« Les laïcs devraient être impliqués dans l’administration de l’Église » et dans « tous les aspects de la vie de l’Église ». C’est la conviction du cardinal-désigné Kevin Farrell, nommé par le pape François à la tête du nouveau dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, inauguré le 1er septembre 2016.
Dans un entretien au National catholic reporter (NCR) publié le 15 novembre, il évoque l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia : « c’est l’Esprit-Saint qui parle ». Le document « est fidèle à la doctrine et à l’enseignement de l’Église », assure-t-il : « Il poursuit la doctrine de Familiaris Consortio de Jean-Paul II. Je crois fermement que c’est l’enseignement de l’Église ».
Il confirme que l’exhortation sera la base de son travail au nouveau dicastère : « Ce sera le document-guide, sans aucun doute, pour les années à venir. (…) Nous devons tous lire ce document un grand nombre de fois. Je l’ai lu probablement sept ou huit fois et je crois qu’à chaque fois (…) il y a quelque chose de nouveau ».
Pour le chef de dicastère, les personnes divorcées et remariées devraient être incluses « dans tous les ministères de l’Église ». « Cela ne veut pas dire (…) qu’ils devraient recevoir la communion », précise-t-il en plaidant pour « un processus de discernement ». Il faut « un cheminement. (…) Ne pas prendre à la légère, mais accompagner les personnes dans des circonstances difficiles ».
Impliquer les laïcs dans l’administration
L’évêque, qui sera créé cardinal le 19 novembre, évoque son nouveau rôle au sein de la Curie romaine : « Ce n’est pas comme si j’arrivais avec beaucoup d’idées brillantes. Je dois venir, je dois apprendre, je dois écouter pendant plusieurs mois. Je suis du genre à aimer écouter les opinions des autres. (…) J’aime consulter beaucoup et voir à partir de là où nous allons ».
« Je crois que le pape est réellement concerné par les laïcs et le rôle des laïcs » qui « sont la plus grande partie de l’Église », explique-t-il encore : le pape François « veut que le peuple catholique se sente soutenu et compris, et qu’il ait la parole ».
Dans le diocèse de Dallas, dont il était l’évêque depuis 2007, Mgr Farrell a créé un comité de laïcs pour le conseiller dans l’administration du diocèse : « Je les consultais sur toutes les décisions pastorales auxquelles j’étais confronté. (…) Je tenais à ce que les prêtres soient ce qu’ils sont supposés êtres : sacramentels, et enseignant la foi. Et à laisser l’administration à des personnes qui étaient plus compétentes qu’eux, les laïcs ».
« Je préfère avoir des laïcs pour diriger les différents services », confie-t-il. « Les laïcs devraient être impliqués dans l’administration de l’Église, et par administration, je n’entends pas les finances. Je pense à tous les aspects de la vie de l’Église ».
Ainsi le préfet du grand dicastère envisage que tous ses sous-secrétaires soient des laïcs : « J’aimerais avoir des personnes mariées qui me parlent du mariage et des membres de familles qui me parlent de la vie familiale. Ce sont eux qui en vivent la réalité ».
Le point de vue unique des femmes
Il souhaite aussi promouvoir le rôle des femmes : « Les femmes apportent une perspective unique sur de nombreux problèmes, affirme-t-il. Je verrais les choses d’une manière, du bureau de la chancellerie, mais elles le verraient complètement différemment à partir de leur expérience quotidienne de la réalité ».
Le cardinal-désigné entend aussi « mettre fortement l’accent sur la formation des laïcs à tous les niveaux ».
Mgr Farrell évoque par ailleurs sa surprise en recevant l’appel du pape pour sa nomination au Vatican : « J’étais simplement soufflé, (…) je ne pouvais pas y croire ». Il ignore pourquoi il a été désigné à ce poste : « J’aimerais beaucoup le savoir. J’ai demandé au Saint-Père : ‘Pourquoi m’avez-vous choisi ?’. Il a simplement souri ».
Avec une traduction de Constance Roques