Au cours du voyage apostolique au Myanmar (27-30 novembre 2017), a dit le cardinal Bo, le pape François « a l’occasion d’inspirer toutes les parties prenantes à prendre le chemin de la paix, non seulement avec les Rohingyas, mais aussi dans les autres conflits ».
Au Myanmar, l’Église n’est pas « silencieuse », elle « a défendu les droits de chacun », a déclaré le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Yangon. « Nous continuerons à affirmer les droits à la dignité des musulmans à Rakhine qui inclut la citoyenneté », a-t-il ajouté.
Le cardinal a répondu aux questions les plus fréquentes sur la situation des Rohingyas, leur histoire et le sens du conflit, au XXIV congrès mondial de l’Apostolat de la mer qui est en cours à Kaohsiung, Taiwan, du 1er au 7 octobre 2017, sur le thème « Prisonnier du filet » (« Caught in the net »).
Un moment de grâce extraordinaire
En ce qui concerne le voyage du pape François au Myanmar, le cardinal souligne que « c’est un moment extraordinaire de grâce pour le petit troupeau » dans le pays bouddhiste. « Nous sommes sûrs, dit le cardinal, que ce grand bon pasteur de la paix, par sa présence et ses prières, apporte une nouvelle aurore de paix à cette nation qui souffre depuis longtemps. »
Il souligne que le pape est « un partisan actif de la question des Rohingyas : il a déjà parlé à trois reprises du Vatican et le monde a pris note de son intérêt. Ainsi, sa visite a suscité beaucoup d’intérêt ».
En notant « un effort » des « groupes lobbyistes » de faire de sorte que la visite du pape « soit liée au sort des Rohingyas », le cardinal Bo affirme qu’il s’agit « d’une visite pastorale apostolique ». Le pape « vient sur l’invitation du gouvernement qui a déclaré que sa visite favoriserait la « paix et l’harmonie ».
Les droits de toutes les personnes
« En tant que conférence des évêques du Myanmar et en réponse personnelle, nous avons défendu les droits de toutes les personnes », « y compris les Rohingyas », affirme le cardinal Bo. Quand les Rohingyas ont été victimes des trafiquants dans la mer thaïlandaise, « nous avons élevé la voix », dit le cardinal. « En juin, poursuit-il, nous avons appelé le gouvernement et d’autres personnes à approfondir les allégations de nettoyage ethnique et de génocide. »
« Notre position est claire, déclare le cardinal Bo. La loi sur la citoyenneté de 1982 n’a pas été adoptée par un gouvernement démocratique. C’était la dictature militaire et la révision de cette loi de 1982 est en retard… Les Rohingyas ont reçu la quasi-citoyenneté à deux reprises : une fois pendant la gouvernance d’U Nu (le Premier ministre du pays, renversé par la junte militaire en 1962 – ndlr) et ensuite, récemment, avant les élections de 2010. Le gouvernement doit commencer par régulariser cela. »
En tant qu’Église, explique le cardinal, « nous étendons nos services à l’Etat de Rakhine via le réseau Caritas ». « Déjà, le réseau Caritas du diocèse de Pyay et le bureau national … seront prêts pour le rapatriement des réfugiés. » « Nous continuerons à organiser les conférences interreligieuses de la paix, dit-il. Nous en avons déjà mené une au niveau national. Nous pouvons accueillir la prochaine dans le Pyay ou à Rakhine même. »
Le cardinal Bo rappelle aussi qu’il existe d’autres « groupes ethniques » qui sont opprimés au Myanmar : il fait référence aux groupes « chrétiens » des Kachins, Kayahs et Karens qui « continuent à être en conflit et en déplacement depuis trente ans ».
Le dialogue, seule voie à suivre
En parlant de l’avenir du pays, le cardinal Bo dit que les espoirs de l’Église du Myanmar sont liés à la gouvernance d’Aung San Suu Kyi, la ministre birmane des Affaires étrangères et lauréate du prix Nobel de la paix en 1991 : « Tant que Aung San Suu Kyi continue, nous avons de l’espoir, dit-il. C’est une femme forte avec des principes solides. Malgré les critiques perçantes de la communauté internationale, le Myanmar dépend d’elle pour de nombreuses réponses compatissantes. Je suis convaincu de son acceptation du rapport de la commission Kofi Annan. »
« Elle a déjà formé un comité du travail et a salué le retour des réfugiés, poursuit-il, elle a demandé au comité de commencer le processus de vérification. C’est un mouvement que nous saluons. »
« Le dialogue est la seule voie à suivre, affirme le cardinal Bo. La paix est possible; la paix est le seul chemin. »
« La violence de quiconque doit être évitée, souligne le cardinal. C’est une grande tragédie que les militants de l’extérieur ouvrent un nouveau front de conflit. Le gouvernement et l’armée du Myanmar doivent se rendre compte que des réponses agressives sans intégrer une solution politique à long terme transformeront cette question en un conflit inquiétant. Le Myanmar a d’autres problèmes urgents: la réduction de la pauvreté, le renforcement de la démocratie, le renforcement de l’État et de la nation. »
Logo du voyage Myanmar (Birmanie)
Myanmar : le voyage du pape, une occasion de «prendre le chemin de la paix», par le card. Bo
L’Église «a défendu les droits de chacun»