Paolo Ruffini © Vatican Media

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« Retrouver le sens de l’histoire et du récit », par Paolo Ruffini

A quoi sert la narration?

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« Retrouver le sens de l’histoire et du récit »: c’est ce que recommande aux media Paolo Ruffini, préfet du dicastère du Saint-Siège pour la communication, dans un éditorial publié dans L’Osservatore Romano du 25 janvier et sur Radio Vatican, à propos du message du pape François pour la 54e Journée mondiale des communications sociales, publié ce 24 janvier 2020.

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«Dans la confusion des voix et des messages qui nous entourent, nous avons besoin d’un récit humain, qui parle de nous et de la beauté qui nous habite».

«Même lorsque nous racontons le mal, nous pouvons apprendre à laisser de l’espace à la rédemption, nous pouvons aussi reconnaître, au milieu du mal, le dynamisme du bien et lui faire de la place».

Entre ces deux phrases -la première se trouve au début du message pour la 54e Journée mondiale des communications sociales, et l’autre se situe vers la fin du même texte-  le Pape François nous ramène, avec ses mots, à l’essence d’un thème autour duquel nous tournons en rond depuis si longtemps. Comme dans un vortex qui risque de nous faire perdre la boussole, l’étoile polaire ou la direction ; avec le paradoxe d’une ère de la communication risquant de coïncider avec celle de l’incommunicabilité ; ou du triomphe des Big data avec la défaite de la sagesse nécessaire pour lire et raconter le sens de chaque histoire, et avec lui, la signification de l’Histoire.

La narration vient du latin gnarus, connaitre, faire expérience. Mais sans la capacité de ramener l’expérience à l’unité, il n’est point ni sagesse, ni même de connaissance ; tout est réduit à une liste vide de sens.

C’est à cela que sert la narration.

Seule l’histoire (toujours, même en science, il faut une hypothèse de recherche, une clé de lecture des choses) est capable de révéler ce qui n’est pas immédiatement visible aux yeux, ce qui est caché, ce qui nécessite le temps de la connaissance pour être révélé.

Avec son message, le Pape s’adresse aux communicants, certes, aux journalistes, certes, mais il s’adresse en général à tout le monde. Parce que nous communiquons tous. Nous sommes tous responsables du monde que notre récit est en train de broder.

Nos récits sont infinis. Ils sont écrits, parlés, filmés ; tissus de mots, d’images, de musique ; mémoire du passé et vision de l’avenir.

Nos histoires sont la vie que nous transmettons.

Et à tous, le Pape demande quelle est l’histoire que nous nous racontons ? Combien l’avons-nous réellement vécue, méditée, réfléchie, comprise, avant de la raconter ? Est-ce une histoire vraie ? Est-ce une histoire dynamique ? Ou est-ce une fausse histoire ? S’agit-il d’une histoire figée ? Est-ce une histoire où l’on trouve l’homme et le mystère qui l’entoure, ou est-ce une histoire qui efface notre humanité ? Est-ce une histoire bien ou mal racontée ? S’agit-il d’une histoire ouverte à l’espérance ou d’une histoire fermée ? Est-ce une histoire qui accueille le mal ou qui cherche toujours, dans chaque situation, l’étincelle du bien capable de le racheter ?

Toutes les histoires ne sont comprises qu’à la fin. Quelle est la fin de nos histoires ? Quelle place est laissée au mystère de Dieu, à la possibilité de la rédemption ?

Où est la sagesse du récit ? «Les grands sages du passé – a écrit le pape dans Laudato Si’ – risqueraient de voir leur sagesse étouffée au milieu du bruit dispersif de l’information. … La vraie sagesse, fruit de la réflexion, du dialogue et de la rencontre généreuse entre les hommes, ne s’acquiert pas par une simple accumulation de données qui finissent par saturer et se confondre, dans une sorte de pollution mentale».

Nous ne réalisons pas toujours l’importance du rôle de la communication (et de chacun d’entre nous lorsque nous communiquons) en tant qu’instrument de compréhension ou d’incompréhension, instrument qui construit ou détruit une conscience responsable, qui nourrit ou appauvrit nos identités en devenir.

A partir de ces questions, de cette prise de responsabilité qui nous concerne tous, nous pouvons reprendre la route. Et la reprendre, en tant que croyants, avec la conscience d’un événement qui a changé l’Histoire, en l’éclairant dans le mystère de Dieu qui se fait homme précisément pour la racheter. Face à ce mystère, les Rois Mages, conscients de cette sagesse que nous risquons de perdre dans la tourmente de nos vies, pour protéger l’histoire qui leur avait été révélée et l’Enfant Dieu qui l’incarnait, ont été avertis en rêve que pour rentrer chez eux, il fallait choisir une autre voie. Il convient que nous aussi, afin de trouver le lieu qui préserve le sens de l’histoire et du récit, nous choisissions un chemin différent de celui qui nous a menés jusqu’ici. Pour recommencer, il faut un autre chemin, une autre histoire, une autre façon de voir, de raconter, de faire mémoire, de construire.

Copyright – Paolo Ruffini @Vatican News

 

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Rédaction

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