Un abbé catholique, chanoine de la cathédrale anglicane de Londres

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Dom Edmund Power, abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs

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ROME, Vendredi 18 septembre 2009 (ZENIT.org) Le bénédictin Edmund Power, abbé de saint Paul-hors-les-murs, a été nommé le 9 septembre dernier chanoine honoraire de la cathédrale anglicane Saint-Paul à Londres.

Il s’agit d’une nomination honorifique que l’Eglise anglicane accorde à un abbé catholique. Autour de lui, le jour de la cérémonie, étaient présents d’autres prélats anglicans et une délégation de moines de sa communauté.

L’abbé Edmund Power a répondu aux questions de ZENIT.

ZENIT – Comment expliquez-vous cette nomination et quelle valeur lui accordez-vous ?

Edmund Power : Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. La première est que je suis, depuis longtemps, impliqué personnellement dans le processus œcuménique ; puis il y a le fait d’être abbé de Saint-Paul-hors-les-Murs, abbé de la communauté bénédictine qui, depuis le VIIIème siècle, s’occupe de la liturgie et du lieu de sépulture de l’apôtre Paul, dont nous venons de clôturer l’année du bimillénaire de la naissance. Tout ceci m’offre une position privilégiée pour œuvrer dans ce domaine, pour cette charge même dans laquelle nous a confirmé ultérieurement le pape Benoît XVI, comme bénédictins de cette communauté particulière.

Un autre facteur qui, je pense, a pu influer sur le grand honneur qui m’a été fait, est d’être anglais, ceci me rendant en quelque sorte plus proche du monde anglican. Je comprends très bien la mentalité anglicane car celle-ci fait partie de l’histoire et de la culture anglaise. Et comme je suis aussi un catholique romain, je comprends également bien ce que cela veut dire.

ZENIT – Donc les relations avec les anglicans et l’abbaye de Saint-Paul vont dans un sens positif, comme on l’a vu également durant l’Année Saint-Paul…   

Edmund Power : Ces dernières années, en effet, à Rome les relations entre notre communauté et la communion anglicane sont excellentes, il suffit de penser au Centre anglican qui, à Rome, est géré par le représentant de l’archevêque de Canterbury mais aussi aux deux paroisses anglicanes, celle de « Tous les saints » et celle de « Saint-Paul-dans-les-Murs » avec lesquelles nous entretenons des liens particuliers. Mais il y a aussi de bons rapports entre les moines bénédictins et la cathédrale Saint-Paul de Londres, fondée en 604 par saint Mellite moine, disciple de saint Augustin de Canterbury. Les anglicans considèrent en effet qu’il s’agit d’une fondation bénédictine, même si, historiquement, nous ne sommes pas sûrs que saint Mellite, bien que moine, fut un bénédictin. La cathédrale de Londres, la première dans la capitale anglaise, fut ensuite consacrée à saint Paul, saint patron de Rome avec saint Pierre, ceci montrant le haut degré d’influence de la mission de Rome à la fin du VIème siècle. 

ZENIT – Cette nomination s’insère donc, de manière privilégiée, dans l’œuvre que vous accomplissez en tant que communauté monastique auprès des pèlerins qui viennent visiter la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome. Croyez-vous que ceci se reflète d’une certaine manière aussi sur le dialogue, au niveau théologique, entre anglicans et catholiques? 

Edmund Power : Je crois que ce type d’amitié et de rapports sont précieux et très utiles, même si, me semble-t-il, à un niveau plus théologique, tout n’a pas encore été affronté ; ensemble nous pouvons faire des choses importantes : prier ensemble, faire du bien ensemble, servir les pauvres ensemble, collaborer ensemble à des projets de ce type. Nous pouvons faire beaucoup ensemble, non seulement au niveau théologique, je veux dire d’un point de vue dogmatique, mais également et surtout au plan de la spiritualité, de la théologie ascétique et monastique, un domaine très important et proche du monde anglican, qui peut devenir ainsi un terrain fertile commun où le dialogue deviendrait plus facile et ouvert. 

J’ai constaté qu’il y avait chez beaucoup d’anglicans à Londres, un grand intérêt à essayer de trouver la manière de pouvoir dialoguer sur des questions qui sont urgentes pour tous ceux qui croient en Jésus Christ, en ne s’arrêtant pas seulement sur certaines questions d’actualité, comme la question du sacerdoce chez les femmes ou l’homosexualité chez les prêtres, mais en se penchant attentivement, par exemple, sur le problème fondamental d’une culture qui ne reconnaît plus le Christ. Ce défi est le même pour les catholiques et les anglicans. Il suffit de penser à l’Europe. Un défi fondamental qui exige un échange, un dialogue totalement sincère et transparent pour voir ensemble, humblement, comment on peut avancer ensemble, collaborer ensemble pour le Christ, dans le monde moderne.  

J’espère que cette gratification, qui m’honore et dont je suis très reconnaissant, sera vraiment une opportunité non seulement pour moi, mais pour tous ceux qui croient que l’on peut travailler ensemble pour le bien commun et pour l’Evangile.

Propos recueillis par Marco Cardinali

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ZENIT Staff

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