Retraite de carême : «Le ministère de l’encouragement» dans l’Eglise

Ou «la traversée de la nuit», par le p. Pietro Bovati SJ

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Pour aider à traverser la « nuit », la nuit de l’Exode et la nuit de Pâques, les « nuits » spirituelles, il est un « ministère de l’encouragement » à exercer: le p. Pietro Bovati prêche, à Ariccia (Italie), depuis dimanche et jusqu’à vendredi matin, 6 mars 2020 la retraite de carême du pape François et de ses collaborateurs.

C’était la sixième méditation, mercredi matin, 4 mars, consacrée à la « traversée de la nuit » (Ex 14.1-31; Mt 14.22-32; Ps 124). Une synthèse en est publiée par L’Osservatore Romano en italien.

Le Vatican a publié les thèmes des 10 méditations sur le thème général du Buisson ardent : « « Le buisson brûlait en raison du feu » (Exode 3,2). La rencontre entre Dieu et l’homme, à la lumière du Livre de l’Exode, de l’Évangile de Matthieu et de la prière des Psaumes ».

« L’intention générale de cette journée de prière est d’accueillir le sens spirituel de certaines histoires » des Écritures, en tirant des indications qui nous aideront dans la mission que le Seigneur nous a confiée avec notre appel sacerdotal et avec l’appel à la responsabilité dans l’Église », a annoncé le jésuite italien.

Comme à Pâques, le chemin passe par « un passage étroit » qui « inspire la peur et même un rejet ». Mais il existe un antidote à cette peur, c’est, dit le prédicateur, « la Parole de Dieu qui fait irruption dans l’histoire » humaine et elle indique un chemin de « traversée de la nuit ». Car si la nuit dit « obscurité » elle se révèle aussi comme « le lieu du mystère où Dieu se manifeste ».

Le ministère de l’encouragement

Dans l’Exode, Moïse, « serviteur de Dieu », « obéissant », « courageux », « docile », source de « docilité pour les autres », constitue un « modèle à imiter ».

En effet, dans le désert, « le chemin est long et, en effet, apparemment contradictoire », accompagné d’échec, le « processus de libération » soit perçu comme « une tromperie, une sorte de piège », qui mène au murmure.

Le prédicateur a décrit l’expérience de la limite de la condition humaine : « les gens ont peur parce qu’ils se sentent poussière, comme l’herbe des champs, un souffle éphémère : c’est l’expérience de tout homme ». D’où un sentiment de « déception » de la « perte d’une promesse » après un chemin prometteur qui se transforme en « un état pire que le précédent ». En d’autres termes, traduit le p. Bovati : « mieux vaut un esclave vivant qu’une personne libre tuée ».

Les baptisés passent aujourd’hui aussi par cette expérience : ceux qui « essaient de marcher sur la route » de l’Evangile « éprouvent de la peur, du découragement, souvent de la déception, car ils ne voient pas les bienfaits promis ».

Dans cette situation, que fait le « serviteur de Dieu » ? Moïse ne fait pas de reproches, a fait observer le p. Bovati, ni n’accuse « de lâcheté, d’incohérence, d’ingratitude, de folie », il « n’abandonne pas les plus craintifs pour ne choisir que les plus courageux », comme si ceux qui auraient « peur » n’étaient pas aptes à ce chemin spirituel.

Au contraire il exerce le « ministère de l’encouragement », par des paroles qui incitent à « la confiance » : « la mission de l’homme de Dieu est de donner de la force à ceux qui sont incertains, en insufflant du courage par la foi en Dieu, c’est-à-dire en faisant que le cœur mette sa confiance dans le Seigneur, en sa présence et dans son intervention ».

La consolation spirituelle

C’est, précise le p. Bovati, une parole de « consolation », un terme qu’il explicite : la consolation « n’a rien à voir avec un simple ‘contentement’ en cas de difficulté ou même de désastre ». Il avertit : « le pouvoir donné à Moïse n’est pas un pouvoir magique, ce n’est pas une baguette magique qui fait ce qui plaît à qui la manipule ; la puissance divine conférée au prophète réalise des événements prodigieux parce qu’en premier lieu ce sont des médiations de salut pour les autres, pour les sans-défense ; elles ne visent que le bien des pauvres : c’est donc un pouvoir d’amour, miséricordieux ».

Le bibliste italien a fait ensuite le parallèle entre ce passage de l’Exode et l’évangile de Matthieu, au chapitre 14, avec la traversée de la mer, la barque prise dans la tempête et Jésus qui marche sur les eaux : « le thème de la traversée, du danger, de la nuit, de la peur et de l’intervention du Sauveur revient » car « les disciples sont seuls, effrayés, et quand ils voient Jésus venir vers eux, au bout de la nuit, marcher sur la mer, au lieu de les rassurer, cela accentue leur consternation et leur peur car ils croient vivre une expérience trompeuse et terrifiante, comme celle de l’apparition d’un fantôme, signe de mort ».

Le p. Bovati fait une lecture précise de l’enchaînement du récit. Tout d’abord, Jésus les encourage : « N’ayez pas peur ». Il en tire une conséquence pour les témoins du Christ aujourd’hui : il s’agit d’« entrer dans les maisons pour dire: ‘c’est moi qui vous aime, qui vous apporte la consolation du Seigneur’, grâce à la consolation dont nous avons nous-mêmes été consolés ».

Matthieu raconte ensuite, poursuit le prédicateur, que Jésus « marche sur l’eau et demande à Pierre de faire la même expérience », il est « une figure du disciple et de toute l’Église appelée à aller vers le Seigneur, à vaincre la peur, vaincre les forces de la mort qui veulent submerger la créature humaine ».

Pour le p. Bovati, « ceux qui est médiateur dans l’histoire fera ce que Jésus a fait, appelant les gens à marcher courageusement sur les vagues et à faire ainsi l’expérience de la possibilité et la réalité de la victoire de la vie sur les dangers et la violence du mal ».

Un ministère de miséricorde

En d’autres termes, « c’est avant tout un ministère miséricordieux », a fait remarquer le jésuite, car « c’est le chemin qui mène à la vie ».

Il est « miséricordieux » également « parce qu’il soutient ceux qui ont peu de foi, ceux qui vacillent, ceux qui ont peur de succomber ».

C’est ainsi que l’histoire humaine avance : « dans l’histoire, nous voyons la main du Christ, la figure de la main puissante de Dieu tendant la main à l’homme de peu de foi, le sauvant des vagues et lui apportant la paix et à l’ensemble de la barque, en sorte que tous accèdent à la confession de louange en disant: ‘vraiment, tu es le Fils de Dieu!’ ».

Le disciple du Christ est appelé à la même mission : « Ce bras tendu vers le bras faible de l’incertain, de l’incrédule, du faible c’est aussi la tâche de la charité apostolique, car c’est le chemin de la figure de ‘l’Exode’ : que le bras de Moïse devienne le bras du serviteur de Dieu, qui puisse donner, en tant que ministre du Très-Haut, le salut à l’histoire humaine ».

Le p. Bovati a suggéré en conclusion de revenir au psaume 124, « comme une prière de louange pour le Seigneur qui nous libère, qui sauve: Il est le créateur, cependant à l’œuvre dans l’histoire; Il est le Seigneur, et s’il n’était pas ‘Celui qui est’, nous aurions péri dans les eaux profondes. Mais les eaux ne nous ont pas submergés: le lien s’est rompu et nous avons échappé ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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