Délégation de l'UNESCO à l'Elysée © ItalyMFA

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Notre-Dame de Paris : Mme Azoulay, directrice de l’UNESCO, et Mgr Follo reçus à l'Elysée

La Déclaration de l’UNESCO présentée au président Macron

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Mme Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, a conduit une délégation de l’UNESCO à l’Elysée, ce vendredi 19 avril 2019, accompagnée de l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO à Paris, Mgr Francesco Follo.
Il s’agissait, a expliqué Mgr Follo à Zenit, de présenter au président français, M. Emmanuel Macron, la Déclaration du Conseil exécutif (cf. Texte intégral ci-dessous), concernant la restauration de Notre-Dame de Paris, après l’incendie de lundi dernier, 15 avril. Elle dit notamment : « Nous, États membres, exprimons notre entière solidarité et notre détermination à agir. »
Et la flèche…
Au terme de la rencontre Mgr Follo a confié à Zenit: « La rencontre avec le Président Macron s’est très bien passée. La Directrice lui a remis le texte de la Déclaration. Ensuite, autour d’une grande table, on a eu des propos convaincus sur la collaboration entre l’Etat français et l’UNESCO. »
Il précise l’intervention du Saint-Siège: « A cet égard, j’ai saisi l’occasion pour dire que, même si le Saint-Siège est « observateur » et pas « membre » de l’UNESCO, il a adhéré à la Convention de 1972 pour la protection et la promotion du patrimoine mondial – il est Etat-partie- et il est disponible pour collaborer à la restauration de Notre-Dame, dans le respect de l’Etat français et du diocèse de Paris, dans le quadre du Patrimoine culturel mondial. »
La Convention a été signée le 7 octobre 1982, précise à Zenit Florence Motte, à la Mission du Saint-Siège: « Et cela a permis de classer le site du Vatican en 1984. »
Mgr Follo souhaite que « même pour la question de la flèche on prenne soin qu’elle soit faite non seulement en tenant compte de l’aspect esthétique mais de la dimension religieuse fondamentale de l’édifice ».
Déclaration unanime
Mme Azoulay, qui a rencontré récemment le pape François à Rome, avait twitté dès le 15 avril: « Immense émotion devant le dramatique incendie à la cathédrale #NotreDamedeParis, inscrite au #Patrimoine mondial depuis 1991. L’#UNESCO suit de près la situation et se tient aux côtés de la France pour sauvegarder et réhabiliter ce patrimoine inestimable. »
Mgr Follo, joint par téléphone, a confié à Zenit que la Déclaration a été prise à l’unanimité. par exemple, le représentant de la Chine populaire a pris la parole en faveur des mesures préconisées, lors de la réunion du Conseil exécutif de l’UNESCO qui s’est achevée le 17 avril, après deux semaines de travaux.
Mgr Follo fait remarquer que cette déclaration pour un « soutien culturel et économique » a été « proposée par l’Italie, la France et le Saint-Siège », le 16 avril.
La Déclaration rappelle également que la cathédrale est inscrite au patrimoine mondial : « C’est cette valeur universelle exceptionnelle que l’UNESCO avait reconnue et honorée en inscrivant Notre-Dame sur la Liste du patrimoine mondial en 1991. »
Une délégation s’est par ailleurs rendue à Notre-Dame le 17 avril « pour montrer notre solidarité à l’Église et au peuple français », a expliqué Mgr Follo, « pour que l’on parvienne ensuite à des actions concrètes ».
Une vie ensemble
« Les 58 États membres du Conseil exécutif, pas seulement ceux qui ont une majorité chrétienne, ont adhéré à cette initiative. La Chine aussi a apporté son adhésion. La valeur culturelle, mais aussi la valeur religieuse de Notre-Dame, ont été reconnues : dans mon intervention, j’ai souligné qu’elle est un symbole dans le sens étymologique du terme. « Symbole » vient du grec symbállō, qui veut dire mettre ensemble. Ce n’est pas seulement un symbole parce qu’elle donne un exemple en tant qu’image, mais c’est l’Église qui met ensemble le peuple de Dieu, y compris celui qui n’est pas croyant : devant ces lieux, il y a une unité de peuple qui part de la culture. »
Insistant sur ce bien commun universel que représente Notre-Dame de Paris, Mgr Follo a cité pour les lecteurs de Zenit, en italien, ces vers de T.S. Eliot : « Quelle vie avez-vous si ce n’est une vie ensemble ? Il n’y a pas de vie si ce n’est en communauté, et pas de communauté qui ne soit vécue à la louange de Dieu » (Choeurs de « The Rock », « Le Roc », 1934:  « What life have you if you have not life together?/ There is no life that is not in community,/ And no community not lived in praise of GOD. »)
Agir, solidaires
A Radio Vatican en italien, Mgr Follo avait expliqué son émotion à la nouvelle de l’incendie de la cathédrale de Paris: « Quand j’ai su la nouvelle, cela a été un choc. J’étais à une réunion du Conseil exécutif. Je n’arrivais pas à y croire. Les participants ont vu que j’étais troublé et je leur ai expliqué ce qui se passait, puis je suis sorti. Ensuite, j’ai commencé à agir pour que la solidarité soit le premier pas : il fallait que les paroles soient suivies des faits, de sorte que soit reconstruite cette très belle église qui n’est pas seulement la propriété des chrétiens, mais qui est une valeur universelle pour tous. C’est une valeur d’unité. »
Et de préciser de quelle unité il s’agit : « L’unité n’est pas le point d’où l’on part, mais vers lequel on regarde ensemble. En outre la religion a pour but de donner le sens de la vie selon trois aspects : le sens, compris comme direction, comme signification et comme goût de la vie. Même une personne qui n’est pas croyante ou qui professe une autre religion est fascinée par ce rappel de la transcendance. »
Une délégation de l’UNESCO s’était rendue au Vatican le 17 décembre accompagnés de Mgr Follo et ils avaient été reçu par le pape François : Mme Azoulay, Mme Zohour Alaoui, présidente de la Conférence générale (Maroc), M. Byong – Hyun Lee, Président du Conseil exécutif (Corée du Sud) – tous les trois présents à l’Elysée, – et Mme Stefania Giannini, Sous-Directrice générale du Secteur pour l’éducation.
(Avec Hélène Ginabat)

Notre-Dame de Paris, 17 avril 2019 © Anita Sanchez

Notre-Dame de Paris, 17 avril 2019 © Anita Sanchez

Déclaration du Conseil exécutif de l’UNESCO

après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris (France)

16 avril 2019

Nous, États membres de l’UNESCO, réunis ce jour en conseil exécutif au siège de l’Organisation à Paris, souhaitons exprimer solennellement notre profonde émotion suite à l’incendie qui a touché hier la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ce drame nous rappelle qu’à travers le patrimoine mondial, c’est le lien qui unit l’humanité qui est en jeu. L’UNESCO est toujours aux côtés du patrimoine, en tant qu’expression des valeurs que nous partageons tous.
Notre-Dame, au cœur de Paris, est un symbole puissant non seulement français, mais de l’humanité toute entière du fait de son architecture d’exception, de sa fonction spirituelle, de son inscription dans l’histoire, le patrimoine littéraire et artistique. C’est cette valeur universelle exceptionnelle que l’UNESCO avait reconnue et honorée en inscrivant Notre-Dame sur la Liste du patrimoine mondial en 1991.
Cet épisode, comme d’autres pertes ou destructions inestimables qui ont malheureusement marqué notre histoire, nous rappelle que le patrimoine est vulnérable et qu’à ce titre, l’engagement de la communauté internationale reste déterminant pour sa protection et sa sauvegarde. C’est l’occasion de réaffirmer notre attachement indéfectible à la protection du patrimoine, objectif que les Nations Unies se sont donné à travers l’Unesco
Nous, États membres, exprimons notre entière solidarité et notre détermination à agir. Nous nous associons à la douleur de toutes celles et ceux qui ont perdu, avec cette destruction heureusement enrayée par les efforts héroïques de la sécurité civile, une figure majestueuse de l’imaginaire collectif des peuples du monde entier.
Nous nous tenons résolument aux côtés des autorités françaises pour soutenir le travail de réhabilitation de NotreDame de Paris, et faire partager l’expertise de l’UNESCO au service de cette tâche, comme l’y engage son mandat pour la protection du patrimoine mondial. Pour nous et pour les générations futures, il est de notre responsabilité d’assurer un avenir à notre passé
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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