A la veille des Journées mondiales de la jeunesse de Cracovie, l’Eglise de Pologne dénonce le manque d’implication du gouvernement dans l’accueil des réfugiés et les politiques qui entretiennent la « peur des musulmans » parmi la population. Dans une note publiée le 23 juillet 2016 par le Bureau de presse du Saint-Siège, le père Pawel Rytel-Andrianik, porte-parole de l’épiscopat polonais, fait le point sur la situation.
Les problèmes du pays que visitera le pape du 27 au 31 juillet, explique le père Rytel-Andrianik, ne sont pas identiques à ceux « de la majeure partie des pays de l’Union européenne ». La Pologne en effet « ne se trouve pas sur la route des principaux flux migratoires ». En 2015, sur les 12325 demandes d’asile reçues, les trois-quarts venaient de Russie et d’Ukraine, et non pas du Moyen-Orient ou d’Afrique. Selon les statistiques officielles, les étrangers qui séjournent légalement en Pologne représentent seulement 0,4% de la population.
Pays relativement « homogène du point de vue ethnique », le phénomène de l’immigration y est vu comme « étrange » par « le Polonais moyen ». En outre, ce thème suscite « de grandes peurs ». Un sentiment que le père Rytel-Andrianik met sur le compte d’un « manque de débat public », de la complexité des procédures d’immigration, et de « l’implication insuffisante » du gouvernement. Ce dernier s’est opposé aux politiques d’accueil de l’Union européenne.
Les peurs, dénonce encore le porte-parole, « sont alimentées par certains partis politiques, et par des déclarations non appropriées de politiques ». « Il y a une peur des musulmans artificiellement créée, compréhensible du reste par certains côtés (attaques terroristes) », ajoute la note qui précise qu’il n’existe « aucun programme systématique qui permette d’enseigner aux Polonais la diversité sur la base de la religion, race, culture, etc ».
Si la Pologne partage une frontière avec l’Allemagne qui compte « une grande population musulmane », constate le père Rytel-Andrianik, depuis des années « aucun incident n’a été enregistré ». En revanche, il relève du côté des Polonais des actes xénophobes, telles des attaques vis-à-vis de demandeurs d’asile ou d’étudiants étrangers, des détentions illicites de réfugiés, des marches nationalistes anti-immigration.
Le communiqué rend compte aussi de diverses prises de position des évêques : le 5 septembre 2015, le président de la Conférence épiscopale Mgr Stanisław Gądecki invitait chaque paroisse à accueillir des réfugiés ; le 8 septembre, les évêques demandaient à la Caritas nationale d’organiser des initiatives d’accueil et appelaient les autorités à garantir les services de base pour les réfugiés ; le 30 juin dernier encore, ils signaient un Message des Eglises chrétiennes en Pologne, exhortant à soutenir « ceux qui ont décidé de quitter la terre de leurs ancêtres ».
La Caritas polonaise aide actuellement 3000 personnes provenant d’Afrique et d’Europe de l’Est. Les catholiques polonais, qui ont donné en 2014 1,2 million d’euros en faveur des réfugiés, ont permis d’accueillir des personnes venant du Soudan, du Nigeria, d’Egypte, du Liban, de Syrie, et d’Irak.
Enfants réfugiés de Syrie, capture caritas.org
Pologne: l’Eglise dénonce un manque d'implication dans l'accueil des réfugiés
Les évêques constatent une «peur des musulmans» entretenue par certains politiques