« La porte pour rencontrer Jésus est de se reconnaître comme nous sommes, la vérité. Pécheurs. » C’est ce qu’a souligné le pape François lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, au Vatican, ce 21 septembre 2017. Il a fustigé ceux qui connaissent « la doctrine », savent « mieux que tout le monde comment il (faut) faire » mais oublient « le premier commandement de l’amour ».
Dans son homélie rapportée par Radio Vatican en italien, le pape a médité sur la conversion de l’apôtre saint Matthieu – fêté ce jour – avec le passage évangélique qui lui est cher et qu’il a commenté par le célèbre tableau du Caravage : Matthieu a « un œil sur Dieu » et l’autre « sur l’argent ». Mais Jésus « l’a regardé avec tant d’amour » que la résistance « tombe ». « C’est la lutte entre la miséricorde et le péché ».
L’amour de Jésus, a souligné le pape – qui lui-même a entendu son appel au sacerdoce le jour de la fête de l’évangéliste, en 1953 – a pu entrer dans son cœur parce qu’il « savait qu’il était pécheur », il savait « qu’il n’était aimé par personne » et « cette conscience de pécheur ouvre la porte à la miséricorde de Jésus ».
De même que « la première condition pour être sauvé » est de « se sentir en danger », « la première condition pour être guéri » est de « se sentir malade, ainsi « se sentir pécheur est la première condition pour recevoir ce regard de miséricorde ». « La porte pour rencontrer Jésus est de se reconnaître comme nous sommes, la vérité. Pécheurs. »
« Pensons au regard de Jésus, si beau, si bon, si miséricordieux, a encouragé le pape. Et nous aussi, lorsque nous prions, nous sentons ce regard sur nous ; c’est le regard de l’amour, le regard de la miséricorde, le regard qui nous sauve. Ne pas avoir peur. »
Le scandale du ‘Mais comment se fait-il ?’
Après la rencontre, la deuxième étape est « la fête » : « la fête de la rencontre du Père, la fête de la miséricorde ». Jésus « gaspille sa miséricorde » pour tous. Mais vient aussi le « scandale » relevé par les pharisiens : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? »
« Un scandale commence toujours par cette phrase : ‘Mais comment se fait-il ?’ », a fait observer le pape : « Quand vous entendez cette phrase, ça sent le roussi. »
Ces pharisiens connaissaient très bien « la doctrine », ils savaient « mieux que tout le monde comment il fallait faire » mais « ils avaient oublié le premier commandement de l’amour ». Ils croyaient que le salut venait d’eux-mêmes : « Non ! a insisté le pape François. C’est Dieu qui sauve. C’est Jésus-Christ qui sauve. »
Le pape a dénoncé « ce ‘comment se fait-il’ que nous avons si souvent entendu parmi les fidèles catholiques quand ils voyaient des œuvres de miséricorde. Comment se fait-il ?… Il y en a beaucoup, beaucoup … il disent : ‘Non, ce n’est pas possible, tout est clair, non, non … ce sont des pécheurs, il faut les éloigner’. Tant de saints aussi ont été persécutés ou suspectés. Pensons à sainte Jeanne d’Arc, envoyée au bûcher, parce qu’ils pensaient que c’était une sorcière… pensez à sainte Thérèse, suspectée d’hérésie… »
Pour le pape, la réponse de Jésus est claire : « ‘Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs’. Si tu veux être appelé par Jésus, reconnais-toi pécheur ».
Il s’agit de se reconnaître pécheur, non pas dans l’abstrait mais avec « des péchés concrets », a-t-il conclu : « chacun de nous en a besoin ». « Laissons-nous regarder par Jésus de ce regard miséricordieux plein d’amour… Il est si beau de rencontrer Jésus ! »
Messe à Sainte-Marthe © L'Osservatore Romano
Sainte-Marthe : la porte pour rencontrer Jésus
Se reconnaître tel que l’on est, pécheur