« La violence sexuelle dans les conflits, qu’elle soit faite à l’égard de femmes ou d’hommes, de filles ou de garçons, est inacceptable », a déclaré Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège. « L’impunité doit céder le pas à la responsabilité, pour qu’il y ait justice et réparation », a-t-il souligné.
Mgr Auza a prononcé un discours lors du débat public du Conseil de sécurité sur « Les femmes, la paix et la sécurité : Les violences sexuelles en conflit », le 23 avril 2019, à New York.
« Le silence doit être brisé, affirme l’observateur permanent du Saint-Siège. Nous ne pouvons rester indifférents quand une cruauté aussi répandue est infligée à des innocents. »
« Les victimes de violences sexuelles liées aux conflits sont des victimes à plusieurs niveaux », a expliqué Mgr Auza : « Ils sont accablés par la guerre puis condamnés à porter eux-mêmes les traces de ce traumatisme. » Parmi les victimes figurent également des hommes et des garçons, a-t-il dit. Il s’agit d’une « réalité taboue dans certaines cultures et certains contextes qui est cachée, enveloppée d’un silence encore plus grand ». Dans de nombreux cas, « les victimes ont peur de s’exprimer, de peur d’être rejetées par leurs propres communautés, rendant leur situation encore plus désespérée ».
Le nonce apostolique a soulevé « la question tout aussi délicate des enfants conçus et nés à la suite de violences sexuelles en période de conflit ». « Les droits fondamentaux de ces enfants doivent être respectés et même garantis, comme pour tout autre enfant, a-t-il déclaré. Le Saint-Siège est d’avis que ces jeunes vies innocentes doivent être accueillies, chéries et dotées des moyens nécessaires pour s’épanouir et atteindre leur plein potentiel humain. »
« Le sort de ces enfants, a-t-il ajouté, nécessite une attention particulière et des programmes devraient être mis en place pour garantir leur protection et favoriser la guérison, la réconciliation et l’intégration complète. »
Mgr Auza a cité « la résolution historique 1325 » qui demande « aux parties à un conflit armé de prendre des mesures spéciales pour protéger les femmes et les filles de la violence ». Elle appelle également « à la pleine participation des femmes à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité ». « Les femmes et les filles, a souligné l’observateur permanent, peuvent en effet contribuer à jeter les bases d’une paix et d’une justice durables lorsque leurs propres voix sont entendues. En particulier, les victimes de violences sexuelles liées au conflit devraient être considérées comme des experts ; leur douleur et leur force doivent être reconnues et leur sagesse exploitée. »
Mgr Auza a souligné que les violences sexuelles pendant les situations des conflits sont perpétrées non seulement par des organisations terroristes et des gangs criminels, mais également par des membres armés et même des soldats de l’ONU « envoyés pour servir la noble cause de la paix et de la sécurité ». « Ma délégation, a-t-il dit, note avec satisfaction les initiatives prises pour prévenir et combattre les abus sexuels dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment par le biais d’une formation spécialisée du personnel. »
« Nous espérons, a conclu le nonce, que le débat ouvert d’aujourd’hui et l’attention qu’il porte sur le sujet donneront aux survivants et aux victimes davantage d’espace pour se faire connaître et rechercher la guérison et l’espoir en reconnaissant leur dignité personnelle et en mettant en place des mécanismes plus solides pour traduire en justice ceux qui ont commis des violations à leur encontre. »
Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano
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