Enfants de la catéchèse, paroisse Ste Marie de Setteville, capture TV2000

Enfants de la catéchèse, paroisse Ste Marie de Setteville, captureTV2000

Témoigner du Christ seulement en paroles, c’est être «un chrétien-perroquet»

Le pape en dialogue avec les jeunes à Santa Maria de Setteville

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Parler du Christ, mais ne pas témoigner de sa foi par sa propre vie – « cela ne sert à rien ! »  affirme le pape François: « Mais, Père, je suis chrétien et je parle du Seigneur ! » Oui, mais tu es un chrétien-perroquet ! » lance le pape.
Il a eu un dialogue d’une demi-heure avec les enfants du catéchisme à la paroisse romaine Santa Maria de Setteville de Guidonia, le dimanche 15 janvier 2017. Le pape a répondu aux questions des jeunes et il leur a demandé de « toujours aider ».
« Le témoignage chrétien se donne par la parole, avec le cœur et avec les mains, a dit le pape aux jeunes et a repris : Répétons ensemble : par la parole, avec le cœur et avec les mains. »
En parlant du plus grand don de Dieu, le pape a répondu : « En théorie, je pourrais dire : le don le plus grand est la foi. Oui, c’est vrai. Ceci en théorie. Mais ce que je sens comme un grand don de Dieu, c’est ma famille : le papa, la maman, cinq frères et sœurs, toute la famille… »
Comme il le fait souvent, le pape a rappelé que les grands-parents faisaient aussi partie de la famille: « Je vous donne un conseil, a-t-il dit aux enfants, parlez avec vos grands-parents, posez des questions à vos grands-parents. Les grands-parents sont la mémoire de la vie, ils sont la sagesse de la vie. »
Voici notre traduction du dialogue du pape François  avec les jeunes.
MD
DIALOGUE EN PAROISSE AVEC LES ENFANTS
Pape François – Merci ! Merci pour votre joie, pour vos dessins… Très beaux, ceux que vous m’avez donnés. Vous êtes bons. Et merci pour ce que vous m’avez dit. Après la Confirmation, la Confirmation… Mais j’ai entendu qu’ici, à Rome, la Confirmation est « le sacrement de l’au-revoir » : après la Confirmation, nous ne nous voyons plus… C’est vrai, cela ? Ce n’est pas vrai ? Ah non ? Et vous êtes tous les jeunes de Rome ? Tous ? Et les autres ? Ils ne sont pas revenus après la Confirmation ?… La période d’après la Confirmation est un problème. Et le fait que vous soyez ici est une grâce du Seigneur. Le Seigneur vous a donné cette grâce de ne pas faire de la Confirmation le sacrement de « l’au-revoir » jusqu’au jour du mariage. Tant d’années sans une communauté…Et vous avez été choisis par le Seigneur pour former une communauté. Et c’est quelque chose de grand. Je crois que Maria [une jeune fille de la paroisse] a dit : « Nous sommes ici parce que le Seigneur nous aime ». Mais dis-moi, et les autres, ceux qui ne sont pas ici maintenant, le Seigneur les aime-t-il ?… Vous ne savez pas si le Seigneur les aime ou pas ?… Il les aime ? Et pourquoi ne sont-ils pas ici ? Si vous vous sentez aimés par le Seigneur et que pour cette raison le Seigneur vous a amenés ici, pourquoi les autres ne sont-ils pas ici ? Que se passe-t-il ?… Que quelqu’un d’intelligent me dise quelque chose… Parlez, parlez, je veux vous entendre.
[Un enfant parle mais on ne comprend pas] Pape François:
Tu es courageux, toi ! Quel âge as-tu ?
[L’enfant] Huit.
Pape François:
Eux ont plus de dix-huit ans et personne d’entre eux n’a réussi à parler, et toi, tu as [réussi]… Bravo, continue comme cela ! C’est bien, c’est bien. Il est courageux ! Pas de honte. Sois courageux, continue ! Viens, viens…Écoute, tout le monde ne t’a pas entendu. Es-tu capable de répéter ce que tu as dit ? Dis-le…
[L’enfant] Dans la pratique, il y a des personnes qui ne sont pas avec nous, pour se réunir, parce qu’elles ne sont pas ici pour partager la joie et tous les jours le Seigneur nous donne quelque chose et nous ne pouvons pas le partager ; par conséquent, des personnes s’en vont, nous laissant seuls ou n’écoutant pas les paroles du Seigneur.
Pape François :
Il est courageux, lui ! Il est courageux. Il a dit deux choses : écouter la Parole du Seigneur et trouver la joie. Deux choses que je prends de ce qu’il a dit. Ces jeunes écoutent la parole du Seigneur, mais comment disons-nous les paroles du Seigneur ? Quand j’entends parler un ou une jeune du Seigneur, un ou une catéchiste, je ne sais pas, n’importe qui, je m’ennuie. Nous parlons du Seigneur avec une certaine tristesse. Il a parlé de la joie : c’est cela, le secret. Parler du Seigneur avec joie et cela s’appelle le témoignage chrétien. Vous comprenez ? Le témoignage chrétien consiste à parler du Seigneur avec joie, mais aussi avec la joie de ma propre vie, c’est-à-dire faire avec ma vie ce que je dis du Seigneur. Et vous qui êtes les plus grands, qui d’entre vous sait me dire comment est le témoignage chrétien ? Savez-vous ce que signifie ‘témoignage’. Vous savez ou pas ? Oui… Tu es… ? Expliquez-moi ce qu’est le témoignage chrétien, comment on fait… Dites, dites, parlez !…
[Un jeune] En donnant l’exemple par sa vie.
Pape François
En donnant l’exemple par sa vie. En voilà un. Si je dis : « Je suis très catholique, je vais à la messe tous les dimanches », mais après je ne parle pas avec mes parents, les personnes âgées ne m’intéressent pas, je n’aide pas les pauvres, je ne vais pas trouver les malades… est-ce que c’est un témoignage de vie ? Non ! Je peux parler du Seigneur, mais si par ma vie je ne parle pas en rendant témoignage, comme tu l’as dit, par ma propre vie, cela ne sert à rien ! « Mais, Père, je suis chrétien et je parle du Seigneur ! » Oui, mais tu es un chrétien-perroquet ! Seulement d’ici [indique sa bouche]: parole, parole, parole… Tu te souviens de cette chanson ? Non, vous non, vous êtes jeunes. Si ? « Parole, parole, parole… » et rien de plus. Le témoignage chrétien se donne avec la parole, avec le cœur et avec les mains. Répétons ensemble : avec la parole, avec le cœur et avec les mains. Très bien. Maintenant, je vous demande – voyons qui répond, parce que c’est moi qui parle, et cela ne va pas – comment donne-t-on un témoignage chrétien par la parole ? Un… Tu as déjà parlé, un autre… Mais dis-moi, toi qui es catéchiste, ils sont tous muets ? Comment faire ?  [quelqu’un intervient] Voilà, en racontant ses propres expériences, sa relation avec le Seigneur, par la parole. Bravo ! Comment rend-on témoignage avec le cœur ?
[Une fille] En se donnant.
Pape François
En se donnant. Explique-nous un peu, tu as raison, mais explique un peu ce que tu veux dire par ces mots : en se donnant.
[La jeune fille] S’ouvrir à l’autre…
Pape François
S’ouvrir à l’autre, bien…
[La jeune fille] Accepter l’autre tel qu’il est…
Pape François
Accepter l’autre tel qu’il est, non tel que je veux qu’il soit, bien ! Dis, continue…
[La jeune fille] Écouter l’autre
Pape François
Écouter l’autre. C’est intéressant, cela. Un chrétien est un homme, c’est une femme, un jeune, un enfant, un garçon ou une fille de l’écoute, qui sait écouter. Il sait écouter la Parole de Dieu et il sait écouter l’autre. Seulement avec les oreilles ?… Avec le cœur, surtout. Il sait s’émouvoir. Bien, bien ! Et comment donne-t-on un témoignage chrétien avec les mains ?
[La jeune fille] En se faisant humble.
Pape François
En se faisant humble… Et comment est l’humilité ?
[La jeune fille] Aller à la rencontre des personnes.
Pape François
Aller à la rencontre des personnes… Et si quelqu’un est en colère contre toi et a dit du mal de toi, le témoignage chrétien dit : « Non, pas vers celle-là ? »
[La jeune fille] Non. C’est difficile de mettre son orgueil de côté, mais la Parole nous enseigne à nous faire humble et à demander pardon, aller le premier demander pardon à la personne avec laquelle tu t’es disputé.
Pape François
Demander pardon, pardonner… Tu es forte ! Avec le cœur, avec les mains… Encore, un témoignage chrétien avec les mains…
[La jeune fille] Agir…
Pape François
Agir. Comment, par exemple ?
[La jeune fille] En se rendant utile aux autres.
Pape François
Voilà. Les œuvres de miséricorde : aller trouver les malades, les prisonniers, aider son camarade à faire ses devoirs… tout cela. Toujours aider ! Témoignage : avec la langue, avec la bouche, confesser le Seigneur ; avec le cœur, toujours ouvrir à l’amour ; et avec les mains, les œuvres de miséricorde. Voilà le témoignage chrétien. Vous avez compris maintenant ? Mais vous devez parler entre vous de ces choses ! C’est bien. Une question ? Parle, parle fort !
[Une fille] Comment expliquer à quelqu’un qui ne croit pas pourquoi la foi est importante ?
Pape François
Comment pouvez-vous expliquer à quelqu’un qui ne croit pas pourquoi ou comment la foi est importante ? C’est cela la question ? Il ne faut pas expliquer. Écoutez bien ceci : si tu as un ami, une amie qui ne croit pas, tu ne dois pas dire : « Il faut que tu crois pour cela, cela et cela… » en lui expliquant tout. Il ne faut pas faire cela ! Cela s’appelle du prosélytisme, et nous, chrétiens, nous ne devons pas faire de prosélytisme. Que faut-il faire ? Si je ne peux pas expliquer, que dois-je faire ? Vivre de telle sorte que ce soit lui ou elle qui me demande : « Pourquoi vis-tu comme cela ? Pourquoi as-tu fait cela ? » Et alors, oui, expliquer. Compris ? Mais jamais commencer par expliquer, pour convaincre. La foi est une grâce de Dieu et il faut l’inquiétude [la recherche intérieure] du Saint-Esprit pour avoir la foi et l’inquiétude du Saint-Esprit vient aussi de notre témoignage. « Mais regarde, il est fou, lui ! au lieu de venir s’amuser avec nous, il est allé veiller un malade, accompagner un malade. Mais il est fou ! Demain, je lui demanderai : ‘Dis-moi, pourquoi as-tu fait cela’ ». C’est comme cela. C’est l’inquiétude que tu as dans le cœur qui te fait poser des questions. D’abord, faire ; ensuite, expliquer. Compris ? Et le Saint-Esprit entre dans le cœur, rend le cœur inquiet avec le témoignage des chrétiens. C’est pourquoi Jésus disait aux gens, à propos des docteurs de la loi de leur époque : « Faites tout ce qu’ils disent, mais pas ce qu’ils font ». Ils ne rendaient pas témoignage. Et le témoignage chrétien – ce que vous avez dit sur la manière de vivre, d’être témoin – est ce qui provoque l’inquiétude chez l’autre et qu’il te pose la question et tu expliques. Tu as compris la réponse ? Mais ne jamais commencer par expliquer. Faire que ce soit lui ou elle qui pose la question, et provoquer la question par son témoignage. Compris ? Voilà. Autre chose, une autre question ?
[Une fille] Pardonner. Dans le christianisme, c’est important de pardonner… Mais vous réussissez toujours à pardonner ?
Pape François
C’est difficile. J’ai connue une brave petite vieille ! Je crois même qu’elle battait son mari… [il rit, ils rient], mais elle était brave. C’est une femme brave, forte. Et cette femme disait : « Toujours pardonner. Oublier, c’est difficile ». Quand tu es en « guerre », disons-le ainsi, que tu as une inimitié pour une personne, ton cœur et le cœur de cette personne sont blessés… D’accord ? La blessure de la haine, de l’inimitié, de la jalousie… tant de blessures. Et si une personne fait du mal à une autre, la blessure devient plus grande. Pardonner est difficile mais c’est possible. Pensons à Jésus, à l’exemple qu’il nous donne, quand il a dit à son Père : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (cf. Lc 23,34). Il est possible de pardonner. La blessure peut guérir, être guérie ; la blessure se referme. Mais il reste bien souvent la cicatrice. Et cela signifie : « Je ne peux pas oublier, mais j’ai pardonné ». Toujours, le pardon. Mais ne pas aller vers cette personne lui donner le pardon comme si je lui tendais une aumône, non. Le pardon naît du cœur et je commence à traiter cette personne comme s’il ne s’était rien passé… Un sourire, et lentement le pardon vient. Le pardon ne se fait pas par décret ; il faut notre cheminement intérieur pour pardonner. Ce n’est pas facile… Mais on peut y arriver. Cela te va ? Tu es d’accord ?
Une autre question, de ce côté-là… Ils sont meilleurs, les vôtres ! [il rit, tous rient] [Un garçon] Selon vous, quel est le plus grand don que Dieu nous ait fait ?
Pape François
Merci. Mais, je ne sais pas quoi vous dire… Parce qu’en théorie, je pourrais dire : le don le plus grand est la foi. Oui, c’est vrai. Ceci en théorie. Mais ce que je sens comme un grand don de Dieu, c’est ma famille : le papa, la maman, cinq frères et sœurs, toute la famille… Pour moi, ceci est un grand cadeau, vivre en famille. C’est pourquoi la famille est importante… Et la famille, c’est papa, maman, les frères et sœurs… et ça finit ici ? Non… les grands-parents ! Que pensez-vous des grands-parents ?… Qui répond ?
[Une fille] Qu’ils sont nos seconds parents.
Pape François
Qu’ils sont nos seconds parents. C’est bien. Ils sont ceux qui gardent la famille « derrière » les parents. C’est bien. Un peu plus, autre chose…
[Un garçon] Très souvent, plus que des seconds parents, ils peuvent aussi être des amis, les grands-parents…
Pape François
Voilà, même les grands-parents peuvent être des amis. Je connais des garçons et des filles qui sont davantage capables de parler avec leurs grands-parents qu’avec leurs parents. Parce qu’ils se sentent plus amis, plus compris par les grands-parents… Mais j’ai entendu dire : « C’est ennuyeux de parler avec ses grands-parents. Les grands-parents sont des vieilleries, ils ne servent à rien ». C’est vrai, cela ?
[Les jeunes] Non !
Pape François
Non ! Je vous donne un conseil : parlez avec vos grands-parents, posez des questions à vos grands-parents. Les grands-parents sont la mémoire de la vie, ils sont la sagesse de la vie. Parlez avec vos grands-parents ! Compris ? Très bien.
Je ne sais pas… Pouvons-nous continuer ? Une autre question. Je voudrais regarder ici, mais ils sont tous muets…
[Une fille] Comment avez-vous fait pour ne jamais perdre la foi avec les hauts et les bas de la vie ?
Pape François
Mais on perd la foi… Moi, quelquefois, si je pense maintenant à certains moments… la foi s’est tellement abaissée que je ne la trouvais pas et je vivais comme si je n’avais pas la foi… Et puis on la retrouve. Les hauts et les bas de la vie ont aussi un premier moment, une secousse qui te met en mouvement et te fait perdre un peu la foi mais ensuite, avec le temps, tu la retrouves. Il y a une parole, dans l’Évangile, quand Jésus dit « Tout est possible à celui qui a la foi ». Tout. Et le papa de cet enfant malade – le papa avait apporté son enfant pour qu’il soit guéri par jésus – qu’a-t-il dit à Jésus ? « Seigneur, j’ai la foi mais viens en aide à mon peu de foi » (cf. Mc 9,23-24). La foi n’est pas toujours aussi [grande]… Il y a des jours d’obscurité, tout est noir… Moi aussi, dans ma vie, j’ai connu des jours comme cela. Mais il ne [faut] pas s’effrayer : prier et garder patience, et puis le Seigneur se fait voir, il fait grandir notre foi et te fais avancer. Ai-je répondu à ta question ?
[La jeune fille] Oui, oui, merci.
Pape François
Ai-je répondu ?
[La jeune fille] Oui, parce que moi, quelquefois, je perds la foi, mais… j’essaie de la retrouver…
Pape François
Oui, tu as raison, parce que la foi, certains jours, on ne la voit pas : tout est sombre… Et quand on voit des catastrophes… Hier, par exemple, quand j’ai donné le baptême à 13 enfants des victimes du tremblement de terre : le papa de l’un d’eux avait perdu sa femme. « J’ai perdu mon amour », m’a-t-il dit. On pense : Cet homme peut-il avoir la foi après cette tragédie ? Et on comprend que là, il y a l’obscurité… « Et si je n’y crois pas… » Tais-toi. Accompagne-le. Respecte cette obscurité de l’âme. Ensuite ce sera le Seigneur qui réveillera la foi. La foi est un don du Seigneur. A nous [il revient] seulement de le garder… On n’étudie pas pour avoir la foi, la foi se reçoit comme un cadeau. Merci.
On me dit que je dois donner la bénédiction, et Jésus donnait toujours la bénédiction. Et je vous donnerai à tous la bénédiction, mais spécialement aux muets, à ceux qui n’ont pas réussi à parler… Mais regarde, trouver des jeunes qui ne parlent pas… C’est une tragédie !
Maintenant, prions la Vierge Marie : Je vous salue, Marie…
[Bénédiction] Avant de m’en aller, une question : que faut-il faire avec vos grands-parents ?
[Les jeunes] Leur parler !
Pape François
Et les écouter ! Leur parler et les écouter. Priez pour moi ! Merci.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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