« Le repositionnement du système de développement nécessite un examen à l’échelle du système qui prenne en compte les besoins de développement de chaque pays et garantisse que sa réponse correspondra au contexte plutôt que d’être “unique” », explique Mgr Auza.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu à la deuxième Commission de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, sur le Point 24 de l’ordre du jour : Activités opérationnelles de développement, à New York, le 25 octobre 2017.
D’autre part, insiste Mgr Auza, « les programmes de développement ne doivent pas être accompagnés ou conditionnés par des idées controversées visant à changer la culture locale ou le système de valeurs. Donner une aide financière conditionnée par l’introduction d’idées et de cultures qui ne correspondent pas au système de valeurs des bénéficiaires est ce que le pape François a appelé la “colonisation idéologique” ».
Voici notre traduction du discours, en anglais, de Mgr Auza.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza, représentant du Saint-Siège
Monsieur le Président,
Le rapport de juin du secrétaire général sur le « repositionnement du système de développement des Nations Unies pour réaliser l’Agenda 2030 : Assurer un meilleur avenir pour tous » [1] représente une avancée significative dans son programme global de réformes visant à renouveler le système de développement. Ce rapport novateur, axé sur l’action, s’appuie sur les réalisations passées du système de développement des Nations Unies, notamment la création du Groupe des Nations Unies pour le développement et le lancement de l’initiative « Unis dans l’action » et vise à aider le système à atteindre son plein potentiel alors qu’il est confronté à de nouveaux défis.
Grâce à l’adoption de l’examen quadriennal complet (décembre), les États membres ont souligné la nécessité de renforcer le système de développement et d’établir un cadre pour mieux aider les pays à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le rapport du secrétaire général, avec ses 38 idées et actions concrètes, répond aux mandats de l’examen quadriennal complet et propose une feuille de route préliminaire pour le changement afin d’améliorer l’efficacité, la cohésion, le leadership et la responsabilité du système.
Pour que cela se produise, cependant, le système de développement renouvelé doit se concentrer sur la situation locale d’un pays et de sa population. Le repositionnement du système de développement nécessite un examen à l’échelle du système qui prenne en compte les besoins de développement de chaque pays et garantisse que sa réponse correspondra au contexte plutôt que d’être « unique ». [2]
Comme l’a justement souligné le secrétaire général, l’objectif principal de ce renouvellement est de « se concentrer davantage sur les gens et moins sur le processus, davantage sur les résultats pour les plus pauvres et les exclus et moins sur la bureaucratie, davantage sur le soutien intégré du Programme 2030 et moins sur les affaires comme d’habitude » [3]. En effet, se concentrer davantage sur les personnes signifie non seulement les protéger contre les crimes haineux mais aussi les placer en tête de tous les intérêts nationaux et géopolitiques et respecter tous les engagements politiques internationaux pris dans l’histoire des Nations Unies, qui se rapportent au développement social et économique, en commençant par ceux contenus dans la Charte des Nations Unies [4] jusqu’à ceux contenus dans les documents les plus récents, notamment le très ambitieux Programme de développement durable 2030 et l’Accord de Paris, et ceux qui seront entérinés dans de futurs accords, notamment les pactes mondiaux sur les migrations et sur les réfugiés.
Mettre toujours les personnes en premier signifie protéger, à chaque étape et en toute circonstance, la dignité de la personne, ses droits humains et ses libertés fondamentales, et de manière spécifique, les droits à la vie et à la liberté de religion dont découlent tous les autres droits et qui sont donc le fondement commun des piliers de la paix, de la sécurité et du développement humain intégral. Ces deux droits de l’homme sont indissociables des autres droits et libertés fondamentales relatifs à une vie spirituelle, matérielle et intellectuelle digne pour chaque citoyen et pour sa famille – entre autres, le droit à la nourriture, le droit à l’eau, le droit au logement, le droit à un environnement sûr et le droit au travail.
Monsieur le Président,
Chaque peuple a sa propre culture, son histoire, ses croyances et ses valeurs qui doivent être respectées. Les programmes de développement ne doivent pas être accompagnés ou conditionnés par des idées controversées visant à changer la culture locale ou le système de valeurs. Donner une aide financière conditionnée par l’introduction d’idées et de cultures qui ne correspondent pas au système de valeurs des bénéficiaires est ce que le pape François a appelé la « colonisation idéologique » [5].
Le Saint-Siège est prêt à contribuer au processus de renouvellement du système de développement des Nations Unies, notamment en partageant sa connaissance des situations et des besoins locaux. Comme l’a déclaré le Pape François lors de sa visite il y a quelques jours à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « l’Église catholique, par ses institutions et ayant une connaissance directe et concrète des situations qui doivent être affrontées, souhaite participer directement à cet effort en vertu de sa mission. » [6]
Merci, Monsieur le Président.
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- A/72/124–E/2018/3.
- A/72/124–E/2018/3, 13b.
- https://www.un.org/sg/en/content/sg/statement/2017-07-05/secretary-generals-remarks-economic-and-social-council-repositioning.
- Charte des Nations Unies, par. 4 du Préambule, article 1.3 et chapitre IX.
- Pape François, Discours à la rencontre avec les familles, Manille (16 janvier 2015).
- Pape François, Discours au siège de la FAO à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, 16 octobre 2017.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat