions extrêmes de souffrance, de pauvreté et de petitesse évangélique, dans la kénose de l’Incarnation et de la Croix.
Pendant les 9 ans d’isolement, il célébrait la Messe chaque jour avec trois gouttes de vin dans la paume d’une main et un fragment d’hostie dans l’autre. N’ayant pas une chapelle avec le tabernacle, il portait continuellement l’hostie consacrée dans la poche de sa chemise pour pouvoir vivre toujours l’adoration eucharistique, en disant à Jésus: « Je te porte avec moi jour et nuit »! Pour un autre prêtre prisonnier, il avait fabriqué une bague en fer blanc qui était un « mini-tabernacle », pour qu’il garde toujours avec lui Jésus Eucharistie. Aux autres prisonniers catholiques il donnait la communion et il leur laissait la présence du Très saint Sacrement dans des paquets de cigarettes. Avec Jésus Eucharistie toujours présent sur lui, il pouvait vivre jusqu’au bout l’amour des ennemis, surtout envers ses gardiens, ces durs policiers communistes qui progressivement devenaient ses amis.
Mais là encore ce saint Pasteur de l’Eglise avait été précédé par une humble laïque qui avait prophétisé tout ce qu’il allait vivre!
2 / Les Livrets de Vera: Forme littéraire et contenu doctrinal
Par obéissance à son Père Spirituel, Don Gabriello Zucconi, Vera écrit ces 13 précieux Livrets (entièrement publiés dans le volume intitulé Portami con te) Nous devons d’abord considérer la forme littéraire de ces écrits, et ensuite leurs principaux contenus doctrinaux.
– Ecoute et traduction de la Voix intérieure de Jésus
Depuis le premier texte, écrit le 19 septembre 1967, jusqu’au dernier, écrit le 9 novembre 1969, c’est une continuelle écoute de la Voix intérieure de Jésus parlant à la première Personne. C’est là une modalité classique de l’expérience mystique, qui a son fondement dans l’Écriture Sainte, quand Dieu parle à son Peuple par les Prophètes dans l’Ancien Testament, et par son Fils Unique Jésus dans les Évangiles et tout le Nouveau Testament (cf. He 1, 1-3).
Dans l’expérience mystique des saints, on trouve de nombreux exemples d’une telle forme, comme les Révélations de sainte Brigitte de Suède, le Dialogue de sainte Catherine de Sienne, les Voix de sainte Jeanne d’Arc. C’est une modalité de l’expérience mystique et aussi un genre littéraire. Ainsi, je préfère employer les expressions: « Vera écoute » et « Vera écrit », plutôt que « Jésus dit ». En tous ces textes en effet, Vera écoute la voix intérieure de Jésus et certaines fois de la Vierge Marie, mais elle-même parle très peu.
C’est donc plus une écoute qu’un dialogue. Et c’est très beau! L’expérience mystique de Vera est donc une pure et continuelle écoute de la Voix de Jésus disant toujours tout son Amour pour l’Église, pour les prêtres, pour les fidèles, pour les pécheurs, pour tous les hommes. Le climat spirituel rappelle le « Second Isaïe », c’est-à-dire les chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe, livre de la Consolation de l’Israël, au moment le plus dramatique de l’Exil. Les livrets de Vera sont comme un livre de la Consolation de l’Église en un moment de grande épreuve, surtout pour les prêtres davantage éprouvés et tentés.
Pour caractériser ce genre d’expression de l’expérience mystique, on parle de « révélations privées » ou de « locutions ». Pour ma part, j’utilise plutôt l’expression Ecoute et je préfère indiquer les textes de Vera avec le simple mot Ecrits (plutôt que Messages).
En examinant les contenus, nous verrons qu’ils contiennent en vérité les paroles d’amour et de consolation que Jésus Sauveur adresse continuellement à son Église en Pèlerinage, en écho e commentaire de son Evangile. Toutefois il est important de ne pas absolutiser cette modalité, comme si elle était supérieure aux autres. Ainsi, Thérèse de Lisieux affirme qu’elle n’a jamais entendu Jésus lui parler (cf. Ms A, 83v). Sa très haute expérience mystique est en pure foi, espérance et amour, sans aucun phénomène mystique: ni locutions, ni visions. Mais elle aussi écoute continuellement la Voix intérieure de Jésus dans l’Évangile vécu et « respiré » dans la prière! Jésus parle à Thérèse avec une modalité différente, et pas moins qu’à Vera, et c’est la même voix d’Amour et de Miséricorde! Il est donc important ne pas prendre trop à la lettre certaines expressions de Vera, comme celle d’une « dictée » de la part de Jésus. C’est le langage typique d’une institutrice!
Benoît XVI, le Pape théologien, a très bien expliqué cela à propos des voyants de Fatima. La vraie impulsion surnaturelle qui vient de Jésus et de Marie est reçue et exprimée par une personne conditionnée par sa culture et sa sensibilité. Il faut remarquer à ce propos que Vera est typiquement une mystique italienne s’exprimant avec une surabondance de paroles, comme sainte Catherine de Sienne. Au contraire, sainte Jeanne d’Arc et sainte Thérèse de Lisieux sont le parfait exemple de mystiques françaises plus synthétiques, s’exprimant brièvement avec peu de mots. Toutes écoutent la même Voix de Jésus, qui s’adapte à chacune!
Ce « fleuve de mots » est une eau pure et limpide! Simple et clair, le langage mystique de Vera est d’une grande beauté. On y remarque particulièrement l’usage de nombreux verbes, par exemple dans le grand Ecrit du 11 juin 1968 adressé à Paul VI. Par les Tabernacles Vivants, Jésus désire « rejoindre toutes les âmes, les approcher et les toucher au fond de leur coeur ». Marie est « la maîtresse » qui « enseignera au fond du coeur comment aimer, adorer, porter et donner Jésus ».
Comme Thérèse de Lisieux, Vera est une femme très intelligente, avec une grande capacité d’écrire de manière simple, claire et chaleureuse, imagée et symbolique. La grande intelligence de Vera traduit merveilleusement la Voix intérieure de Jésus!
– Les principaux contenus doctrinaux
Les contenus doctrinaux de ces Ecrits sont très importants, d’une grande richesse théologique et spirituelle, fondés sur le dogme eucharistique en toutes ses dimensions de sacrifice, communion, adoration et dans une dynamique profondément missionnaire.
Ils sont synthétisés de façon splendide dans ce long Ecrit du 11 juin 1968 adressé à Paul VI, dans les derniers jours de l’Année de la Foi, qui est aussi devenue l’année de la grande crise de la foi et de la morale catholique, avec l’explosion de la contestation en ce fameux « mai 68 »! Ce texte prophétique de Vera précède de trois semaines le plus grand texte doctrinal de Paul VI qui est son Credo du Peuple de Dieu proclamé solennellement dans l’homélie du 30 juin pour conclure l’année de la foi.
Dans ce grand texte de Vera, comme en nombreux autres, la même parole de Jésus est citée plusieurs fois: « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). Nous en trouvons un très beau commentaire dans la première partie du texte:
Je viens porter une nouvelle « voie » d’amour sur la terre, pour les hommes qui m’attendent et qui m’aiment: Voie fondée sur la Vérité qui est ma Réalité divine et humaine dans la Présence Eucharistique; Voie qui portera la Vie de Grâce à beaucoup d’âmes éloignées de Moi. Ma Voie est dans la Vérité et elle donne la Vie. Cette Voie, c’est moi, Jésus Eucharistie.
Ici, Vera il traduit de manière géniale la Voix de Jésus dans l’Evangile!
Même si Thérèse de Lisieux n’est pas citée explicitement, les grands contenus sont les mêmes, avec la même compréhension profonde de l’amour Miséricordieux de Jésus, Créateur et Sauveur de tous les hommes. Selon les mots de Thérèse, ce sont « les abîmes d’amour et de Miséricorde du Coeur de Jésus ». En peu de mots, la jeune française, affirme qu’elle est venue au Carmel « pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres » (Ms A, 69v). Dans les textes de Vera comme en ceux de Thérèse, on voit la même passion pour le salut de toutes les âmes, la même confiance illimitée dans la Miséricorde Infinie de Jésus pour le salut des plus lointains, des plus pécheurs, le même désir de les atteindre à travers la prière dans le même rayonnement de l’Eucharistie, Thérèse dans la clôture, Vera au milieu du monde.
Dans leurs textes, nous trouvons la même splendide spiritualité sacerdotale, centrée sur l’amour de Jésus dans l’eucharistie avec la même dynamique missionnaire, pour évangéliser « par attraction »! Pour les prêtres, ce sont les mêmes paroles de consolation et d’encouragement et jamais de condamnation. Les « prêtres tombés » sont toujours aimés par Jésus, que ce soit le P. Loyson au temps de Thérèse, ou tous ces prêtres qui ont abandonné le ministère dans la grande crise post-conciliaire au temps de Vera et de Paul VI.
Dans les textes de Vera, on remarque encore un appel très fort à la fraternité sacerdotale, à l’union des prêtres dans la charité, entre « conservateurs » et « modernes », et aussi une compréhension profonde du rapport entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce baptismal. Dans cette perspective, la spiritualité des Tabernacles Vivants est un heureux dépassement de toute forme de cléricalisme dans l’Amour de Jésus Eucharistie. Les prêtres sont les ministres de l’eucharistie, c’est-à-dire des serviteurs qui ont la mission unique de donner Jésus Eucharistie aux fidèles, et non pas des propriétaires et des patrons. Après la mort de Vera, Paul VI instituera les ministres extraordinaires de l’Eucharistie qui permettra aux fidèles, hommes et femmes, de porter et de donner Jésus Eucharistie à leurs frères, aux malades et aux personnes âgées.
Parmi les contenus doctrinaux des Ecrits de Vera, un point important concerne la permanence de la présence eucharistique dans les fidèles après la communion, contrairement à une opinion très répandue dans l’Église (et même partagée par des saints) selon laquelle cette présence de Jésus Eucharistie ne durerait que quelques minutes après la communion, disparaissant quand les espèces du pain se sont dissoutes dans le corps. Cette conception erronée d’une présence fugitive est en contradiction avec les paroles de Jésus dans l’Évangile: « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure (menei) en moi et moi en lui » (Jn 6, 56).
Déjà sainte Thérèse de Lisieux s’opposait à cette conception quand elle disait à Jésus: « Ah, je ne peux pas recevoir la Sainte Communion aussi souvent que je le désire, mais, Seigneur, n’êtes-vous pas Tout-Puissant?… Restez en moi, comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre ta petite hostie »! (Acte d’offrande à l’amour Miséricordieux). Elle ne demandait sûrement pas un miracle de permanence des Saintes Espèces dans son corps (comme l’ont imaginé quelques soeurs), mais elle exprimait simplement cette vérité théologique d’une permanence de la présence eucharistique dans les fidèles après la communion.
La même vérité a été exprimée de manière splendide par Vera, qui ne se réfère pas à une grâce extraordinaire donnée à quelques saints (comme par exemple saint Antoine-Marie Claret) mais à un effet normal de la communion qui permet à chaque fidèle d’être déjà un vrai Tabernacle Vivant. Ecoutant toujours la voix intérieure de Jésus, elle écrit le 22 décembre 1967:
Souvenez-vous de moi, de ma Présence Eucharistique dans votre âme. Soyez mes Tabernacle vivants, et faites-moi aller à la rencontre des âmes de vos frères. Tenez-moi présent en vous, dans toute ma réalité divine et humaine; ensuite, parlez-moi, rendez-moi participant de vous et de toutes vos affaires; conversez avec moi, oui, avec moi, Jésus (…). Je descends pour dialoguer avec l’âme qui me fait de la place. Cette âme m’aura toujours, et chaque jour je renouvellerai en elle ma Présence Eucharistique, je l’augmenterai à travers la Sainte Communion. Si l’âme est participante de moi, de tout moi-même, moi aussi je désire ardemment être participant d’elle, pour qu’il n’y ait pas deux êtres séparés, le Créateur et la créature, ou seulement unis pour peu d’instants, mais un seul Être, une seule Âme.
Cette union permanente avec Jésus Eucharistie est vécue avec Marie et en Marie appelée « Tabernacle d’or » par saint Jean Bosco et « Tabernacle Vivant » par saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Dans les Écrits de Vera, on trouve une référence essentielle à ces deux saints, pour mettre en évidence la composante mariale de cette spiritualité eucharistique, avec la typique expression montfortaine de l’esclavage d’Amour. Nous pouvons citer à ce propos le très bel Ecrit du 18 avril 1969:
Je suis Jésus Eucharistie. Je parle à partir d’un nouveau et misérable Tabernacle. Je voudrais qu’il devienne partie de moi en se donnant donnant totalement à ma Mère. Elle est le Tabernacle d’or capable de me porter. Porte ton âme, porte ton coeur, porte ce tabernacle à Marie. Elle te recevra dans mon amour, dans l’amour de son Fils, Jésus. Elle, ta Mère et ma Mère, remédiera, suppléera, purifiera, et avec son pur amour elle préparera mon Nid eucharistique. En Elle tu viendras à moi, en elle tu me porteras, et moi, Jésus je me laisserai bercer par la plus douce des mères: ma Mère, Marie toujours Vierge. Plus Marie vivra dans ce Tabernacle Vivant, plus je serai aimé, loué et glorifié.
Si tu m’aimes, Vera de Jésus, deviens l’esclave d’amour de ma Mère. Elle pourra et elle saura être pour toi mère, maîtresse et reine de ton âme, de ta vie terrestre. Fais que mon Oeuvre porte le nom de Marie Très sainte. Fais que je vive dans mon Oeuvre avec Elle, l’Immaculée Conception. Chaque âme, Temple de l’Esprit Saint, peut avoir Marie Très sainte comme Tabernacle pur et agréable à Dieu, si cette âme devient son humble servante d’amour. Alors je reposerai comme un enfant entre les bras de ma Mère. A tout ceci tu arriveras par ma grande Grâce, par la souffrance vécue, par l’amour filial envers Celle qui t’a tant aimée et qui t’aime tant.
Maintenant elle te voit, maintenant elle te regarde, maintenant elle t’assiste plus encore que dans le passé. Recueille toutes tes forces et mets-les à son service: Elle les gouvernera et les conduira au Ciel. Le tabernacle sera saint, il sera agréable à Dieu dans ce Tabernacle pur et radieux qui accueillit le Verbe. Maintenant je suis en toi dans la Parole gardée par ma Mère. Je désire qu’elle soit toujours gardée par la Source de toute grâce pour que toujours par elle, moi, Jésus Verbe Incarné, je me donne au monde. Vis la vie d’amour et d’union avec ma Mère et tu vivras de moi et pour moi; annule-toi dans le Tabernacle d’or qui est ma Mère et tu sauras me garder.
Vera développe ici de manière splendide la dimension eucharistique qui est le sommet de la spiritualité montfortaine (cf. la finale eucharistique du Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge, n 266-273, où se trouve la meilleure expression du Totus Tuus, continuellement recopié et « respiré par saint Jean-Paul II).
Mais sur ce point, elle est également très proche de Thérèse de Lisieux, avec la même contemplation de Jésus Enfant présent dans l’Eucharistie. Thérèse résume ainsi toute sa spiritualité eucharistique dans sa dernière Lettre écrite pour un prêtre futur, le séminariste Maurice Bellière, son premier frère spirituel. C’est une image qui représente Jésus Enfant dans l’hostie consacrée dans les mains du prêtre avec ces simples mots: « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… Je l’aime! car il n’est qu’Amour et Miséricorde » (LT 266). En peu mots, c’est comme le testament eucharistique de la sainte. Dans l’eucharistie, Jésus est le Dieu tout proche, le Dieu Amour Miséricordieux, le Dieu qui se fait tout petit, qui ne fait pas de peur, mais qui suscite notre réponse de confiance et d’amour. Et c’est bien le vrai Corps né de la Vierge Marie comme petit enfant, c’est le Crucifié et le Ressuscité: Ave verum Corpus natum de Maria Virgine.
Dans les Ecrits de Vera, il y a de très beaux textes qui expriment sa communion amoureuse et confiante avec Jésus Enfant, en relation avec ses jeunes élèves, avec beaucoup de confiance et sans peur, jusqu’à « jouer » avec Lui (entre le 15 et le 23 janvier 1968). On voit la même chose dans l’Autobiographie de la bienheureuse Dina Bélanger. Par contre, même les bons prêtres « sont encore liés à la croyance d’un Jésus qui n’est pas familier, d’un Jésus qui ne descend pas jusqu’à sa créature, et spécialement dans le prêtre, pour s’incarner et revivre en elle » (13/11/1968).
Il y a encore beaucoup d’autres contenus concernant le Sang de Jésus, son Côté et son Coeur, qui pourraient être déployés théologiquement à la lumière de sainte Catherine de Sienne, Docteur de l’Église.
Conclusion
Cette spiritualité des Tabernacles Vivants me paraît très importante pour toute l’Eglise et d’une grande actualité, pour les prêtres comme pour les laïcs, afin de grandir toujours dans l’Amour de Jésus Eucharistie. Pour les prêtres, c’est une très belle proposition spirituelle pour mieux vivre la grâce du sacerdoce ministériel en contact avec Jésus Eucharistie dans la célébration quotidienne de la Messe, dans l’adoration eucharistique et dans le fait de porter la communion aux malades et aux personnes âgées. Un tel contact continu avec Jésus Eucharistie est aussi un bouclier pour résister victorieusement aux fortes tentations de l’ennemi (surtout les tentations contre la chasteté à travers l’internet). Sur ce point, on peut parler de véritables « miracles eucharistiques » de libération expérimentés par des prêtres et des ministres extraordinaires de l’eucharistie, laïcs et consacrés. Ce sont des signes de l’importance de cette spiritualité pour toute l’Église engagée sur le chemin d’une grande Réforme et purification en communion avec notre Pape François.
Enfin, au moment où toute l’Eglise avec l’ensemble de la famille humaine vit le drame de la pandémie du Coronavirus, cette spiritualité eucharistique des Tabernacles Vivants est particulièrement précieuse. L’impossibilité de participer à la Messe et de communier est la plus grande souffrance des fidèles dans le monde entier.
Dans cette grande épreuve, les Evêques et les Prêtres doivent trouver de façon urgente des voies nouvelles et exceptionnelles pour que les fidèles ne soient pas totalement privés de la présence de Jésus Eucharistie, dans la communion et l’adoration, et cela dans le plein respect de toutes les règles de sécurité. En ce « temps de guerre » de la pandémie, il faudrait suivre l’exemple du Cardinal Van Thuân au moment de la persécution, pour que Jésus reste proche de ses fidèles dans le Sacrement de son Amour
Rome, samedi 4 avril 2020,
veille du Dimanche des Rameaux
RECAPITULATION ET SYNTHESE
de la spiritualité des Tabernacles Vivants
(Texte écrit par Vera Grita le 11 juin 1968 pour le Pape Paul VI)
Ce texte est la meilleure synthèse de la spiritualité de Vera, comme spiritualité eucharistique et mariale, sacerdotale et missionnaire. Il est adressé au Pape Paul VI qui trois semaines plus tard, le 30 juin, conclura l’année de la foi avec son grand Credo du Peuple de Dieu où il développera les vérités de la foi catholique, insistant particulièrement sur celles qui étaient alors contestées: L’Eucharistie et le Sacerdoce, Marie et l’Eglise. Le texte de Vera est dense et continu. La distinction des paragraphes a été ajoutée pour en faciliter la lecture.
[1] Jésus s’adresse à notre Souverain Pontife Paul VI. » Je suis Jésus qui vient à toi dans son grand Amour Eucharistique pour t’offrir la Miséricorde de mon Coeur de Père, de Prêtre, d’Ami, de Frère. Elle est pour l’humanité, pour le salut des peuples, des nations. Elle jaillit comme une source d’eau vive de mon Coeur blessé, elle descend des Cieux comme une nouvelle et dernière Lumière pour éclairer les voies obscures du monde, elle arrose la terre aride, renouvelle mes âmes dans le service de l’apostolat, réunit à moi ceux qui sont appelés dans l’armée du salut. Cette Lumière, cette Eau, c’est moi Jésus! [2] Je viens porter une nouvelle « voie » d’amour sur la terre, pour les hommes qui m’attendent et qui m’aiment: Voie fondée sur la Vérité qui est ma Réalité divine et humaine dans la Présence Eucharistique; Voie qui portera la Vie de Grâce à beaucoup d’âmes éloignées de Moi. Ma Voie est dans la Vérité et elle donne la Vie. Cette Voie, c’est moi, Jésus Eucharistie. Oui, je suis Jésus parmi les hommes dans les Saintes Espèces, mais seulement pour ceux qui me cherchent, qui m’aiment. Je désire ardemment être présent dans ma Réalité Divine et Humaine en tous les lieux de la terre; je désire parcourir tous les chemins du monde, sillonner les cieux et les mers et aller au-devant des hommes: vers ceux qui ne me cherchent pas, qui ne m’aiment pas, qui ne me connaissent pas. [3] L’Église garde dans le saint Tabernacle mes Espèces Eucharistiques. J’habite en elle, j’habite dans l’âme par ma Grâce. Depuis les Tabernacles je répands mon Esprit d’Amour. Maintenant j’ai choisi de nouvelles églises, de nouveaux Tabernacles pour qu’ils me gardent; Tabernacles Vivants pour qu’ils me portent sur les chemins du monde, pour qu’ils me conduisent parmi ces gens qui ne pensent pas à moi, qui ne me cherchent pas, qui ne m’aiment pas. Moi, dans l’âme appelée par moi et donnée à moi; Moi avec elle, en elle et sur elle-même, je rejoindrai d’autres âmes, je vivrai près d’elles, je partagerai les fatigues de leur vie; je les rejoindrai par le moyen de mes Tabernacles Vivants. Depuis eux, je répandrai jour après jour, heure après heure, ma Lumière pour qu’ils apprennent à reconnaître Dieu. Je verserai ma Grâce en large mesure pour que les pécheurs deviennent sensibles à mes appels. Je marcherai, comme autrefois sur la terre de la Palestine, j’arriverai jusqu’à l’extrême limite de la terre, et je les visiterai tous, à tous je donnerai ma Grâce, à tous j’offrirai le Salut. [4] But: Atteindre toutes les âmes, les approcher, les toucher au fond de leur coeur avec mon amour de Père. Fin: préparer d’infinis et saints Tabernacles Vivants pour qu’ils recouvrent la terre. Ce seront ces « Calices » qui seront offerts à Dieu le Père pour le salut de l’humanité. Moi, le Père, moi dans l’amour du Fils, moi dans le Feu de l’Esprit Saint, je serai dans ces Calices soulevés vers le Ciel, le cri d’amour pour mes Frères, l’holocauste perpétuel agréable à Dieu le Père. Moi, consumé dans mes âmes, moi porté et renfermé dans le Tabernacle Vivant. Quand je descendrai des Cieux dans ma Gloire, mon Père verra mes Tabernacles et les âmes attirées, sauvées par ma divine Présence au moyen de mes nouveaux Tabernacles. Oh, couvrez la terre de Tabernacles Vivants: recouvrez-vous de Moi! [5] Programme: Je désire que ceux qui devront devenir Tabernacles Vivants soient des « âmes consacrées ». Qu’ils soient des prêtres de fervent amour, de grande charité, de pur amour. Parmi les Pères Salésiens, je désire que mon Oeuvre d’Amour naisse, se développe et se répande, car ma Maman, Marie Auxiliatrice, sera pour chaque âme, pour chaque Tabernacle Vivant, guide et maîtresse. Elle enseignera au fond du coeur comment aimer, adorer, porter et donner Jésus. Qu’Elle soit proclamée Mère de l’Oeuvre, mère de chaque âme, Mère de la Victoire pour que avec Elle toute âme combatte et vainque; que tout Tabernacle Vivant triomphe sur lui-même, sur les pièges de l’ennemi; Mère de la Victoire qui précède mon retour, mon Triomphe, ma venue parmi vous. Que les Tabernacles Vivants soient préparés avec un extrême humilité à l’appel, par le renoncement à eux-mêmes, pour que je puisse vivre et agir en eux. Leur but soit de disparaître pour laisser toute la place à Moi qui veux opérer dans leur âme et dans les autres âmes par leur moyen. [6] Que l’on choisisse aussi les Tabernacles Vivants parmi les jeunes, parmi les laïcs, pour que j’aille dans les écoles, dans les familles, et partage la vie de l’humanité. Ceux qui sont appelés à mon Oeuvre recevront une ferveur spéciale pour mon Amour Eucharistique, qui les caractérisera comme préférés de mon Amour. Les sillons doivent être ouverts par lesquels je désire aller: Turin, Rome, Florence, Gênes, Savone. A partir d’ici, d’autres sentiers, d’autres destinations, pays, villages; d’autres nations, d’autres continents… le Tabernacle Vivant recevra avec Moi le don croissant de mon Amour, et, pour beaucoup, la blessure de mon Coeur. Il trouvera en Moi, qui avec lui partage le Pain Divin, tout réconfort dans la lutte, tout détachement du monde, toute plénitude en Moi. [7] Au Tabernacle Vivant j’ouvrirai la voie de la sainteté, et, dans la montée, il sera plus que jamais avec Moi. Le Tabernacle Vivant n’opérera jamais sans Moi, mais à Moi il demandera aide, lumière, conseil, parce que je serai en lui et sur lui pour oeuvrer ensemble, pour agir ensemble; nous irons, nous parlerons, nous traiterons avec le prochain. Moi en lui pour la sanctification de son âme, Moi sur lui pour les autres âmes. Qu’ainsi les âmes se lèvent pour former une Ligue: « Ligue d’âmes », où chacun en Moi donne ce qu’il sait donner avec pauvreté d’esprit et très profonde humilité. Moi, j’unifierai et je fondrai tout dans mon Coeur brûlant. Moi Jésus, je viendrai pour consoler celui qui souffre, j’irai visiter celui qui est malade en son coeur. Je dirai aussi en langage silencieux que Dieu est Amour, qu’il est pardon, qu’il est bonté pour tous. C’est de mon Coeur blessé que naît mon Oeuvre d’amour pour les pécheurs, pour ceux qui ne me voient pas, qui ne veulent pas de moi, qui ne m’attendent pas. C’est à eux tous que Moi, Jésus, j’irai au moyen de mes âmes, des âmes sacerdotales, des âmes consacrées. [8] L’oeuvre doit ensuite se développer parmi les jeunes, dans les paroisses, dans les instituts, mais elle doit assumer toute forme de respectueux silence, de cette réserve qui sera le signe distinctif caractérisant le porteur de Moi. L’Oeuvre doit investir la vie et l’activité salésienne, car c’est de l’Oeuvre de saint Jean Bosco que doit éclore mon Oeuvre d’amour comme « continuation » de la première. Que les prêtres s’engagent avec un fervent amour pour préparer ceux qui sont appelés à ma Ligue. Que mes prêtres me donnent la consolation de me faire revenir pour revivre en eux. En chaque Tabernacle Vivant, Moi Jésus, je poserai ma « pierre », et celle-ci sera ma nouvelle Église qui va, qui ira, parce que Moi j’irai et je serai partout. [9] Et toi, Paul VI, toi qui me représentes dans l’Église comme mon Vicaire, reçois avec un profond esprit de foi mes paroles. Moi Jésus, le Maître des âmes, j’ai donné ma Pensée au pauvre qui n’a rien de lui-même, mais qui a tout de Moi seul. J’ai révélé mon Message d’Amour, mon Message aux hommes, au moyen d’une créature qui est pauvreté, fragilité, nullité, qui est l’humanité pauvre, désolée, affligée. Elle sera pour les âmes petites et généreuses, confiance, exemple de confiance en Moi, familiarité, abandon. Elle dira dans sa pauvreté, dans sa misère que je cherche des âmes toutes petites, des âmes victimes en Moi, en lesquelles je communique les battements d’amour de mon Coeur. Union et immolation en Moi, pour que le Prêtre Éternel et la toute petite âme soient une seule chose, comme le Vin (Moi) et l’eau (l’âme), offerte au Père dans un seul holocauste. [10] Tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié en Ciel. Toi, mon Vicaire dans l’Église, lie mon Oeuvre d’Amour en l’autorité de l’Église; répands-la, envoie-la dans le monde entier. Toi, mon premier Tabernacle Vivant, toi qui vas avec Moi visiter les parties plus lointaines de la Terre pour me donner, fais qu’augmentent et croissent les porteurs de Moi, pour que comme toi et à ton secret exemple, ils rejoignent la terre, les mers et aussi les cieux. O mon Fils bien-aimé, écoute mon Message d’Amour! A toi, qui souffres avec Moi la douleur de l’humanité, je dépose dans tes mains de Pontife l’extrême battement de mon Coeur dans son amour pour tous les hommes. Dans mes Paroles, il y a toute ma sainte Grâce: il y a Moi-même, il y a le feu purificateur de l’Esprit Saint. A toi « ma Voix », à travers une image de cette humanité pauvre mais qui m’attend toujours; à toi ma Voix faite pauvre pour qu’elle te parvienne de la part du pauvre qui espère et croit en Moi; à toi ma Parole humanisée dans les petites âmes. Accueille tout en Moi, Jésus, et renferme dans ton coeur de premier Pasteur ma Voix. Fais qu’elle parvienne à mes brebis, à mes agneaux, car ils sauront reconnaître ma Voix. Ils la suivront si tu leur fais parvenir la voix de leur divin Pasteur. [11] O mon âme, toi qui me portes avec humilité et amour, tu me connais, tu entends mes accents de Père, tu vois combien je suis dans mon message Sauveur et Rédempteur. Tu me vois. Tu sais que c’est Moi Jésus! En ta main droite bénissante, réunis ceux qui sont appelés, trace les sillons prévus, confirme mes âmes dans l’ordre établi par Dieu par ton intermédiaire; répands la grâce que par toi, Moi Jésus je donnerai à toutes les âmes. Cherche-moi dans mes Messages d’Amour; cherche la Voie, la Vérité, la Vie en ces effusions d’Amour que l’Esprit Saint a donné au pauvre pour tous les pauvres. Cherche-moi dans les Messages qui te parviendront, afin que toi, comme mon Vicaire, tu me donnes à l’humanité: au pauvre, au riche, au fort, au faible. Elle est descendue la « nuit », mais je veille avec toi et sur toi. [12] O Pierre, timonier de ma barque, conduis à Moi mes âmes, forme mon Armée pour qu’elle combatte avec toi et qu’elle triomphe en Moi. Mon heure n’est pas loin dans le temps: je désire être avec vous, je ne veux pas vous laisser, je serai avec vous jusqu’à la fin. « Porte-moi avec toi », c’est ma Voix d’amour. « Je veux demeurer avec toi », c’est mon Coeur qui te le demande. Moi en toi et sur toi, pour que toi en Moi, tu puisses porter toujours de grands fruits. Moi par toi, mon Vicaire, à tous les prêtres, aux salésiens, à mes âmes, aux très petites et humbles âmes. Moi par toi, à toute l’humanité. Bénis et autorise mon Oeuvre d’Amour, et recueille à tes pieds, devant mon Père, mes âmes afin que par toi elles soient offertes en Moi à mon Père dans l’amour de l’Esprit Saint. Demande, demande et Moi Jésus, je te donnerai ces signes de grâce qui rendront témoignage à ma Parole. Elle est Vérité, elle est mienne. Que descende l’Esprit d’amour en sa plénitude dans mon Message, pour que tu accueilles en Moi et que tu bénisses tout ce qui vient de Moi. [13] Je suis Jésus, Voie, Vérité, Vie: à toi, mon Vicaire en la Terre. A toi, consumé en mon amour comme holocauste perpétuel devant mon Père; à toi, vers qui se tournent les Cieux et la Terre pour que tu leur dises: Oui, Père! Oui, mes enfants, je vous donne Jésus comme lui-même désire ardemment venir à vous pour votre sanctification et le salut des autres âmes. Et Moi Jésus je pourrai demander à de nombreuses, à tant de nombreuses autres âmes, ce que j’ai demandé à l’une d’entre elles: « Porte-moi avec toi ». Jésus en toi, avec toi, sur toi, te bénit, et dans la blessure d’Amour qui fait de nos coeurs un seul Coeur, il verse son Amour et sa Douleur. Jésus, Souverain et Eternel Prêtre, au Pape Paul VI, pour sa Gloire et l’avènement de son Royaume d’amour dans les âmes.
[Texte publié dans le volume: Portami con te! L’Opera dei Tabernacoli Viventi nei manoscritti originali di Vera Grita, Torino, 2017, ed Elledici, p. 219-223; traduit de l’italien par F.M. Léthel ocd]