Croix de Norcia endommagée par le séisme, Italie, capture CTV

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Séisme en Italie: le card. Parolin loue "la capacité de l’être humain à se relever"

Messe en la basilique Saint Benoît de Norcia (Traduction intégrale)

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En reconstruction, la basilique Saint Benoît de Norcia (Nursie) est « la preuve de la capacité de l’être humain à se relever, à recommencer à espérer, à regarder en haut vers le Ciel » et à se mettre « au service d’une action commune  de récupération ». C’est ce qu’a affirmé le cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin en célébrant la messe sur les lieux mêmes, le 29 octobre 2017, un an après le séisme qui a dévasté la région italienne.
Dans son homélie, le « numéro 2 » du Vatican a lancé un appel « à toutes les institutions civiles, ecclésiales et privées pour qu’elles coopèrent avec promptitude et constance, en harmonie avec les populations touchées… de manière à ce que les travaux projetés et commencés soient finis au plus vite, allégeant dans les limites du possible les procédures ». « J’appelle donc de mes vœux, a-t-il ajouté, une action ferme et commune qui bougent les ressources et les intelligences pour reconstruire, en même temps que les maisons et les Eglises, aussi l’esprit des personnes, pour vaincre la peur et la résignation, deux calamités invisibles, et pourtant aussi graves qu’un tremblement de terre. »
Le secrétaire d’Etat a également transmis un message du pape, encourageant « à reprendre la marche, à ne pas vous laisser abattre par les difficultés, mais à regarder avec espérance vers l’avenir… en vous souhaitant à tous de surmonter au plus vite les conséquences du séisme, grâce au travail et à la solidarité de tant de frères et sœurs, (il) vous exhorte à vous tourner, dans un geste de filiale confiance en Jésus, vers sa Mère Marie, à leur ouvrir sans hésitation la porte du cœur et de l’esprit, pour recevoir, en même temps que le réconfort du Seigneur, l’énergie nécessaire pour poursuivre avec détermination et courage l’œuvre de reconstruction ».
Le tremblement de terre, a-t-il aussi souligné, rappelle que « notre existence reste soumise à l’immensité des forces cosmiques. Il nous rappelle surtout que la création – splendide et digne de notre admiration – renvoie au Créateur et que l‘être humain est dans ses mains, conduit par Lui vers un destin définitif de salut, de paix et de bonheur, là où il n’y aura ni tremblement de terre, ni angoisses de l’âme, où nous serons tous arrivés à destination ».
Voici notre traduction intégrale de l’homélie que le cardinal a prononcée.
AK
Homélie du pape François
Excellence,
Illustres Autorités,
Chers prêtres,
Chers citoyens de Norcia,
Chers frères et sœurs en Jésus Christ,
Nous voici aujourd’hui rassemblés pour cette célébration eucharistique devant la façade de la basilique Saint-Benoît, un an après le tremblement de terre en Valnerina qui, après les premières secousses du 24 août, entre le 26 et le 30 octobre 2016, bouleversa le rythme normal de la vie de ces terres, riches en art, en beautés paysagistes et traditions culturelles, qui ont trouvé leur plus solide inspiration dans la foi chrétienne. Une foi, vécue et témoignée tout au long des siècles. Cette foi a façonné le visage de ces collines et de ces espaces, qui favorisent le recueillement et la contemplation, a façonné autant les consciences que les architectures de vos places et de vos églises.
La beauté de la création et l’ardeur au travail que met l’homme pour en prendre soin, la succession harmonieuse de vallées, fleuves, lacs et montagnes parmi lesquels celui-ci construit savamment villes et villages, s’inscrit toujours dans le grand mystère de l’univers, confrontée à la véhémence des forces naturelles qui se présentent les plus souvent comme une opportunité et une richesse à gérer avec sagesse, mais parfois comme une force destructrice impossible à prévoir avec précision ni à gouverner totalement.
Le tremblement de terre peut manifester une de ces forces. Il nous rappelle que, même si nous pouvons faire beaucoup pour contenir les effets, notre existence reste soumise à l’immensité des forces cosmiques. Il nous rappelle surtout que la création – splendide et digne de notre admiration – renvoie au Créateur et que l‘être humain est dans ses mains, conduit par Lui vers un destin définitif de salut, de paix et de bonheur, là où il n’y aura ni tremblement de terre, ni angoisses de l’âme, où nous serons tous arrivés à destination.
La façade de cette basilique, enfermée dans les échafaudages de la reconstruction comme dans une cage, est emblématique de ce séisme. Mais elle surtout la preuve de la capacité de l’être humain à se relever, à recommencer à espérer, à regarder en haut vers le Ciel et, avec la force de ce regard, de retourner vers la terre et mettre toute son intelligence, son habileté, son imagination et ses efforts au service d’une action commune  de récupération, visant à remonter, non seulement les murs des maisons, des lieux de travail et des églises, mais également le moral des personnes et des communautés et de leur faire retrouver la joie de vivre.
Les lectures de ce XXX dimanche du temps ordinaire nous aident à cela. Ce fil rouge qui les unies est précisément ce rapport entre l’amour envers Dieu et l’amour pour son prochain, entre la contemplation et l’action, entre l’adoration de Notre Seigneur et la pleine disponibilité à servir l’homme, à être chacun un témoin visible de charité pour son prochain.
Comme nous venons de l’entendre dans le passage de l’évangile de saint Mathieu, le plus grand commandement présente une double forme indissoluble, dont l’une confirme la vérité et a besoin de l’autre.
On ne peut en effet vraiment aimer son prochain si on n’aime pas le Seigneur, si on ne Lui donne pas la première place, si, explicitement ou implicitement, on ne se reconnaît pas dépendants de Quelqu’un de bien plus grand que nous qui est à l’origine de notre être et que nous rencontrerons pleinement à la fin de notre pèlerinage sur terre.
Sans cette paix intérieure qui vient de cette sensation que l’on éprouve à se savoir aimés par Dieu et réconciliés avec Lui, l’amour du prochain risque de graves distorsions et partialités. Sans aimer Dieu, aimer son ennemi résulte inconcevable, et alors aimer l’autre, celui qui vit au loin, celui qui est différent, devient très difficile. A la fin, il devient même très difficile d’aimer de manière intelligente les personnes qui nous entourent, de nous aimer nous-mêmes et d’aimer la création dans laquelle nous sommes plongés et nous mouvons. En effet, quand une solide relation avec Dieu vient à manquer, nous finissons pas ne plus supporter ni nos limites, ni les blessures et les aigreurs que l’existence même comporte.
D’autre part, un amour à Dieu qui voudrait s’isoler de l’être humain, serait néanmoins sa plus évidente négation. Si Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour le sauver, si la croix montre le sommet de l’amour pour l’être humain de la part de Dieu, comment un croyant en Dieu peut-il ne pas aimer l’être humain ? Comment ne pas voir que la vérification la plus sûre de notre amour envers Dieu, que nous ne voyons pas, c’est l’amour, la compassion, la tendresse envers l’être humain que nous rencontrons chaque jour ?
Comme affirmait l’apôtre Jacques : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ?  Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ?  Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte ». (Jc 2, 14-17).
A son tour saint Jean Chrysostome avertissait : « Veux-tu honorer le Corps du Christ ? Ne commence pas par le mépriser quand il est nu. Ne l’honore pas ici avec des étoffes de soie, pour le négliger dehors où il souffre du froid et de la nudité … Le corps du Christ n’a pas besoin de vêtements, mais d’âmes pures ; alors que celui qui est dehors a besoin de beaucoup de soins » (Homélie N. 5 sur l’Evangile de Saint Matthieu).
Les pharisiens, érudits, mais bloqués et incapables de s’ouvrir à la plénitude de la vérité, croyaient mettre Jésus en difficulté en lui demandant quel est le plus grand commandement. La réponse du Seigneur met au contraire face à un miroir toute conscience qui affirme croire en Dieu et l’invite à confirmer sa foi avec la miséricorde, la bonté, la générosité envers son prochain dans le besoin et envers tout le monde.
Ce sont eux les pharisiens, comme tous ceux qui se retranchent derrière une stricte observance des lois et des traditions pour en trahir sans gêne l’authentique esprit, qui sont mis en difficulté. Ils sont invités à vivre pleinement leur amour envers Dieu et envers le prochain, s’ils veulent se dire de vrais religieux.
Après les catastrophes naturelles, après le déchainement des éléments, se sont déchainés aussi la générosité, l’altruisme, la course à donner son propre temps, ses propres énergies et son propre argent pour aider les personnes les plus touchées par le séisme et dans le besoin. Pendant ce temps-là l’ensemble des pouvoirs publics, en synergie avec les associations de la société civile et les particuliers, se sont engagés dans une action commune pour porter les secours.
Je pense concrètement à l’engagement des différentes institutions publiques à commencer par la protection civile et les différentes structures locales et civiles, à la solidarité manifestée à l’Eglise de Spoleto-Norcia par le Saint-Père, par le Saint-Siège, les divers diocèses et par la conférence épiscopale. Je pense à la générosité des paroisses, des instituts et associations religieuses, et spécialement, au soutien et à la proximité dont a fait preuve la Caritas diocésaine et nationale à votre égard. Je pense à tous les citoyens qui ont apporté leur contribution directement.
Et puis il y eut l’engagement significatif des plus hautes institutions européennes pour financer l’œuvre de reconstruction de cette basilique, reconnaissant implicitement le rôle unique pour l’Europe du Christianisme et de la culture qu’il a su inspirer.
La générosité, qui ne manque pas de se manifester au lendemain des catastrophes, est aussi l’expression implicite d’une foi qui part de la reconnaissance d’être tous des frères et sœurs à aider, pour les sortir de leurs difficultés. Chaque geste de charité renferme en soi le grain de la foi et la lumière de l’espérance.
Si je dis ça ce n’est pas pour donner à tout prix une interprétation religieuse à tout geste de bonté, mais parce que, là où nous rencontrons la générosité et la charité, on perçoit aussi le bon parfum de Dieu, le doux arôme de sa présence. Qui agit par charité, même sans s’en rendre pleinement compte agit sous l’effet de Dieu, car Dieu est charité, Il est amour subsistant qui se donne librement.
En ce lieu si hautement symbolique je fais appel à toutes les institutions civiles, ecclésiales et privées pour qu’elles coopèrent avec promptitude et constance, en harmonie avec les populations touchées, afin que cette synergie montrée les premiers temps, après le séisme, se poursuive, je dirais plus s’intensifie, de manière à ce que les travaux projetés et commencés soient finis au plus vite, allégeant dans les limites du possible les procédures. Que s’accomplisse de cette façon tout ce qu’il est possible de faire pour éviter le dépeuplement de divers bourgs ébranlés plusieurs fois par les secousses sismiques, durant ces dernières décennies, avec écroulements et lésions diffuses.
J’appelle donc de mes vœux une action ferme et commune qui bougent les ressources et les intelligences pour reconstruire, en même temps que les maisons et les Eglises, aussi l’esprit des personnes, pour vaincre la peur et la résignation, deux calamités invisibles, et pourtant aussi graves qu’un tremblement de terre.
Chers frères et sœurs, je suis heureux de vous apporter les salutations et la bénédiction du Saint-Père, ainsi que sa prière et toute son affection.
Le pape, en souvenir de la visite qu’il fit à San Pellegrino de Norcia le 4 octobre 2016 et de l’audience aux populations victimes du séisme du 5 janvier dernier, vous encourage à reprendre la marche, à ne pas vous laisser abattre par les difficultés, mais à regarder avec espérance vers l’avenir. Il vous exhorte à tirer de l’exemple de votre histoire la force qui vous a toujours permis de vous relever après toute épreuve, la plus dure fut-elle.
Le Saint-Père, en vous souhaitant à tous de surmonter au plus vite les conséquences du séisme, grâce au travail et à la solidarité de tant de frères et sœurs, vous exhorte à vous tourner, dans un geste de filiale confiance en Jésus, vers sa Mère Marie, à leur ouvrir sans hésitation la porte du cœur et de l’esprit, pour recevoir, en même temps que le réconfort du Seigneur, l’énergie nécessaire pour poursuivre avec détermination et courage l’œuvre de reconstruction.
Ainsi soit-il.

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Océane Le Gall

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