Sainte-Marthe, janvier 2020 © Vatican Media

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Sainte-Marthe: une prière pour vaincre la jalousie

Et revenir à la réalité

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« La jalousie et l’envie tuent » avertit le pape François qui propose le remède: demander dans la prière « un coeur transparent » assoiffé de « justice » et de « paix ». Il démonte le rôle de l’imagination dans le travail intérieur de la jalousie, dont Dieu délivre en la faisant éclater « comme une bulle de savon », en ramenant à la « réalité ».

Le pape a en effet commenté un épisode de Livre de Samuel lors de sa messe matinale en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican, ce vendredi 24 janvier 2020.

Dans un tweet @Pontifex résume: « L’envie et la jalousie sont des semences qui engendrent la guerre. Demandons au Seigneur la grâce d’un coeur transparent comme celui de David, un coeur transparent qui cherche la justice et la paix »#HomélieSainteMarthe

Identifier la source du murmure

Le pape a invité tout d’abord à identifier ce qui se passe quand la jalousie se manifeste intérieurement : « Quand  nous ressentons cette antipathie envers quelqu’un, demandons-nous : “Pourquoi est-ce que je ressens cela ?”. » Le pape recommande de refuser le « murmure intérieur »  qui est « sans consistance » et pousse à mal penser: « cela fait grandir la bulle de savon ».

Et il indique la « grâce à demander » dans la prière: « Demandons au Seigneur la grâce d’avoir un coeur transparent comme celui de David. Un coeur transparent qui ne recherche que la justice, qui recherche la paix. Un coeur amical, un coeur qui ne veut tuer personne, parce que la jalousie et l’envie tuent. »

La jalousie et l’imaginaire

Il fait observer que « l’inquiétude de la jalousie » de Saül commence comme « un ver qui ronge de l’intérieur », et, dans le récit biblique, il « sort avec son armée pour tuer David ».

Le pape diagnostique l’effet mortifère de l’envie:  « Les jalousies sont criminelles, elles cherchent toujours à tuer ». Il prévient cette objection: « Oui, je suis jaloux, mais je ne suis pas un assassin ». Il répond: « Maintenant ! Mais si tu continues, cela peut mal finir », l’on « tue » aussi « par la langue, par la calomnie ».

Il décrit encore la jalousie qui fait qu’on « se parle avec soi-même ». Or, dans le « murmure avec lui-même », le jaloux se révèle « incapable de voir la réalité » et seul « un fait très fort » peut l’éclairer. Dans le cas de Saül, « la jalousie lui a fait croire que David était un assassin, un ennemi ».

Pour le pape, il en est de même pour chacun: « Quand nous sommes pris par l’envie, la jalousie, nous faisons cela, hein ! Que chacun de nous réfléchisse : “Pourquoi cette personne m’est-elle insupportable ? Pourquoi cette autre personne, je ne veux pas non plus la voir ? Pourquoi telle autre…” Que chacun de nous se demande pourquoi. Bien souvent, nous chercherons le pourquoi et nous trouverons que c’est notre imagination. L’imagination, mais qui grandit dans ce murmure avec moi-même ».

L’intervention de Dieu libère

Il revient à l’exemple biblique: « C’est une grâce de Dieu quand le jaloux rencontre une réalité, comme cela s’est produit pour Saül : la jalousie  éclate comme une bulle de savon, parce que la jalousie et l’envie n’ont pas de consistance. »

Le pape rappelle que Dieu avait dit à Saül « que s’il n’obéissait pas, il lui enlèverait son royaume, mais il l’aimait bien », c’est pourquoi « il lui fait la grâce de faire éclater cette bulle de savon sans consistance ».

Saül tombe en effet à la merci de David qui se refuse à en profiter pour tuer le roi: « Jamais je ne mettrai la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ».  C’est là que se manifeste « la noblesse de David devant la jalousie assassine de Saül », commente le pape qui raconte: « David demande à Saül: « Pourquoi écoutes-tu les gens qui te disent : “David te veut du mal ?” Et il lui montre l’ourlet de son manteau en disant : “J’aurais pu te tuer. Non, je ne l’ai pas fait”. » C’est cette preuve de la loyauté de David qui fait « éclater la bulle de savon de la jalousie de Saül ». Il reconnaît David « comme s’il était son fils » et il « revient à la réalité » en disant : “Tu es plus juste que moi, parce que tu m’as fait du bien, tandis que moi, je t’ai fait du mal”. »

L’antidote, c’est la réalité

Lorsque la jalousie se fait sentir, le pape François recommande de se demander: « Qu’y a-t-il en moi ? Y a-t-il le ver de la jalousie qui grandit, parce qu’il a quelque chose que je n’ai pas ou bien y a-t-il une colère cachée ? »

Il invite à « protéger le coeur de cette maladie, de ce murmure avec moi-même, qui fait grandir cette bulle de savon qui n’a en fait pas de consistance, mais fait tant de mal ».

Plus encore, lorsque l’on rencontre la jalousie d’un autre, voici un remède: quand quelqu’un vient « dire du mal d’un autre », il s’agit de lui faire comprendre qu’il ne parle « pas sereinement », mais « avec passion », ce qui est le signe « du mal de l’envie et le mal de la jalousie ».

Voilà donc la mise en garde du pape François: « Faisons attention, parce que c’est un ver qui entre dans notre coeur à tous, à tous ! Et qui nous pousse à mal juger les gens, parce qu’à l’intérieur, il y a une compétition : il a une chose que je n’ai pas. Et la compétition commence comme cela. Elle nous pousse à écarter les gens, elle nous pousse à la guerre : une guerre domestique, une guerre de quartier, une guerre sur le lieu de travail. Mais c’est justement à l’origine, c’est une semence de guerre : l’envie et la jalousie. »

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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