Pour le Saint-Siège, l’éducation est « un outil formidable » pour « réduire les tensions impliquant les minorités nationales ». C’est ce qu’a déclaré Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à la troisième réunion supplémentaire en matière de dimension humaine, le 11 novembre 2016.
La réunion organisée à Vienne (Autriche), avait pour thème « Sur les minorités nationales, la construction de ponts et l’intégration ». Mgr Urbanczyk y a notamment appelé à porter une attention particulière « aux femmes appartenant à des minorités » : « les femmes non seulement bénéficieraient d’un engagement accru au sein des communautés minoritaires, mais pourraient aussi apporter une contribution importante, tant à leur minorité nationale qu’à la société dans son ensemble ».
Déclaration de Mgr Janusz Urbanczyk
Monsieur le Modérateur,
Ma délégation s’associe aux orateurs précédents pour remercier les membres de la table ronde pour leur précieuse contribution à cette réunion supplémentaire à dimension humaine. Le Saint-Siège se félicite de l’attention accordée lors de cette session de travail au rôle des minorités nationales en tant que bâtisseurs de ponts, en grande partie en raison de l’attention que le pape François accorde à la construction de ponts. En ce qui concerne les minorités nationales en tant que constructeurs de ponts pour la paix et la sécurité, ma délégation voudrait formuler deux recommandations :
1 – Les travaux sur l’engagement actif avec les minorités nationales, notamment en ce qui concerne leurs relations avec la population majoritaire et les autres minorités nationales, devraient faire l’objet d’une attention continuelle.
Aujourd’hui, il existe de nombreuses communautés et individus appartenant à des minorités qui ont pris conscience de la nécessité et de leur désir de jouer un rôle de premier plan dans les processus décisionnels et politiques qui concernent la promotion humaine et sociale de leur minorité nationale. En effet, il n’est pas facile de parler d’un avenir constructif pour eux s’ils ne sont pas pleinement impliqués dans les politiques qui concernent leur existence. Ils sont convaincus qu’il n’existe pas de stratégies nationales ou internationales efficaces pour y parvenir sans la participation de leurs membres à la préparation et à la mise en œuvre de ces stratégies. Le Pape François a souligné que tout État qui cherche véritablement le bien commun de tous ses citoyens doit non seulement s’efforcer d’éviter les conflits, mais aussi s’efforcer sans relâche de promouvoir un dialogue franc et ouvert sur toutes les questions et défis. (1)
Une attention particulière devrait être accordée à cet égard aux femmes appartenant à des minorités : les femmes non seulement bénéficieraient d’un engagement accru au sein des communautés minoritaires, mais pourraient aussi apporter une contribution importante, tant à leur minorité nationale qu’à la société dans son ensemble.
2 – La capacité de l’éducation à contribuer à la construction de ponts impliquant les minorités nationales devrait être reconnue.
Pour le Saint-Siège, l’éducation est une condition fondamentale et indispensable au développement et à l’épanouissement; elle a joué et continue de jouer un rôle clé parmi et pour les minorités nationales dans la région de l’OSCE. Grâce à des systèmes d’éducation bien développés, l’intégration des minorités nationales n’est pas seulement avancée, mais elle a également abouti.
L’éducation, en particulier des jeunes, contribue à la formation de pacificateurs et de promoteurs de la tolérance et de la non-discrimination. Par conséquent, des programmes éducatifs devraient être développés, promus et renforcés afin de favoriser une meilleure compréhension et un meilleur respect des différentes cultures, ethnies et religions.
Ces programmes devraient aussi inculquer des valeurs universelles telles que le respect de la dignité de chaque personne, la solidarité entre les peuples et le respect de la religion de l’autre, car ces valeurs réduiraient aussi les malentendus et les stéréotypes néfastes.
L’éducation, en plus d’être un moyen de promouvoir la participation active des minorités nationales à la vie sociale et politique, devient un lieu où la tolérance et la non-discrimination sont entretenues et où des ponts pour la paix et la stabilité sont construits pour la société dans son ensemble. Pour citer encore une fois le pape François, nous devrions tous « écouter attentivement ceux que nous ne comprenons pas, ceux d’autres cultures et peuples, même ceux dont nous avons peur parce que nous les considérons comme une menace » (2). Ce dialogue et cette vision de l’éducation, sont un outil formidable pour réduire les tensions impliquant les minorités nationales – des tensions qui, à maintes reprises, se sont révélées être de puissants déclencheurs de conflits violents et d’instabilité au sein des États participants et entre eux.
Enfin, compte tenu de la spécificité du Saint-Siège ainsi que de sa mission morale et spirituelle, ma délégation tient à souligner comme facteur de construction de ponts, les principes et croyances spirituels et moraux des minorités nationales qui, bien conservées, constituent un riche patrimoine. L’identité religieuse des minorités nationales est particulièrement importante, car la religion a marqué et continue de marquer l’histoire, l’identité, la culture et la vie sociale des sociétés et des communautés. À cet égard, les minorités nationales doivent être libres de professer et de pratiquer leur religion, jouissant de la liberté de culte en tant que communautés, ainsi que d’une liberté légitime d’échange et de contact avec des groupes ayant un patrimoine commun, même s’ils vivent sur le territoire d’un autre État. Une saine conscience de soi de la part des minorités nationales pourrait devenir un instrument important et une valeur ajoutée des minorités nationales dans la promotion et la construction de ponts entre différents domaines politiques.
Merci, Monsieur le Modérateur.
(1) Cf. Pape François, Voyage apostolique en Équateur, en Bolivie et au Paraguay, Rencontre avec les autorités civiles, 8 juillet 2015.
(2) Pape François, Discours à la cérémonie de bienvenue des jeunes de la JMJ, 28 juillet 2016.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
