Le Saint-Siège se félicite des « efforts honnêtes » déployés pour « édifier le Pacte mondial sur les bases solides des principes et obligations internationaux qui garantissent le respect de la dignité humaine de tous les migrants, dans le plein respect de la souveraineté de tous les États membres ». Ce premier cadre global sur la migration, rappelle Mgr Auza, « servira de point de référence international pour les meilleures pratiques et la coopération internationale dans la gestion globale de la migration ».
Mgr Bernardito Auza a pris position après l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies d’entériner les conclusions de la Conférence internationale pour l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, au siège des Nations Unies, à New York, le 19 décembre 2018.
Mgr Auza exprime toutefois « un certain nombre de réserves et de commentaires sur les documents et références cités dans le Pacte » et qui « contiennent une terminologie, des principes et des lignes directrices qui ne font pas l’objet d’un accord ». Il s’agit des concepts de « santé sexuelle et reproductive » et « services de santé sexuelle et reproductive », ainsi que d’interprétations « idéologiques » du terme « genre ». Enfin, le « dispositif minimum d’urgence » peut être au service de l’avortement.
Voici notre traduction de la déclaration de Mgr Auza.
HG
Déclaration de Mgr Bernardito Auza
Madame la Présidente,
Le Saint-Siège se félicite de l’adoption de cette résolution par l’Assemblée générale, qui entérine les conclusions de la Conférence internationale pour l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, le 10 décembre à Marrakech, au Maroc.
Tout au long du processus de négociation, des efforts honnêtes ont été déployés pour édifier le Pacte mondial sur les bases solides des principes et obligations internationaux qui garantissent le respect de la dignité humaine de tous les migrants, dans le plein respect de la souveraineté de tous les États membres.
Ce tout premier cadre global sur la migration servira de point de référence international pour les meilleures pratiques et la coopération internationale dans la gestion globale de la migration. Il permettra à tous, y compris aux gouvernements et aux institutions et organisations non gouvernementales, de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontées les personnes en déplacement, en encourageant les gouvernements à assumer leurs responsabilités communes, en particulier envers ceux qui ont le plus besoin de notre solidarité.
Le Pape François résume ces responsabilités communes et l’appel à la solidarité avec les quatre verbes accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Il nous a rappelé qu’avant les défis des mouvements migratoires contemporains, « la seule réponse raisonnable est celle de la solidarité et de la miséricorde ; une réponse moins axée sur les calculs que sur la nécessité d’une répartition équitable des responsabilités, une évaluation honnête et sincère des alternatives et une gestion prudente » [1].
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège, tout en ayant voté conformément à sa nature et à sa mission particulière pour l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières à Marrakech, souhaite formuler un certain nombre de réserves et de commentaires sur les documents et références ci-après cités dans le Pacte :
- Le Saint-Siège souhaite qu’il soit pris acte du fait que, au cours des négociations intergouvernementales qui ont abouti à la récente adoption du texte du Pacte mondial, il avigoureusement et systématiquement demandé la suppression des références générales aux Principes et directives du Groupe mondial sur la migration au paragraphe 23 (l), aux Principes et directives du HCDH au paragraphe 27 (g) et au Cadre des priorités et principes directeurs de l’OMS au paragraphe 31 (e), ces documents ne constituant pas le résultat de négociations intergouvernementales. En effet, ils contiennent une terminologie, des principes et des lignes directrices qui ne font pas l’objet d’un accord, ce qui tend à compromettre la nature intergouvernementale du processus et la transparence nécessaire pour parvenir à un consensus.
- En ce qui concerne les références aux Principes et directives du Groupe mondial sur la migration au paragraphe 23 (l), aux Principes et directives du HCDH au paragraphe 27 (g) et au Cadre de priorités et principes directeurs de l’OMS au paragraphe 31 (e), le Saint-Siège considère que les termes « santé sexuelle et reproductive » et « services de santé sexuelle et reproductive » sont applicables à un concept global de la santé [2]. Nous ne considérons pas l’avortement, l’accès à l’avortement ou l’accès aux abortifs comme une dimension de ces termes [3].
- Le Saint-Siège rejette ce qu’il est convenu d’appeler le « dispositif minimum d’urgence » (DMU) recommandé dans le Cadre de priorités et principes directeurs de l’OMS comme faisant partie des « services de santé essentiels » [4], en particulier parce que certains des kits du DMU contiennent des abortifs et des outils pour pratiquer un avortement.
- Le Saint-Siège comprend le terme « genre » comme étant fondé sur l’identité sexuelle biologique, masculine ou féminine. Le Saint-Siège exclut ainsi les interprétations étrangères et nouvelles fondées sur des idéologies qui affirment que l’identité sexuelle peut être adaptée indéfiniment à des fins nouvelles et différentes.
Le Saint-Siège demande que ces remarques soient consignées dans le compte rendu de cette séance de l’Assemblée générale.
Merci, Monsieur le Président.
- Pape François, Homélie pendant la messe pour les migrants, Basilique Saint-Pierre, Vatican, 6 juillet 2018.
- Cf. les réserves du Saint-Siège au Programme d’action adopté à la Conférence internationale sur la population et le développement, Le Caire, 13 septembre 1994.
- Cf. les réserves du Saint-Siège aux documents adoptés lors de la quatrième Conférence mondiale des femmes, Pékin, 15 septembre 1995.
- OMS, Cadre de priorités et principes directeurs visant à promouvoir la santé des réfugiés et des migrants, D.7.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat