« Le Saint-Siège soutiendra toujours l’UNESCO dans ses efforts pour que la culture demeure le domaine privilégié pour favoriser, par la construction de ponts et non de murs, la cohabitation entre les hommes et les peuples », déclare le p. Mazas.
Le p. Laurent Mazas, directeur du « parvis des gentils » au Conseil pontifical pour la culture est en effet intervenu lors de la 39ème Session de la Conférence générale de l’UNESCO (8-10 novembre 2017), à la rencontre de la Commission culture.
AB
Intervention du p. Laurent Mazas
Monsieur le Président,
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture a été créée – je cite l’Acte constitutif — pour « atteindre graduellement, par la coopération des nations du monde dans les domaines de l’éducation, de la science et de la culture, les buts de paix internationale et de prospérité commune de l’humanité ».
Les travaux de l’UNESCO doivent donc se présenter à tous comme une promesse de paix, une vaste entreprise commune de tous les peuples qui vise, non à défendre les propres intérêts régionaux ou nationaux, mais à construire ensemble des espaces de rencontre et de dialogue entre les personnes et les communautés humaines, à bâtir des ponts et non de murs pour susciter l’espoir dans le futur plutôt que les repliements identitaires et les volontés de puissance destructrices.
La culture est pour cela essentielle tant il est vrai qu’elle élargit les horizons de la praxis humaine et permet de reconnaître l’humanité de l’homme dans celui qui se présente sous l’apparence de l’étranger. Le migrant est mon frère au même titre que tout homme et toute femme qui vit sur cette terre, un être fait de chair et d’esprit capable de m’enrichir, de m’élever, de me rendre meilleur.
N’est-ce pas précisément le propre de la culture de nous aider à comprendre que le monde n’est pas d’abord un ensemble de chiffres ou d’institutions, mais qu’il est fait de personnes et de sociétés, et que le caractère concret de la personne humaine ne peut se réduire à des principes abstraits : les personnes ont des visages, elles nous obligent à une responsabilité réelle, active et ‘‘personnelle’’.
Monsieur le Président, le domaine de la culture est bien plus vaste que celui qui est soumis à nos examens en cette session. Chacun doit s’interroger sur sa propre responsabilité dans un monde toujours davantage caractérisé par la pluralité des cultures et des religions, et dont le visage saigne de tant de violences insensées. L’UNESCO, qui reconnaît la dimension religieuse du dialogue interculturel, se doit de ne jamais céder quand la culture et la religion sont exploitées par les Etats pour protéger leurs propres intérêts politiques.
Le Saint-Siège est conscient de sa responsabilité, porteur qu’il est de cette valeur fondamentale du respect de la personne humaine, de toute personne humaine, créée à l’image de Dieu dans sa dimension relationnelle et dialogique. C’est de ce principe d’ouverture à l’autre, de fraternité, que la foi au Christ a suscité tout au long de l’histoire une culture de la rencontre et du dialogue, une culture de la communauté humaine réunie autour d’un bien commun et qui est le meilleur antidote contre les égocentrismes.
La notion même d’héritage ne perd-elle pas toute signification dans une société qui ne se laisse guider que par l’individualisme et pense pouvoir vivre dans la solitude ?
C’est pourquoi le Saint-Siège soutiendra toujours l’UNESCO dans ses efforts pour que la culture demeure le domaine privilégié pour favoriser, par la construction de ponts et non de murs, la cohabitation entre les hommes et les peuples.
UNESCO, 39ème session de la Conférence générale @ Mission du Saint-Siège
UNESCO: construire des ponts, "pour favoriser la cohabitation entre les hommes et les peuples" (texte complet)
Intervention du p. Laurent Mazas