« Migrant ou résident, la dignité humaine n’est pas négociable ou déterminée par la législation nationale », a affirmé Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège, à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 1er novembre 2016.
Intervenant sur les thèmes de l' »élimination du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée », Mgr Auza a prévenu la communauté internationale : « une grande partie des progrès réalisés en matière d’élimination du racisme, de la discrimination raciale et de la xénophobie risque gravement d’être érodée, parfois intentionnellement ».
En effet, a-t-il ajouté, on constate « une augmentation marquée du nombre d’actes de violence racistes et xénophobes, en particulier dans la sphère publique ». Pour le Saint-Siège, « cette résurgence, dans bien des cas motivée politiquement, semble être fondée sur la peur de l’autre, en particulier la peur devant notre responsabilité de prendre soin des personnes marginalisées et vulnérables, de ceux qui ont désespérément besoin de notre compassion et de notre solidarité ».
AK
Déclaration de Mgr Auza
Madame la Présidente,
L’année dernière a marqué cinquante ans après l’adoption de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. À l’époque, il s’agissait d’une adoption marquante, signalant la conviction de la communauté internationale selon laquelle le racisme d’aucune nature ne pouvait être toléré. Toutefois, en ce qui concerne le monde d’aujourd’hui, notamment dans le contexte de la migration et des déplacements mondiaux, nous devons admettre qu’une grande partie des progrès réalisés en matière d’élimination du racisme, de la discrimination raciale et de la xénophobie risque gravement d’être érodée, parfois intentionnellement.
À cet égard, ma délégation se félicite du récent rapport du Rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, dans lequel il expose en détail la menace que présente la propagation de partis politiques extrémistes, de mouvements et de groupes dans de nombreuses parties du monde, pour la réalisation des sociétés pacifiques, justes et inclusives que les États membres des Nations Unies se sont engagés à réaliser par la mise en œuvre de l’Agenda pour le développement durable de 2030 et la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.
Il est particulièrement préoccupant de constater que, selon le rapport, il y a eu une augmentation marquée du nombre d’actes de violence racistes et xénophobes, en particulier dans la sphère publique. Cette résurgence, dans bien des cas motivée politiquement, semble être fondée sur la peur de l’autre, en particulier la peur devant notre responsabilité de prendre soin des personnes marginalisées et vulnérables, de ceux qui ont désespérément besoin de notre compassion et de notre solidarité.
Cette année seulement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) calcule que, bien qu’il reste deux mois avant la fin de l’année civile, le nombre de décès de réfugiés et de migrants traversant la Méditerranée a déjà atteint un niveau record. Malgré une diminution significative du nombre de personnes cherchant à traverser la Méditerranée vers l’Europe, le HCR a rapporté que 3 740 vies ont déjà été perdues en 2016, soit à peine moins que les 3 771 signalés pour l’ensemble de 2015 [1].
Madame la Présidente,
Migrant ou résident, la dignité humaine n’est pas négociable ou déterminée par la législation nationale. Les droits de l’homme de chaque individu, enracinés dans la dignité innée de la personne humaine, sont inviolables, sans distinction. Ce n’est pas seulement un principe fondateur de la Charte des Nations Unies et affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme : il est aussi inscrit dans l’expérience humaine et représente une vérité durable que nous ne devons pas seulement reconnaître quand c’est commode mais à tout moment. Comme le rappelle le Pape François, « dans cette perspective, il est important de considérer les migrants non seulement sur la base de leur statut de réguliers ou irréguliers, mais surtout comme des personnes dont la dignité doit être protégée et capables de contribuer au progrès et au bien-être général. C’est notamment le cas lorsqu’ils assument leurs obligations vis-à-vis de ceux qui les reçoivent, en respectant avec reconnaissance l’héritage matériel et spirituel du pays d’accueil, en respectant ses lois et en aidant pour ses besoins » [2].
Madame la Présidente,
Alarmée par les nombreuses manifestations de discrimination raciale et d’autres formes d’intolérance qui se manifestent aujourd’hui, toute la famille humaine doit réaffirmer une fois de plus sa volonté commune de combattre toutes les formes de discrimination et d’intolérance comme contraires à la dignité et à l’égalité inhérentes à tous les êtres humains et rester résolue à adopter toutes les mesures nécessaires pour les éliminer sous toutes leurs formes et manifestations.
Merci, Madame la Présidente.
1 http://www.unhcr.org/news/briefing/2016/10/580f1d044/mediterranean-death-toll-soars-2016-deadliest -year.html
2 Le pape François, «Les migrants et les réfugiés nous défient. La Réponse de l’Evangile de la Miséricorde « , Message pour la Journée Mondiale des Migrants (17 janvier 2016).
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Bernardito Auza, UNTV capture
ONU: "la dignité humaine n'est pas négociable"
Intervention de Mgr Auza