Le Saint-Siège appelle une fois de plus au « rétablissement de la paix » au Moyen-Orient et au « dialogue de fond, y compris de véritables négociations bilatérales » entre Israël et Palestine, déclare Mgr Bernardito Auza.
Le nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège, a fait cette déclaration à la quatrième Commission de la soixante-et-onzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, à New York, le 4 novembre 2016. Il a remercié l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ainsi que la Jordanie et le Liban pour leur accueil des réfugiés.
Le Saint-Siège lance appel à la paix dans la région et souligne que « des crimes haineux sont commis quotidiennement contre les populations de réfugiés ».
Mgr Bernardito Auza remercie « les peuples libanais et jordanien pour leur collaboration durable avec l’UNRWA, en particulier pour avoir accueilli de nombreux réfugiés palestiniens ». En même temps, il note que le Liban a « désespérément besoin de l’attention et du soutien de la communauté internationale » ainsi que la Jordanie qui « exige aussi une assistance internationale pour s’occuper des millions de réfugiés sur son territoire ».
Le Saint-Siège rappelle sa vision de « la ville sainte de Jérusalem comme le patrimoine spirituel des trois religions monothéistes du judaïsme, du christianisme et de l’islam ». Dans ce contexte, note Mgr Auza, « le Saint-Siège renouvelle son soutien à une solution globale, juste et durable à la question de la ville de Jérusalem, qui devrait notamment assurer la liberté de religion et de conscience de tous ses habitants, ainsi qu’un accès sûr, libre et sans entrave aux lieux saints par les fidèles de toutes les religions et nationalités ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza prononcée en anglais.
MD
Discours de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Ma délégation a examiné avec beaucoup de soin le Rapport annuel 2015 de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) [1]. Ce rapport, ainsi que les séances d’information fréquentes consacrées aux réfugiés desservis par l’UNRWA, donnent une image très désolante des difficultés financières et de la situation inacceptable dans laquelle se trouvent plus de cinq millions de Palestiniens ayant besoin d’aide humanitaire.
Avant que ma délégation n’aborde les questions importantes du rapport, elle souhaite adresser ses prières et ses condoléances aux familles des travailleurs de l’UNRWA qui ont été tués tandis qu’ils fournissaient une aide humanitaire aux victimes de conflits et de troubles politiques. Nous offrons également nos sincères prières pour les travailleurs de l’UNRWA qui ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions.
Le Saint-Siège note que les zones où l’UNRWA exerce ses responsabilités comprennent des territoires de l’ancien cœur chrétien où, pendant deux millénaires, les chrétiens ont fait partie intégrante de la culture et de l’histoire des peuples de la région, ainsi que d’autres groupes ethniques et religieux. Très réduits en nombre, ils sont aujourd’hui parmi les réfugiés desservis par l’UNRWA. Forcés par une persécution violente, en certains lieux par des massacres brutaux, et par les dures réalités géopolitiques de la région, ils ont quitté leurs foyers, devenant des déplacés ou partant à la recherche de paix et de sécurité en dehors de la région.
Monsieur le Président,
À l’instar de l’UNRWA, diverses entités et organisations de l’Église catholique fournissent des services éducatifs, sanitaires et sociaux aux personnes déplacées et aux réfugiés. Ceux-ci comprennent des programmes éducatifs pour les enfants et les adultes et des efforts de réadaptation pour ceux qui ont été physiquement et mentalement traumatisés par des conflits incessants. Ces services sont fournis à tous ceux qui en ont besoin et non pas sur la base de la croyance. De généreux donateurs associés à l’Église catholique dans le monde entier, comme la Mission pontificale pour la Palestine, l’Association catholique pour le bien-être du Proche-Orient, l’Aide à l’Église en détresse, les Chevaliers et les Dames de l’Ordre équestre du Saint Sépulcre de Jérusalem, rendent ces activités possibles. Tout comme l’UNRWA, les activités du Saint-Siège dans la région sont fondées sur les donateurs.
L’un des problèmes mentionnés dans le rapport de l’UNRWA de 2015 est que les ressources ne correspondent pas aux besoins toujours croissants. Le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens s’est interrompu. Des actions unilatérales et une rhétorique incendiaire ont provoqué des tensions et des violences en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est.
Le Saint-Siège voit la ville sainte de Jérusalem comme le patrimoine spirituel des trois religions monothéistes du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Dans ce contexte, le Saint-Siège renouvelle son soutien à une solution globale, juste et durable à la question de la ville de Jérusalem, qui devrait notamment assurer la liberté de religion et de conscience de tous ses habitants, ainsi qu’un accès sûr, libre et sans entrave aux lieux saints par les fidèles de toutes les religions et nationalités.
Ma délégation note avec une vive inquiétude que, comme l’indique le rapport de l’UNRWA à l’étude, des crimes haineux sont commis quotidiennement contre les populations de réfugiés car leurs établissements d’éducation et de santé et leurs infrastructures civiles essentielles sont ciblés par les belligérants. Parce qu’ils sont assiégés et bombardés par des armes sans discernement, les réfugiés palestiniens en Syrie doivent fuir à nouveau car les camps deviennent des cibles d’actions militaires. Le rapport de l’UNRWA de 2015, ainsi que les rapports quotidiens des médias, ne nous donnent pas beaucoup d’espoir que tous ces actes barbares contre la population civile et les réfugiés palestiniens finiront bientôt.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège saisit une fois encore cette occasion pour exprimer sa profonde gratitude et sa reconnaissance envers les peuples libanais et jordanien pour leur collaboration durable avec l’UNRWA, en particulier pour avoir accueilli de nombreux réfugiés palestiniens et pour avoir combattu héroïquement avec d’autres pays dans la région, avec l’afflux de réfugiés d’Irak et de Syrie.
Le Liban a désespérément besoin de l’attention et du soutien de la communauté internationale pour stabiliser ses institutions, protéger ses quelque quatre millions de citoyens et faire face à des millions de réfugiés fuyant les conflits de la région du Proche-Orient.
La Jordanie, qui a longtemps été un phare dans l’accueil des réfugiés à l’intérieur de ses frontières, exige aussi une assistance internationale pour s’occuper des millions de réfugiés sur son territoire, garantir la sécurité et la cohésion sociale de son peuple et repousser les tentatives terroristes et extrémistes qui cherchent à pousser la Jordanie dans la spirale de la violence qui afflige la région.
Le rétablissement de la paix et le dialogue de fond, y compris de véritables négociations bilatérales, doivent remplacer l’illogisme contre-productif de la violence et de la guerre, actuellement en cours au Moyen-Orient. Les solutions militaires et le soutien d’États clients ou d’acteurs non étatiques par les nations industrialisées du monde n’ont réussi qu’à augmenter les pertes civiles, avec la mort et les blessures, car les armes horriblement puissantes qu’elles ont vendues ou données à leurs clients sont utilisées pour commettre des crimes contre des civils sans défense. L’aide humanitaire accessible aux réfugiés et aux personnes déplacées à l’intérieur du pays doit remplacer le flot actuel d’armes qui inondent la région de partout dans le monde.
Monsieur le Président,
Peu importe la gravité de l’image, n’abandonnons jamais l’espoir que la quête insatiable de la paix, si souhaitée et si nécessaire, finira par s’ouvrir sur cette terre si importante pour tous et si sacrée pour beaucoup.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Bernardito Auza, UNTV capture
ONU: le Saint-Siège appelle à un «dialogue de fond» sur le Moyen-Orient
«Une solution globale, juste et durable» pour Jérusalem