Père Matthieu Villemot, courtoisie de Parole et Silence

Père Matthieu Villemot, courtoisie de Parole et Silence

«Regarder l’homme transpercé», par le père Matthieu Villemot

Pour des oeuvres de miséricorde « durables »

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« Regarder l’homme transpercé », c’est le titre d’un livre du père Matthieu Villemot dans lequel, à partir de son expérience – auprès de personnes très âgées, de grands malades, de Sans-Domicile-Fixe, de sans-papiers et de personnes prostituées – , il donne aux lecteurs engagés comme lui sur le terrain, des clefs pour sans cesse renouveler le jaillissement premier de leur engagement : pour servir le pauvre, il faut la médiation du Christ, les forces humaines ne suffisent pas. Des clefs en somme pour mettre en œuvre durablement les « œuvres de miséricorde » indiquées par le pape François comme le chemin du Jubilé et de la vie chrétienne.
Il en dit davantage aux lecteurs de Zenit.
Zenit – Père Matthieu Villemot vous publiez chez Parole et Silence « Regarder l’homme transpercé » : quelle est la genèse de ce livre ?
Père Matthieu Villemot – Depuis que j’ai commencé la philosophie dans mon adolescence je veux qu’elle soit enracinée dans la vie et utile aux plus petits. Ma thèse comportait un chapitre sur le baiser au lépreux de saint François, mon cours de philosophie du 17° siècle parle de saint Vincent de Paul. Je m’étais promis, dès que mon expérience auprès des plus pauvres serait suffisante, d’un jour aborder directement la question des enseignements philosophiques et théologiques que je reçois lorsque je vais servir les pauvres : que m’apprennent-ils de l’homme, de Dieu, donc de l’Homme-Dieu Jésus-Christ ?
Quelle expérience pastorale soutient votre réflexion philosophique et théologique ?
Depuis l’adolescence je veux servir auprès des plus pauvres. Je voyais déjà les prostituées de mon quartier et je voulais un jour venir les servir comme prêtre. J’ai d’abord accompagné de nombreuses personnes âgées par la Conférence Saint-Vincent-de-Paul, comme séminariste j’ai fait plusieurs stages en hôpital, jeune prêtre j’ai accompagné deux communautés « Foi et Lumière », puis j’ai été 5 ans aumônier d’hôpital et maintenant, avec « aux Captifs la Libération », je vais donc servir les prostitués du bois de Boulogne. Sur la paroisse Saint-Honoré-d’Eylau, j’ai contribué au lancement de « Hiver solidaire » cet accueil de SDF pendant les mois d’Hiver.
Le pape François veut une Église « en sortie »: vous vous souvenez d’un épisode où vous vous êtes dit: alors aujourd’hui cela valait la peine de « sortir ».
Euh…. En fait c’est l’inverse. Quand j’étais en stage à l’hôpital, l’aumônier m’a dit : « quand l’hôpital t’appelle, vas-y quoiqu’il arrive, et seulement sur place tu décides si tu peux donner un sacrement, faire une prière, que sais-je. Mais ne refuse pas de te déplacer sous prétexte que ça ne vaut pas la peine ». J’ai toujours appliqué cette règle. Je me souviens après des journées très difficiles de la salle de réa qui m’appelle à 23h et qui me dit : « on vous explique d’abord, ce n’est pas sûr qu’il faille que vous vous dérangiez ». Trop tard, j’étais déjà en train de courir dans la rue. Et à chaque fois en en revenant, moi j’allais mieux. Les paroissiens étaient frappés par ma différence de tête entre avant et après. Aller voir la vie qui se bat, ça vaut TOUJOURS la peine.
En quoi peut-on dire que votre livre est « jubilaire »?
Je pense qu’il montre que lorsque nous allons servir les pauvres, nous vivons la miséricorde de Dieu envers nous. Saint Vincent de Paul disait : « ce sont nos seigneurs et nos maîtres, et nous sommes indignes de leur rendre nos petits services ». Jésus peut sauver les pauvres sans moi, il manifeste sa miséricorde envers moi quand il m’appelle auprès de Lui, lui qui a dit « j’avais faim et vous m’avez donné à manger ».
L’auteur
Prêtre du diocèse de Paris, docteur en Philosophie, Matthieu Villemot est spécialiste de phénoménologie. Il enseigne à la Faculté Notre-Dame. Après avoir été aumônier de l’Hôpital Saint Louis, il est aujourd’hui en paroisse à Saint-Honoré d’Eylau et il participe aux tournées de « Aux captifs la libération » au bois de Boulogne. Il est l’auteur de cinq ouvrages dont « Re-commencer en phénoménologie » et « Toute vie vaut la peine ». 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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