Migrants, réfugiés © un.org

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Parlement d’Amérique latine et des Caraïbes: le pape plaide pour les migrants

«Ne pas se boucher les oreilles»

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Le pape François demande au Parlement d’Amérique latine et des Caraïbes d’agir efficacement en faveur des migrants: « Nous ne pouvons pas nous boucher les oreilles à leur appel ».
Le pape a adressé un message à Mme Blanca Alcalà, présidente du « Parlatino », en date du 7 juin 2017, à l’occasion de la 33e assemblée générale du Parlement d’Amérique latine et des Caraïbes sur le thème : « Dialogue parlementaire de haut niveau sur les migrations en Amérique latine et aux Caraïbes : réalités et engagements envers le Pacte mondial ».
Réfléchissant sur les thèmes « réalité », « dialogue » et « engagement », le pape a d’abord souligné que « l’analyse aseptisée produit des mesures stériles » et qu’il fallait veiller à ce que « les accords et les mesures de sécurité soient examinés à partir de l’expérience directe » et « se conforment à la réalité ». « Le dialogue est indispensable », a-t-il ensuite martelé ; « atteindre un consensus entre les parties est un ‘métier’ ». Enfin, à propos de l’engagement « de toutes les parties », le pape a exhorté à des actions « à moyen et à long terme » : « nous sommes forcés de résoudre ce problème », a-t-il affirmé.
Voici notre traduction du message du pape François.
CR
Message du pape François
Madame la Présidente,
A l’occasion du Forum « Dialogue parlementaire de haut niveau sur les migrations en Amérique latine et aux Caraïbes: réalités et engagements envers le Pacte mondial », je vous salue en tant que présidente et, avec vous, tous ceux qui participeront à cet événement. Je vous félicite pour cette initiative qui vise à aider et à rendre la vie plus digne pour ceux qui, ayant une patrie, ne trouvent malheureusement pas dans leurs pays des conditions adéquates de sécurité et de subsistance et sont obligés de migrer vers d’autres lieux.
A partir du titre de votre réunion, je voudrais souligner trois mots qui invitent à la réflexion et au travail: réalité, dialogue et engagement.
D’abord, la réalité. Il est important de connaître la raison de la migration et les caractéristiques qu’elle présente sur notre continent. Cela nécessite non seulement une analyse de cette situation à partir du « bureau d’étude », mais aussi un contact avec les gens, c’est-à-dire avec de vrais visages. Derrière chaque émigrant, il y a un être humain dont l’histoire lui est propre, avec une culture et des idéaux. L’analyse aseptisée produit des mesures stériles; d’autre part, une relation avec une personne en chair et en os nous aide à percevoir les cicatrices profondes qu’il porte en lui, causées par la raison ou la déraison de sa migration. Cette réunion aidera à fournir des réponses valables pour les migrants et les pays d’accueil, tout en veillant à ce que les accords et les mesures de sécurité soient examinés à partir de l’expérience directe, en observant si oui ou non elles se conforment à la réalité. En tant que membres d’une grande famille, nous devons travailler pour placer la « personne » au centre (voir Discours au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, 9 janvier 2017) ; ce n’est pas un simple nombre ou une entité abstraite, mais un frère ou une sœur qui a besoin de notre aide et d’une main amicale.
Le dialogue est indispensable dans ce travail. On ne peut pas travailler isolément; Nous avons tous besoin l’un de l’autre. Nous devons être « capables de laisser derrière nous une culture du rejet et en d’embrasser une de la rencontre et de l’acceptation » (Message pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés, 2014). Une collaboration commune est nécessaire pour développer des stratégies efficaces et équitables pour l’accueil des réfugiés.Atteindre un consensus entre les parties est un « métier » ; une tâche méticuleuse, presque imperceptible mais essentielle pour façonner les accords et les règlements. Tous les éléments doivent être offerts aux gouvernements locaux ainsi qu’à la communauté internationale afin de développer les meilleurs pactes pour le bien de tous, en particulier de ceux qui souffrent dans les régions les plus vulnérables de notre planète, ainsi que dans certaines régions  d’Amérique latine et des Caraïbes. Le dialogue est essentiel pour favoriser la solidarité avec ceux qui ont été privés de leurs droits fondamentaux, ainsi que pour accroître la volonté d’accueillir ceux qui fuient des situations dramatiques et inhumaines.
Afin de répondre aux besoins des migrants, un engagement est nécessaire de la part de toutes les parties. Nous ne pouvons pas nous arrêter à l’analyse détaillée et au débat d’idées, mais nous sommes forcés de résoudre ce problème. L’Amérique latine et les Caraïbes ont un rôle international important et la possibilité de devenir des acteurs clés dans cette situation complexe. Dans cet effort, « il faut une planification à moyen terme et à long terme qui ne se limite pas aux réponses d’urgence » (Discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, 11 janvier 2016). Cela sert à établir des priorités dans la région avec une vision du futur, comme l’intégration des migrants dans les pays d’accueil et l’assistance au développement des pays d’origine. A cela s’ajoute de nombreuses autres actions urgentes, telles que les soins aux mineurs : « Tous les enfants … ont droit à la récréation ; en un mot, ils ont le droit d’être des enfants » (Message pour la Journée Mondiale des Migrants et Réfugiés, 2017). Ils ont besoin de nos soins et de notre aide, tout comme leurs familles. À cet égard, je renouvelle mon appel pour arrêter la traite des êtres humains, qui est un fléau. Les êtres humains ne peuvent être traités comme des objets ou des marchandises, car chacun porte en lui l’image de Dieu (cf. exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 197-201).
Le travail est énorme et nous avons besoin d’hommes et de femmes de bonne volonté qui, avec leur engagement concret, peuvent répondre à ce « cri » qui s’élève du cœur du migrant. Nous ne pouvons pas boucher nos oreilles à leur appel. J’exhorte les gouvernements nationaux à assumer leurs responsabilités envers tous ceux qui résident sur leur territoire; et je réitère l’engagement de l’Église catholique, par la présence des Eglises locales et régionales, pour apporter une réponse à cette blessure que beaucoup de frères et sœurs portent en eux.
Enfin, je vous encourage dans cette tâche que vous accomplissez, et je demande l’intercession de la Sainte Vierge. Puisse-t-elle, qui a également connu une migration dans sa fuite en Égypte avec son époux et son fils Jésus (Mt 2, 13), vous garder et vous soutenir par son attention maternelle.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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