Baptême dans l’Esprit, louange et service, voilà trois caractéristique du Renouveau charismatique catholique, selon le pape François.
Quelque 50 000 membres de mouvements charismatiques du monde entier ont entouré le pape François au Circo Massimo de Rome, le 3 juin 2017, à la veille de la fête de la Pentecôte. Un véritable cénacle « à ciel ouvert, parce que nous n’avons pas peur », a affirmé le pape qui avait convoqué ce rassemblement à l’occasion du Jubilé d’or du Renouveau charismatique catholique.
Au début de la rencontre, entouré de responsables de mouvements charismatiques – y compris d’autres confessions chrétiennes – le pape, qui a témoigné à prière reprises qu’il avait lui-même reçu le « baptême dans l’Esprit Saint » à Buenos Aires, s’est joint à la foule venue de 130 pays, pour un hymne de louange, les mains ouvertes.
« Merci pour le témoignage que vous donnez ici, aujourd’hui. Cela fait du bien à tous, cela me fait du bien à moi aussi », a-t-il confié en ouvrant sa méditation depuis le podium où de grandes bannières proclamaient « Jésus est Seigneur ».
Voici notre traduction intégrale, de l’italien, de l’allocution du pape François.
AB/AK
Allocution du pape François
Frères et sœurs, merci pour le témoignage que vous donnez aujourd’hui, ici : merci ! Cela fait du bien à tous, y compris à moi, à tous !
Dans le premier chapitre des Actes des Apôtres nous pouvons lire : « Pendant qu’il était à table avec eux, il leur ordonna de ne pas s’éloigner de Jérusalem, et d’attendre l’accomplissement de la promesse du Père, celle que – dit-il- vous avez entendue de moi : Jean baptisait avec l’eau, par contre, dans peu de temps, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint » (Ac 1,4-5).
« Quand arriva le jour de la Pentecôte, ils se trouvaient tous ensemble dans le même lieu. Quand soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison ou ils étaient assis en fut remplie toute entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis de l’Esprit Saint : ils commencèrent à parler d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » (Ac 2,1-4).
Aujourd’hui nous sommes comme dans un Cénacle à ciel ouvert, parce que nous n’avons pas peur : à ciel ouvert, mais aussi avec le cœur ouvert à la promesse du Père. Nous sommes réunis « nous tous croyants », tous ceux qui professent que « Jésus est le Seigneur », « Jesus is the Lord ». Beaucoup sont venus de nombreuses régions du monde et l’Esprit Saint nous a réunis pour établir des liens d’amitié fraternelle qui nous encouragent sur le chemin de l’unité, l’unité pour la mission – non pas pour être immobiles ! -, pour la mission, pour proclamer que Jésus est le Seigneur – « Jesus es el Señor » – pour annoncer ensemble l’amour du Père pour tous ses enfants ! Pour annoncer la Bonne Nouvelle à tous les peuples ! Pour démontrer que la paix est possible. Ce n’est pas si facile de démontrer à ce monde d’aujourd’hui que la paix est possible, mais au nom de Jésus nous pouvons démontrer par notre témoignage que la paix est possible ! Mais ce n’est possible que si nous sommes en paix entre nous. Si nous insistons sur les différences, nous sommes en guerre entre nous et nous ne pouvons pas annoncer la Paix. La paix est possible grâce à notre confession que Jésus est le Seigneur et par notre évangélisation sur ce chemin. C’est possible. Même en montrant que nous avons des différences – c’est évident, nous avons des différences -, mais que nous désirons être « une diversité réconciliée ». Ces paroles ne sont pas de moi, elles ne sont pas de moi. Elles sont d’un frère luthérien. « Diversité réconciliée ».
Et maintenant nous sommes ici nombreux ! Nous nous sommes réunis pour prier ensemble, pour demander la venue de l’Esprit Saint sur chacun d’entre nous pour sortir dans les rues de la ville et du monde à proclamer le règne de Jésus Christ.
Le livre de Actes déclare : « Nous sommes Parthes, Mèdes, élamites, habitants de Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, Le Pont et de l’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et de la partie de la Libye voisine de Cyrène, Romains résidents ici, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, et nous les entendons parler dans nos langues des grandes œuvres de Dieu » (Ac 2,9-11). Parler la même langue, écouter, comprendre … Il y a des différences, mais l’Esprit Saint nous fait comprendre le message de la résurrection de Jésus dans notre propre langue.
Nous sommes réunis ici croyants en provenance de 120 pays du monde, pour célébrer l’œuvre souveraine de l’Esprit Saint dans l’Église, qui prit son départ il y a 50 ans et a donné naissance … à une institution ? Non ! A une organisation ? Non ! A un courant de grâce, au courant de grâce du Renouveau charismatique catholique, œuvre qui est née … catholique ? Non ! Elle est née œcuménique parce que l’Esprit Saint a créé l’unité et c’est ce même Esprit Saint qui a donné l’inspiration pour qu’il en soit ainsi ! C’est important de lire les œuvres du cardinal Suenens sur ce sujet : c’est très important !
La venue de l’Esprit Saint transforme les hommes fermés du fait de la peur en de courageux témoins de Jésus. Pierre, qui avait renié Jésus trois fois, rempli de la force de l’Esprit Saint a proclamé : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Ac 2,36). C’est la profession de foi de tous les chrétiens ! Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez et qui a été crucifié. Vous êtes d’accord sur cette profession de foi ? [ils répondent : OUI!]. C’est la nôtre, à tous, tous, la même !
La Parole poursuit en disant : « Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils vendaient : ils aidaient les pauvres. Quelques un étaient malhonnêtes – on pense à Ananie et Saphire, il y en a toujours -, mais tous les croyants, la majorité, s’aidaient. Ils étaient chaque jour, tous ensemble, assidus au Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Ac 2,44-47).
La communauté croissait et l’Esprit les inspirait. J’aime beaucoup de penser à Philippe, quand l’ange lui dit : « Va sur la route de Gaza et trouve ce prosélyte, ministre de l’économie de la reine d’Ethiopie, Candace. C’était un prosélyte et il lisait Isaïe. Philippe lui expliqua la parole, proclama Jésus, et il se convertit. A un certain moment il dit : « Mais, ici il y a de l’eau : je veux être baptisé ». C’était l’Esprit Saint qui avait poussé Philippe à venir là, dès le début, c’est l’Esprit qui a poussé tous les croyants à proclamer le Seigneur.
Aujourd’hui nous avons choisi de nous réunir ici, dans cet endroit – c’est ce qu’a dit le Pasteur Traettino – parce que ici, pendant les persécutions, ont été martyrisés des chrétiens, pour le divertissement de ceux qui étaient là à regarder. Aujourd’hui il y a plus de martyrs qu’hier ! Aujourd’hui il y a plus de martyrs, chrétiens. Ceux qui tuent les chrétiens, avant de les tuer ils ne demandent leur pas : « Tu es orthodoxe ? Tu es catholique? Tu es évangéliste ? Tu es luthérien? Tu es calviniste ? Non, « Tu es chrétien ? » – « Oui » : égorgé, tout de suite. Aujourd’hui il y a plus de chrétiens que pendant les premiers temps. Ça c’est l’œcuménisme du sang : il y unit le témoignage de nos martyrs d’aujourd’hui. En différents endroits du monde le sang chrétien est versé ! Aujourd’hui, l’unité des chrétiens est plus urgente que jamais, unis par l’opération de l’Esprit Saint, dans la prière et dans l’action pour les plus pauvres. Avancer ensemble, travailler ensemble ; nous aimer. Nous aimer. Ensemble chercher à expliquer les différences, nous mettre d’accord, mais en marchant ! Si nous restons immobiles, sans avancer, jamais, jamais nous nous mettrons d’accord. C’est ainsi, parce que l’Esprit veut nous voir avancer.
Cinquante ans de Renouveau charismatique catholique. Un courant de la grâce de l’Esprit ! Pourquoi courant de grâce ? Parce qu’il n’a ni fondateur, ni organisme de gouvernement. Evidemment, de nombreuses expressions sont nées dans ce courant qui, certes, sont des œuvres humaines inspirées de l’Esprit, avec de nombreux charismes, tous au service de l’Église. Contre un courant on ne peut pas opposer de digues, on ne peut pas non plus mettre l’Esprit en cage !
Cinquante années sont passées. Quand on atteint cet âge les forces commencent à décliner. C’est la moitié de la vie – dans mon pays on dit « el cinquentazo » -, les rides deviennent plus profondes – à moins que tu ne te maquilles, mais les rides, elles sont là – les cheveux gris augmentent et nous commençons aussi à oublier des choses …
Cinquante ans c’est un moment de la vie fait pour s’arrêter et réfléchir. C’est le moment de la réflexion : le milieu de la vie. Je vous dirais : c’est le moment d’aller de l’avant avec plus de force, en libérant nos épaules de la poussière du temps que nous avons laissé s’accumuler, en remerciant pour ce que nous avons reçu et en affrontant le temps nouveau avec confiance dans l’action de l’Esprit Saint !
La Pentecôte a fait naître l’Église. L’Esprit Saint, la promesse du Père annoncée par Jésus Christ, c’est lui qui fait l’Église : l’épouse de l’Apocalypse, une épouse unique ! Le Pasteur Traettino l’a dit : le Seigneur a une épouse !
Le don le plus précieux que nous avons tous reçu, c’est le Baptême. Et maintenant, l’Esprit nous conduit sur le chemin de la conversion qui traverse tout le monde chrétien et qui est un motif supplémentaire pour que le Renouveau charismatique catholique d’être un lieu privilégié pour marcher sur le chemin de l’unité !
Ce courant de grâce est pour toute l’Église, pas seulement pour quelques-uns, et personne parmi nous est le « patron » et tous les autres des serviteurs. Non. Tous nous sommes des serviteurs de ce courant de grâce.
Par cette expérience, vous rappelez continuellement à l’Église le pouvoir de la prière de louange. Louange qui est la prière de gratitude et d’action de grâce pour l’amour gratuit de Dieu. Peut-être cette façon de prier ne plaît-elle pas à certains, mais c’est sûr qu’elle s’insère pleinement dans la tradition biblique. Par exemple, les Psaumes : David qui danse devant l’Arche d’Alliance, rempli de joie … S’il vous plaît, ne tombons pas dans l’attitude des chrétiens ayant « le complexe de Micol », qui avait honte de la façon de louer Dieu de David [dansant devant l’Arche].
Jubilation, allégresse, joie fruit de la même action de l’Esprit Saint ! Ou bien le chrétien expérimente la joie dans son cœur, ou alors il y a quelque chose qui ne va pas. La joie de l’annonce de la Bonne Nouvelle de l’Évangile !
Dans la Synagogue de Nazareth, Jésus lit le passage d’Isaïe. Je lis : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur » (Lc 4,18-19 ; c.fr Is 61,1-2). L’annonce joyeuse : ne pas oublier cela. L’annonce joyeuse ; l’annonce chrétienne est toujours joyeuse
Le troisième document de Malines, « Renouveau charismatique et service de l’homme », écrit par le cardinal Suenens et par don Helder Camara, est clair : renouveau charismatique et aussi service de l’homme
Baptême dans l’Esprit Saint, louange, service de l’homme. Ce sont trois choses indissolublement unies. Je peux faire des louanges de manière profonde, mais si je n’aide pas les plus nécessiteux, cela ne suffit pas. « Aucun parmi eux n’était dans le besoin » (Ac 4,34), disait le Livre des Actes.
Nous ne serons pas jugés sur notre louange mais sur ce que nous avons fait pour Jésus. « Mais Seigneur, quand l’avons-nous fait à toi ? Quand vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que l’avez fait » (cf. Mt 25,39-40).
Chers sœurs et chers frères, je vous souhaite un temps de réflexion, de mémoire des origines ; un temps pour laisser tomber des épaules toutes les choses ajoutées par vous-même et de les transformer en écoute et accueil joyeux de l’Action de l’Esprit Saint, qui souffle où et comme il veut !
Je remercie la Fraternité Catholique et l’ICCRS pour l’organisation de ce Jubilé d’Or, pour cette veillée. Je remercie chacun des bénévoles qui l’ont rendue possible, beaucoup parmi eux sont ici. Quand je suis arrivé, j’ai voulu saluer les membres du staff du bureau, parce que je sais qu’ils ont beaucoup travaillé ! Sans salaire ! Ils ont beaucoup travaillé. La plupart sont des jeunes de différents continents ! Que le Seigneur les bénisse !
Je remercie en particulier parce que la demande que je vous ai faite il y a deux ans, de donner au Renouveau Charismatique mondial un service international unique de base a commencé à se concrétiser dans les Actes Constitutifs de ce service nouveau et unique. C’est un premier pas, d’autres suivront, cependant dans peu de temps l’union, œuvre de l’Esprit Saint, sera une réalité. « Je fais toutes choses nouvelles », dit le Seigneur (Ap. 21,5).
Merci, Renouveau charismatique catholique, pour ce que vous avez donné à l’Église pendant ces cinquante ans ! L’Église compte sur vous, sur votre fidélité à la Parole, sur votre disponibilité au service et sur le témoignage de vies transformées par l’Esprit Saint.
Partager avec tous dans l’Église le Baptême dans l’Esprit Saint, louer le Seigneur sans retenue, avancer ensemble avec les chrétiens de différentes Églises et communautés chrétiennes dans la prière et dans l’action pour les plus nécessiteux. Servir les plus pauvres et les malades, voici ce qu’attendent de vous l’Église et le Pape, de vous, Renouveau charismatique catholique, mais de vous tous, tous, vous tous qui êtes entrés dans ce courant de grâce ! Merci.
© Traduction de ZENIT, Hugues de Warren
Veillée de Pentecôte 03/06/2017 © L'Osservatore Romano
Renouveau charismatique: baptême dans l’Esprit, louange et service (traduction intégrale)
Veillée de pentecôte et prière œcuménique avec le pape François