Le Saint-Siège invite toutes les parties du conflit syrien à « mettre fin au cycle de violence apparemment sans fin », pour « restaurer » le « sentiment de solidarité qui est à la base de la coexistence pacifique ».
C’est ce qu’a déclaré Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États, ce mercredi 5 avril 2017, pendant la journée de clôture de la conférence « Soutenir l’avenir de la Syrie et de la région », coprésidée par l’Union européenne, l’Allemagne, le Koweït, la Norvège, le Quatar, le Royaume-Uni et les Nations unies. Des représentants au niveau ministériel de 70 délégations ainsi que des représentants d’organisations internationales et de la société civile ont pris part à l’événement qui s’est ouvert le 4 avril à Bruxelles, auprès de l’UE.
« Le Saint-Siège demeure profondément préoccupé par les souffrances humaines énormes », a dit Mgr Gallagher. Il « demande instamment que le droit international humanitaire soit pleinement respecté, en particulier en ce qui concerne la protection des populations civiles ».
Le secrétaire pour les Relations avec les États a également exprimé une « inquiétude pour les conditions et le traitement des prisonniers et des détenus » ainsi que pour « la situation vulnérable » et « préoccupante » des chrétiens et des minorités religieuses au Moyen-Orient.
L’Église catholique, a-t-il souligné, « reste déterminée à continuer son aide humanitaire au cours de l’année à venir ». Et de rappeler qu’en 2016, « une aide humanitaire de 200 millions de US$ de bénéfices directs à plus de 4,6 millions de personnes en Syrie et dans la région » a été fournie.
Voici notre traduction complète de l’intervention de Mgr Gallagher.
MD
Intervention de Mgr Paul Richard Gallagher
Excellences,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Le Saint-Siège est heureux de participer à la conférence « Soutenir l’avenir de la Syrie et de la région » avec son double objectif : reconfirmer les engagements humanitaires que la communauté internationale a pris à Londres l’année dernière et examiner les meilleures façons de soutenir une solution politique durable à la crise syrienne, qui soit inclusive et dirigée par la Syrie. Alors que la crise est entrée, malheureusement et douloureusement, dans sa septième année, le Saint-Siège demeure profondément préoccupé par les souffrances humaines énormes, affectant des millions d’enfants innocents et d’autres civils qui restent privés de l’aide humanitaire essentielle, des installations médicales et de l’éducation, et demande instamment que le droit international humanitaire soit pleinement respecté, en particulier en ce qui concerne la protection des populations civiles, en leur garantissant l’accès à l’assistance médicale nécessaire. En outre, le Saint-Siège exprime également son inquiétude pour les conditions et le traitement des prisonniers et des détenus.
Dans son discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 9 janvier dernier, Sa Sainteté le pape François a appelé la communauté internationale à « faire tout son possible pour encourager de sérieuses négociations pour mettre fin au conflit, qui est la cause d’une véritable catastrophe humaine. Chacune des parties doit accorder la priorité au droit international humanitaire et garantir la protection des civils et l’aide humanitaire nécessaire à la population ».
Le Saint-Siège invite toutes les parties du conflit syrien à n’épargner aucun effort pour mettre fin au cycle de violence apparemment sans fin, pour restaurer ce sentiment de solidarité qui est à la base de la cohésion sociale et de la coexistence pacifique. Comme l’a déclaré le pape François, « la paix triomphe par la solidarité. Celle-ci génère le désir de dialogue et de coopération qui trouve un instrument essentiel dans la diplomatie ».
Le Saint-Siège se félicite vivement de l’accent mis sur l’assistance humanitaire et des efforts pour soutenir le cessez-le-feu et la solution politique à la crise lors de cette conférence des donateurs et se joint à ses appels pour un financement accru afin d’aider les personnes déplacées, les réfugiés et les communautés d’accueil touchées dans les pays voisins. À cette occasion, je souhaite rassurer sur le fait que l’Église catholique reste déterminée à continuer son aide humanitaire au cours de l’année à venir.
En 2016, le Saint-Siège et l’Église catholique, grâce à son réseau d’organismes de bienfaisance, ont contribué à fournir une aide humanitaire de 200 millions de US$ de bénéfices directs à plus de 4,6 millions de personnes en Syrie et dans la région. En distribuant l’aide, les agences et les entités catholiques ne font aucune distinction en ce qui concerne l’identité religieuse ou ethnique de ceux qui ont besoin d’assistance et cherchent toujours à donner la priorité aux plus vulnérables et aux personnes les plus démunies. Cette approche a également été démontrée grâce à l’ouverture en janvier d’un point de Caritas dans la région musulmane d’Alep Est et dans le projet « Hôpitaux ouverts » qui vise à ouvrir les hôpitaux catholiques d’Alep et de Damas et à les rendre pleinement opérationnels pour les besoins des populations locales, en particulier les pauvres et les plus défavorisés.
La situation vulnérable des chrétiens et des minorités religieuses au Moyen-Orient demeure préoccupante : ils souffrent de manière disproportionnée des effets de la guerre et des bouleversements sociaux dans la région, à tel point que leur présence et leur existence sont gravement menacées. Comme Sa Sainteté le pape François l’a rappelé à plusieurs reprises, leur présence continue peut leur permettre de remplir leur rôle historique et essentiel en contribuant à la cohésion sociale de ces sociétés, ce qui sera d’une importance vitale pour l’avenir de toute la région.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
