Le P. Laurent Mazas, directeur du « Parvis des gentils », présente à Zenit la troisième édition du « Parvis des étudiants », qui a lieu ce lundi 27 avril 2015 à Rome, sur le thème « La Ville, Babel ou Jérusalem ? ».
Zenit – Pourquoi un Parvis des Étudiants au sein du Parvis des Gentils ?
Un professeur de religion d’un grand lycée public de Rome m’a très tôt demandé de m’intéresser aux jeunes et de leur offrir des occasions de réflexion sur les grands thèmes de la vie dans l’esprit du « Parvis des Gentils », ce qu’il vivait lui-même dans ses cours avec certains élèves non croyants qui s’intéressait à ses cours sur la religion. Il s’agit de donner aux lycéens un bagage culturel pour affronter l’avenir, à partir de ces rencontres où ils peuvent interroger des personnalités de convictions contrastées aux compétences variées.
Il s’agit de la troisième rencontre de ce type : cela signifie que les précédentes ont porté des fruits ?
Les deux premières rencontres sur « Économie et solidarité » et sur la « Musique » ont été magnifiques. J’ai été très heureusement surpris par le niveau de compétence et la pertinence des questions des étudiants de 7 ou 8 lycées publics de Rome. Il n’est pas habituel à des jeunes lycéens de « polémiquer » avec un ancien premier ministre ou dialoguer avec guitariste d’un groupe au succès planétaire comme Dire Straits.
Pouvez-vous expliquer le thème « La Ville : Babel ou Jérusalem ? »
La réflexion sur la ville est essentielle non seulement pour ouvrir les yeux de ces jeunes sur ce qui se passe dans certaines périphéries, mais aussi pour comprendre les relations entre « la place » et « le temple ». Babel est la cité multiculturelle par excellence et le symbole d’un monde qui veut se construire sans Dieu ; Jérusalem est la cité du Temple, mais vouée à devenir la Cité de la Paix, elle est tristement aujourd’hui le symbole des divisions entre les religions et, si l’on pense à ce qui se passe à l’intérieur du Saint-Sépulcre, entre les différentes confessions qui se réclament du Christ.
Qu’apportera le fait que cet événement fasse étape au MAXXI – Musée national des Arts du XXI siècle ?
Les rencontres du « Parvis » sont toujours organisées dans des lieux de la vie publique. Le « MAXXI » est un lieu symbolique du dialogue de la culture avec la modernité.
Architecture, culture, littérature et sécurité, tels seront les domaines d’expertise des intervenants : pourquoi ce choix ?
L’architecture est essentielle pour rendre les villes plus humaines. Il existe des architectes qui s’engagent pour changer les espaces afin de favoriser un meilleur vivre ensemble. C’est aussi ce à quoi s’emploient les animateurs du dialogue des cultures dans nos citées où convergent des flots ininterrompus de migrants en provenance du monde entier. La criminalité, la drogue, les mafias se nourrissent des situations de déséquilibres sociaux. La narration est aussi un moyen de pénétrer dans ces déséquilibres, mais aussi ouvrir des chemins d’espérance. Nous aurions pu inviter bien d’autres acteurs de la vie citadine : les transports, les politiques urbaines, les politiques culturelles, etc.
Vous vous inspirez de la parole du pape François « Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre ! » (EG 210)…
Ces mots sont très forts : la ville est belle quand ceux qui y vivent s’y comportent en citoyens, c’est-à-dire se la partagent. Il n’y a pas de liberté sans fraternité.
Vous êtes soutenus par le Ministère de l’instruction, de l’Université et de la recherche du gouvernement italien ?
Nous avons signé un protocole d’accord avec le Ministère qui reconnaît la force éducative du « Parvis » à travers sa proposition culturelle. En plus du « Parvis des Étudiants », nous organisons pour tous les élèves d’Italie qui le souhaitent, un concours national sur les thèmes qui nous sont propres. Le gouvernement italien n’a pas peur d’accueillir une initiative culturelle du Saint-Siège qui n’a d’autre but que d’éduquer à la rencontre et à l’écoute de l’autre dans sa différence dans une recherche commune du bien, du vrai et du beau.
Que souhaitez-vous après cet événement ?
Ce serait tellement beau que ce type de rencontre se répète partout dans le monde. Nos jeunes ont besoin d’instruments culturels pour affronter le futur, et d’être introduits dans cette dimension dialogique de l’existence. Il faut pour cela leur proposer des espaces de rencontre et de dialogue pour les éduquer au croisement des regards et au partage des expériences.