Le Saint-Siège et le Mexique réaffirment « la place centrale de la personne humaine dans tout exercice politique, y compris celui visant à réguler les flux migratoires », dans un communiqué commun publié après la rencontre sur la migration qui a eu lieu le 14 juin 2018 au Vatican, indique L’Osservatore Romano en italien du 19 juin. Le texte appelle toutes les parties à agir « en équilibrant les principes de solidarité, de subsidiarité et de co-responsabilité ».
Le communiqué du Saint-Siège et du Mexique affirme que « les enfants sont ceux qui souffrent le plus des conséquences de la migration forcée ». En soulignant « la dignité de tout être humain qui se déplace », il rappelle ensuite « l’attitude fondamentale indiquée par le pape François : sortir à la rencontre de l’autre, l’accueillir, le connaître et le reconnaître ».
Le document réitère « l’opportunité de s’engager dans une gouvernance mondiale des flux migratoires », en garantissant le soutien au processus qui devrait « conduire l’ONU à adopter le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière au cours de cette année ». L’élaboration de ce Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration a débuté en avril 2017 et devrait aboutir à l’adoption de l’accord lors d’une conférence intergouvernementale prévue en décembre 2018.
Les politiques migratoires et le rôle des chrétiens, y compris les pasteurs, est aussi au cœur de l’assemblée de printemps de la Conférence des évêques américains qui se tient depuis jeudi dernier en Floride. Le cardinal Daniel DiNardo, président de la Conférence épiscopale américaine, a qualifié d’« immorale la décision de séparer les enfants des mères » à la frontière entre le Mexique et les États-Unis.
Aux côtés de Mgr Joe Vásquez, président de la commission des migrations, le cardinal a aussi fermement condamné « le recours continu à la séparation familiale sur la ligne de frontière américano-mexicaine sous prétexte d’appliquer la politique de tolérance zéro » établie par l’administration du président Trump. On doit trouver « d’autres moyens pour garantir la sécurité », a déclaré le cardinal, car « séparer des enfants de leur mère n’est pas la solution ».
Le card. DiNardo a ensuite rappelé que les lois doivent « veiller à ce que les enfants ne soient pas séparés de leurs parents et exposés à des dommages et traumatismes irréparables ». Les évêques ont ainsi proposé d’envoyer une délégation à la frontière pour inspecter les installations où sont gardés les enfants.
La tension reste élevée à la frontière avec le Mexique où a éclaté le cas d’enfants migrants séparés de leurs parents après leur entrée illégale aux États-Unis à partir du Mexique. Selon des informations publiées par le ministère de la Sécurité intérieure des États-Unis, environ 2000 enfants ont été séparés de leurs parents en six semaines, du 19 avril au 31 mai 2018, après l’entrée en vigueur de la politique de tolérance zéro de l’administration Trump.
Ce matin, à Genève, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Raad al-Hussein, s’est exprimé sur la question, qualifiant cette séparation d’ « inacceptable et cruelle ». « Penser qu’un État cherche à dissuader les parents en infligeant de tels abus aux enfants est inadmissible », a souligné M. al-Hussein, à l’ouverture de la séance du Conseil des droits de l’homme.
La première dame, Mélanie Trump, est également intervenue sur la question. Elle souhaite, a rapporté son porte-parole, qu’une solution soit trouvée rapidement pour ces enfants, soulignant qu’un pays doit être gouverné par la loi, mais aussi « par le cœur ».
Le président américain accuse les démocrates d’un « horrible et cruel agenda législatif », alors qu’ils devraient plutôt « travailler avec les républicains sur la nouvelle loi sur l’immigration s’ils veulent résoudre le problème ». Donald Trump réclame un appui pour un des deux projets de loi proposé par le parti républicain qui seront soumis au vote la semaine prochaine à la Chambre et au Sénat, toujours selon la même source.
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Le pape François au Mexique
Migrations: protéger les enfants à la frontière entre le Mexique et les États-Unis
«La place centrale de la personne humaine»