Hôpital de Zimpeto, Mozambique © Vatican Media

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Mozambique : le pape auprès de malades du sida

« Le courage de chercher des solutions »

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Le pape François a salué la « compétence », le « professionnalisme et l’ « amour » avec lesquels les personnes souffrantes sont accueillies et traitées à l’Hôpital Zimpeto. Ce Centre, a-t-il dit, a « le courage de chercher des solutions ». « Vous avez écouté ce cri silencieux, presqu’inaudible, d’innombrables femmes, de tant de personnes qui vivaient dans la honte, marginalisées, jugées par tous ».
Le pape François s’est rendu en voiture à l’Hôpital Zimpeto, dans la banlieue de Maputo, ce vendredi 6 septembre 2019. C’est là que le Centre Dream, lancé en 2002 par la Communauté de Sant’Egidio, accueille les personnes affectées par le sida. Le pape a été accueilli par le président de la Communauté, Marco Impagliazzo, par la coordinatrice nationale du projet Dream et par la directrice locale du centre de Maputo. Les enfants ont exécuté une danse traditionnelle et un chant et un malade a remis un cadeau au pape.
Après avoir prononcé un discours, le pape a salué 20 malades et a visité en privé deux départements du Centre. Puis il a rejoint le stade Zimpeto.
Le pape a relevé l’engagement « gratuit et volontaire » de beaucoup, qui « comporte en lui-même une immense valeur humaine et évangélique » et fait valoir que les « options à faible impact environnemental constituent un modèle vertueux, un exemple à suivre face à l’urgence imposée par la dégradation de la planète ». « Renouvelez vos efforts », a conclu le pape François, « en permettant que d’ici on continue à ‘‘donner le jour’’ à l’espérance. Ici, on donne le jour à l’espérance ! », a-t-il insisté.
Paroles de salutations du pape François
Chers frères et sœurs,
Merci beaucoup pour l’accueil chaleureux et fraternel ainsi que pour les paroles de Cacilda. Merci pour ta vie et pour ton témoignage, signe que ce Centre de santé polyvalent – Saint Gilles de Zimpeto – est une manifestation de l’amour de Dieu, toujours prêt à insuffler la vie et l’espérance où abondent la mort et la souffrance.
Je salue cordialement les responsables, les agents de santé, les malades ainsi que leurs proches, et toutes les personnes présentes. En voyant comment vous traitez et accueillez avec compétence, professionnalisme et amour tant de personnes souffrantes, particulièrement les malades du SIDA/HIV, surtout les femmes et les enfants, me vient à l’esprit la parabole du bon Samaritain.
Tous ceux qui sont passés par ici, tous ceux qui arrivent, désespérés et angoissés, sont comme cet homme abandonné au bord de la route. Et ici, vous n’êtes pas passés à distance, vous n’avez pas poursuivi votre route comme l’ont fait d’autres (le lévite et le prêtre). Ce Centre nous montre que quelqu’un s’est arrêté et a senti de la compassion ; celui-là n’a pas cédé à la tentation de dire ‘‘il n’y a rien à faire’’, ‘‘il est impossible de combattre ce fléau’’ et il a le courage de chercher des solutions. Vous, comme l’a dit Cacilda, vous avez écouté ce cri silencieux, presqu’inaudible, d’innombrables femmes, de tant de personnes qui vivaient dans la honte, marginalisées, jugées par tous. C’est pourquoi dans cette maison vous avez étendu l’accueil– où vit le Seigneur avec ceux qui gisent au bord de la route – aux malades du cancer, de tuberculose et à des centaines de personnes souffrant de malnutrition, surtout des enfants et des jeunes.
Ainsi, toutes les personnes qui, de diverses manières, font partie de la communauté de ce Centre de santé deviennent une expression du Cœur de Jésus, pour que nul ne pense « que son cri s’est perdu dans le vide. [C’est un signe de solidarité avec] tous ceux qui sont dans le besoin, afin qu’ils ressentent la présence active d’un frère et d’une sœur. On ne répond pas aux besoins des pauvres par procuration, mais [par un engagement personnel] en écoutant leur cri et en s’engageant personnellement. La sollicitude des croyants ne peut pas se résumer à une assistance – même si elle est nécessaire et providentielle dans un premier temps – mais appelle cette ‘‘attention aimante’’ qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien » (Message pour la 2ème journée mondiale des pauvres, 18 novembre 2018, n. 3). Entendre ce cri vous a amenés à vous rendre compte qu’un traitement médical, même nécessaire, ne suffisait pas : pour cela, vous avez examiné la question dans son ensemble pour restaurer la dignité des femmes et des enfants, en les aidant à concevoir un avenir meilleur.
Dans cet immense champ, qui s’est progressivement ouvert à vous grâce à l’‘‘écoute’’ continue, vous avez également fait l’expérience de vos limites, du manque de moyens de toutes sortes. Le programme, que vous avez mis en place et connecté à d’autres parties du monde, est un exemple d’humilité, de reconnaissance de vos limites et de créativité dans la mise en réseau. L’engagement gratuit et volontaire de tant de personnes de diverses professions qui, depuis des années, à travers la télémédecine, ont apporté leur précieuse contribution afin de former des opérateurs locaux, cet engagement comporte en lui-même une immense valeur humaine et évangélique.
Il est par ailleurs merveilleux de constater comment cette écoute des plus fragiles parmi les pauvres, des malades, nous met en contact avec une autre partie du monde fragile : je pense aux « symptômes de maladie que nous observons dans le sol, dans l’eau, dans l’air et dans les êtres vivants. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui ‘‘gémit en travail d’enfantement’’ (Rm 8, 22) » (Laudato si’, n. 2). Comme l’enseignent les sculptures de l’art makonde, les ujamaa représentant diverses figures serrées les unes contre les autres où prévaut l’union et la solidarité sur l’individualisme, nous devons nous rendre compte que nous faisons tous partie d’un même tronc. Vous avez été capables de le comprendre, et cette écoute vous a conduits à rechercher des moyens conséquents pour l’approvisionnement d’énergie ainsi que pour la collecte et la réserve d’eau. Vos options à faible impact environnemental constituent un modèle vertueux, un exemple à suivre face à l’urgence imposée par la dégradation de la planète.
Le texte du Bon Samaritain se termine, en rapportant que celui-ci laisse l’homme blessé dans l’‘‘auberge’’, en remettant à l’aubergiste une partie du paiement et en promettant de verser le reste à son retour. Des femmes comme Cacilda, les presque cent mille enfants qui peuvent écrire une nouvelle page d’histoire sans VIH / sida, et de nombreuses autres personnes anonymes qui sourient aujourd’hui, parce qu’elles ont été traitées avec dignité dans leur dignité, font partie de l’acompte que le Seigneur vous a versé : des présences-cadeaux qui, sortant du cauchemar de la maladie, sans cacher leur condition, communiquent l’espérance à beaucoup de personnes ; par ce ‘‘je rêve’’, elles transmettent l’espérance à tant de gens qui ont besoin d’être recueillis du bord de la route. L’autre partie vous sera versée par le Seigneur ‘‘à son retour’’, et cela devrait vous combler de joie : lorsque nous serons partis, lorsque vous reprendrez vos tâches quotidiennes, lorsque personne ne vous applaudira ni ne vous exaltera, continuez à recevoir ceux qui viennent, allez à la recherche des blessés et des vaincus dans les périphéries… N’oublions pas que leurs noms, écrits dans les cieux, portent une inscription : voici les bénis de mon Père. Renouvelez vos efforts, en permettant que d’ici on continue à ‘‘donner le jour’’ à l’espérance. Ici, on donne le jour à l’espérance !
Que Dieu vous bénisse, chers malades et proches, ainsi que ceux qui vous assistent avec tant d’affection et vous encouragent à continuer ! Que Dieu vous bénisse !
© Librairie éditrice du Vatican

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Hélène Ginabat

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