Après la fontaine de Trévi, en Italie, l’abbaye de Westminster, la Jewish Liberal Synagogue et l’Imam Khoei Centre au Royaume-Uni, puis le Christ Rédempteur de Rio au Brésil en août 2017, l’AED parera la basilique de Montmartre, à Paris, de la couleur du martyre, symbole de son combat pour la liberté religieuse, jeudi prochain, 12 octobre 2017. Au cœur de 24h dédiées à ce droit fondamental, l’évènement s’inscrit dans le cadre des 70 ans de l’association.
Marc Fromager, directeur de l’AED en dit plus aux lecteurs de ZENIT.
ZENIT – La fontaine de Trévi à Rome et cette année de nouveaux monuments se teinteront de rouge: pourquoi ?
Marc Fromager – C’est notre bureau italien qui a eu l’idée de créer un visuel fort en colorant la fontaine de Trevi en rouge. Cela a été repris par le bureau britannique qui a illuminé Westminster et le bureau brésilien avec la statue du Christ Rédempteur à Rio. C’est maintenant au tour de la France où nous avons naturellement pensé à la basilique de Montmartre qui est comme chacun le sait le Mont des martyrs. Le rouge, c’est la couleur du sang, en l’occurrence celui des martyrs, c’est-à-dire des témoins de la foi parce que cet événement est consacré à la liberté religieuse dans le monde. Ces illuminations viennent rappeler que trop de personnes sont encore aujourd’hui victimes de l’absence de liberté religieuse et c’est en leur honneur que nous dédions ces manifestations.
On précise à nos lecteurs que ce n’est pas un « produit » qui colore les monuments: la question avait été posée pour l’eau de la Fontaine de Trevi!
En effet ! On peut d’ailleurs être certain que la mairie de chacune de ces villes n’aurait jamais accepté le projet dans ces conditions. Nous appliquons simplement un filtre rouge sur l’éclairage de ces monuments. Ce n’est pas un énorme chantier technique mais l’impact visuel est immédiat ! Voir Montmartre en rouge ne laissera pas indifférent. Certains nous demandent pourquoi nous n’avons pas choisi la Tour Eiffel. En réalité, elle est malheureusement de plus en plus souvent illuminée à l’occasion des attentats et d’autre part, elle n’a pas la charge religieuse de la basilique. Avec Montmartre, nous réalisons quelque chose d’inédit à Paris.
Vous avez commencé par Rome où le pape ne cesse de sensibiliser, et encore jeudi dernier, en recevant le synode des Chaldéens, sur la liberté religieuse et l’émigration des chrétiens sous la pression des guerres et des persécutions…
On dit que tous les chemins mènent à Rome mais cette fois, le chemin est parti de Rome. L’AED existe dans 24 pays et nous aidons dans 150 pays. Chaque équipe nationale reste attentive aux différentes initiatives des uns et des autres et nous sommes très heureux de pouvoir reprendre cette idée de nos collègues italiens. Leur présence à Rome leur donne en effet une plus grande proximité avec le Saint Siège qui s’investit beaucoup dans ce domaine de la liberté religieuse. Le pape François intervient souvent sur cette question et il faut dire que les chrétiens en général mais l’Eglise catholique en particulier est toujours aux avant-postes pour défendre cette liberté. L’idée est simple : plus la liberté religieuse sera respectée et moins il y aura de persécutions !
C’est aussi actuellement l’Assemblée plénière de l’ONU où le Saint-Siège intervient tous les jours: vous, fondation pontificale vous avez aussi un rôle de transmission des nouvelles du terrain jusqu’au Vatican?
L’AED a une bonne connaissance du terrain, c’est vrai. Nous avons des chefs de section par zone géographique et ils vont souvent sur place pour évaluer les besoins et contrôler les projets réalisés. Personnellement, je me déplace assez souvent et ces dernières années plus particulièrement au Moyen-Orient. Cela nous permet de mieux appréhender la réalité du terrain et parfois donner un éclairage sensiblement différent de celui des médias mainstream, ce qui a visiblement été le cas à propos du conflit syrien pour ne citer que celui-là. Cela étant, le Vatican n’a pas besoin de nous pour connaître la situation sur le terrain : c’est déjà le lieu le mieux informé du monde.
Vous célébrez aussi les 70 ans de l’AED?
Fondée en 1947, l’AED a notamment pour mission de défendre la liberté religieuse, droit institué par la Déclaration des Droits de l’Homme, quelle que soit la religion concernée. Agissant dans 150 pays touchés par la persécution religieuse ou le dénuement, elle est un observateur privilégié des enjeux géopolitiques locaux et publie, tous les deux ans, un Rapport sur la liberté religieuse dans le monde à retrouver sur www.liberte-religieuse.org. Le dernier Rapport de 2016 dénonce une dégradation générale de la situation. Sur les 196 pays étudiés, 38 ont subi d’importantes violations relevant soit de la persécution, soit de la discrimination.
En Irak, j’ai vu des yézidis réduits à l’esclavage sexuel à cause de leurs croyances ; en Inde, des dalits musulmans traités comme des objets par les hindouistes ; au Nigeria, des chrétiens mutilés par Boko Haram… Ça suffit ! Si nous voulons la paix, défendons la liberté religieuse. Ce n’est pas un simple concept mais un enjeu vital.
Programme du 12 octobre 2017
11h15 : Ouverture des 24h. Messe dans la Basilique.
17h-19h : « Boîte à questions » sur le parvis.
19h15 : Illumination de la Basilique en rouge, couleur du sang versé en haine de la foi.
20h : Stand up de silhouettes figurant les personnes tuées à cause de leur appartenance religieuse.
20h30 : Veillée de prière pour ceux qui ne peuvent vivre leur foi librement.
22h : Messe puis nuit d’adoration (s’inscrire au 01 53 41 89 00 ou benedictines.montmartre@gmail.com)
Montmartre en rouge pour la liberté religieuse @AED-France
Pour défendre la liberté religieuse, l’AED pare de rouge la basilique de Montmartre
Entretien avec Marc Fromager