Mgr Bernardito Auza © Mission du Saint-Siège à l'ONU

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ONU: voir les autres "comme des frères et sœurs", par Mgr Auza

Intégrer « des structures éthiques et morales » dans les systèmes mondiaux 

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« La solidarité mondiale signifie voir les autres comme plus que de simples voisins : comme des frères et sœurs », a affirmé Mgr Bernardito Auza.
L’observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU à New-York est intervenu lors de la 71e session de l’Assemblée générale des Nations Unies le 4 octobre 2016.
Mgr Bernardito Auza estime que « la reconnaissance de la solidarité mondiale favorise une plus grande cohésion et harmonie sociale ». Il souligne la nécessite de l’intégration de « structures éthiques et morales qui reconnaissent nos responsabilités envers nos communautés (…) et envers notre maison commune » dans les systèmes mondiaux.
L’observateur permanent du Saint-Siège formule le vœu que la rencontre des dirigeants mondiaux à Quito, Équateur (17-20 octobre 2016), pour la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable sera « l’occasion de relever les défis du logement et de l’urbanisation de manière holistique, centrée sur les personnes ».
MD
Voici notre traduction du discours de Mgr Auza :
Monsieur le Président,
Je voudrais étendre les félicitations de ma délégation à vous-même et au bureau pour votre élection et vous assurer de la continuité de la collaboration du Saint-Siège.
Au cours des dix-huit derniers mois, la communauté internationale a vu les chefs d’État et de gouvernement se réunir pour adopter le Cadre Sendai pour la réduction des risques de catastrophes, le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’Agenda 2030 pour le développement durable, l’Accord de Paris et, il y a deux semaines, le 19 septembre, la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants. Le travail acharné pour traduire ces engagements en résultats réels et tangibles a déjà commencé, et doit être entièrement soutenu afin que la grande promesse de ne laisser personne en arrière puisse être remplie.
Ces engagements internationaux importants démontrent la volonté des dirigeants politiques de se réunir pour relever les défis mondiaux. Dans le même temps, cependant, il y a eu une baisse continue de la confiance, alors que les inégalités entre et dans les pays sont devenus encore plus criantes et que le nombre de conflits violents a augmenté, provoquant la crise humanitaire à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, qui est sans parallèle depuis la seconde Guerre mondiale.
Le Saint-Siège estime que, pour relever les défis interdépendants de développement environnemental, économique et social, une approche centrée sur l’humain doit constituer le fondement. La centralité de la personne humaine et la promotion de la dignité et de la valeur de toutes les personnes sans distinction sont fondamentales afin d’éviter une approche réductionniste qui considère la personne humaine comme un obstacle au développement ou, pire encore, comme la cause de son propre sous-développement et de son indigence. Comme l’a déclaré le pape François dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies l’année dernière, « les piliers du développement humain intégral ont une base commune, qui est le droit à la vie » et plus largement « le droit à l’existence de la nature humaine elle-même ».
Le développement humain intégral exige donc la construction de politiques macro-économiques capables de créer de la croissance financière, commerciale et économique stable et tournée vers l’avenir pour répondre aux besoins de base de l’humanité. Un modèle intégré de développement humain doit être en mesure de répondre aux besoins spirituels, sociaux, environnementaux et physiques des personnes. C’est un modèle qui ne peut pas être imposé de l’extérieur ; il doit plutôt être construit à partir de l’intérieur des communautés et des sociétés qui investissent et fournissent les structures nécessaires pour permettre à leurs membres de satisfaire de manière adéquate  leurs nécessités de base tels que la nourriture, le logement, les soins de santé et le travail, et de bénéficier de droits moins tangibles mais fondamentaux tels que l’éducation, la liberté d’expression et la liberté religieuse.
Dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le pape François décrit succinctement le développement humain intégral de cette façon : Au «minimum [il] a trois noms : l’hébergement, le travail et la terre ; et un nom spirituel : la liberté spirituelle, qui inclut la liberté de religion, le droit à l’éducation et tous les autres droits civils ».
En effet, le développement humain intégral est plus que la somme totale des ressources investies dans des projets de développement et leurs résultats matériels mesurables ; il comprend aussi bien les éléments qui, bien que parfois intangibles et imperceptibles, transforment la vie et contribuent véritablement à un plus grand épanouissement humain.
Afin de parvenir à un tel développement humain intégral, un engagement renouvelé à des mécanismes justes et équitables pour le commerce mondial et l’aide financière multilatérale sont nécessaires. L’interdépendance mondiale est une réalité dans laquelle les ressources et les décisions humaines et financières sont souvent très éloignées de ceux qui consomment ou de ceux qui produisent. Au pire, cette mondialisation peut se manifester par une « indifférence globale » à l’égard des besoins des autres. Au mieux, elle se traduit par la solidarité et l’engagement mondial pour répondre à nos responsabilités envers ceux qui en ont besoin. La force de la coopération internationale est basée sur le principe d’une humanité commune enracinée dans l’égale dignité de tous.
Cette reconnaissance de la solidarité mondiale favorise une plus grande cohésion et harmonie sociale. La solidarité mondiale signifie voir les autres comme plus que de simples voisins : comme des frères et sœurs. Il faut donc veiller à ce que nos systèmes mondiaux commerciaux, financiers et économiques intègrent des structures éthiques et morales qui reconnaissent nos responsabilités envers nos communautés, localement et globalement, et envers notre maison commune.
Monsieur le Président,
Dans quelques semaines, les dirigeants mondiaux se réuniront à Quito pour la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable. Les changements spectaculaires dans les modèles d’établissements des populations depuis Habitat 1976, posent des défis nouveaux et croissants pour les familles et les communautés de travail afin de s’adapter aux nouvelles réalités, notamment en milieu méga-urbain. Ma délégation espère qu’Habitat III sera l’occasion de relever les défis du logement et de l’urbanisation de manière holistique, centrée sur les personnes.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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