Accueil au parc Jordan de Blonia, Cracovie

Accueil au parc Jordan de Blonia, Cracovie

Les jeunes "sont capables d’actions vraiment grandioses"

Discours du pape à la cérémonie d’accueil des jeunes au Parc Jordan de Błonia à Cracovie

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« Il n’y a rien de plus beau que de contempler les désirs, l’engagement, la passion et l’énergie avec lesquels de nombreux jeunes affrontent la vie. Lorsque Jésus touche le cœur d’un jeune, d’une jeune, ceux-ci sont capables d’actions vraiment grandioses ». C’est l’affirmation du pape François, le 28 juillet 2016, lors de la cérémonie d’accueil que lui ont réservé les jeunes des JMJ à Cracovie, en Pologne.
Au cours d’une célébration festive aux couleurs du monde entier dans le parc Jordan de Blonia, le pape leur a demandé : « Voulez-vous pour votre vie ce ‘‘vertige’’ aliénant ou voulez-vous sentir la force qui vous fera sentir vivants, pleins ? Vertige aliénant ou force de la grâce ? Pour être pleins, pour avoir une force renouvelée, il y a une réponse ; ce n’est pas une chose, ce n’est pas un objet qui s’achète, c’est une personne et elle est vivante, elle s’appelle Jésus Christ ».
Depuis la Pologne, le pape a aussi lancé un nouvel appel pour les réfugiés : il a exhorté les jeunes à avoir « un cœur miséricordieux » qui « sait être un refuge pour celui qui n’a jamais eu une maison ou l’a perdue », qui « sait créer une atmosphère de maison et de famille pour celui qui a dû migrer », qui « s’ouvre pour recevoir le réfugié et le migrant ».
AK
Discours du pape François
Chers jeunes, bon après-midi,
Enfin, nous nous rencontrons ! Merci pour ce chaleureux accueil ! Je remercie le Cardinal Dziwisz, les évêques, les prêtres, les religieux, les séminaristes, les laïcs et tous ceux qui vous accompagnent. Merci à ceux qui ont rendu possible notre présence ici aujourd’hui, qui se sont dépensés pour que nous puissions célébrer la foi. Aujourd’hui, tous ensemble, nous célébrons la foi.
Sur sa terre natale, je voudrais remercier spécialement saint Jean-Paul II [grande ovation], – [applaudissez] fort, fort – qui a rêvé et a donné l’impulsion à ces rencontres. Du ciel, il nous accompagne en voyant tant de jeunes appartenant à des peuples, des cultures, des langues si diverses, avec un seul motif : célébrer Jésus qui est vivant au milieu de nous. Avez-vous compris ? Célébrer Jésus qui est vivant au milieu de nous ! Et dire qu’il est Vivant, c’est vouloir renouveler notre désir de le suivre, notre désir de vivre avec passion la sequela de Jésus. Y a-t-il meilleure occasion pour renouveler l’amitié avec Jésus que de renouveler l’amitié avec Jésus qui renforce l’amitié entre vous ? Y a-t-il meilleure manière de renforcer notre amitié avec Jésus que de la partager avec les autres ? Y a-t-il meilleure manière de faire l’expérience de la joie de l’Évangile que de vouloir ‘‘propager’’ sa Bonne Nouvelle dans tant de situations douloureuses et difficiles ?
Et c’est Jésus qui nous a convoqués à ces trente-et-unièmes Journées Mondiales de la Jeunesse ; c’est Jésus qui nous dit : «Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Heureux ceux qui savent pardonner, qui savent avoir une cœur compatissant, qui savent donner le meilleur aux autres ; le meilleur, non les restes : le meilleur.
Chers jeunes, ces jours-ci la Pologne, cette noble terre, est en fête ; ces jours-ci la Pologne veut être le visage toujours jeune de la Miséricorde. De cette terre, avec vous et aussi unis à de nombreux jeunes qui aujourd’hui ne peuvent pas être ici, mais qui nous accompagnent à travers les divers moyens de communication, tous ensemble nous ferons de ces journées une vraie fête jubilaire, en ce Jubilé de la Miséricorde.
Au cours de mes années en tant qu’évêque, j’ai appris une chose – j’en ai appris tant, mais il y a une que je veux dire maintenant – : il n’y a rien de plus beau que de contempler les désirs, l’engagement, la passion et l’énergie avec lesquels de nombreux jeunes affrontent la vie. Cela est beau ! Et d’où vient cette beauté ? Lorsque Jésus touche le cœur d’un jeune, d’une jeune, ceux-ci sont capables d’actions vraiment grandioses. Il est stimulant de les écouter partager leurs rêves, leurs interrogations et leur désir de s’opposer à tous ceux qui disent que les choses ne peuvent pas changer. Ceux que j’appelle les ‘‘quiétistes’’ : ‘‘On ne peut rien changer’’. Non, les jeunes ont la force de s’opposer à ceux-là ! Mais… certains n’en sont pas convaincus… Je vous pose la question et vous répondez : peut-on changer les choses ? [Oui !]. On entend pas ! [Oui !] Voilà ! C’est un don du ciel de pouvoir voir beaucoup d’entre vous qui, avec vos interrogations, cherchent à faire en sorte que les choses soient différentes. Il est beau, et cela me réconforte, de vous voir si enthousiastes. L’Église aujourd’hui vous regarde – je dirais plus : le monde aujourd’hui vous regarde – et veut apprendre de vous, pour renouveler sa confiance dans la Miséricorde du Père qui a le visage toujours jeune et ne cesse pas de nous inviter à faire partie de son Royaume, qui est un Royaume de joie, qui est un Royaume toujours de bonheur, qui est un Royaume nous portant toujours en avant, qui est un Royaume capable de nous donner la force de changer les choses. J’ai oublié, et je vous pose une fois encore la question : peut-on changer les choses ? [Oui !] D’accord.
Connaissant la passion que vous mettez dans la mission, j’ose répéter : la miséricorde a toujours le visage jeune. Car, un cœur miséricordieux a le courage d’abandonner le confort ; un cœur miséricordieux sait aller à la rencontre des autres, il parvient à embrasser tout le monde. Un cœur miséricordieux sait être un refuge pour celui qui n’a jamais eu une maison ou l’a perdue, il sait créer une atmosphère de maison et de famille pour celui qui a dû migrer, il est capable de tendresse et de compassion. Un cœur miséricordieux sait partager le pain avec celui qui a faim, un cœur miséricordieux s’ouvre pour recevoir le réfugié et le migrant. Dire miséricorde avec vous, c’est dire opportunité, c’est dire demain, c’est dire engagement, c’est dire confiance, c’est dire ouverture, hospitalité, compassion, c’est dire rêves. Mais êtes-vous capables de rêver ? [Oui !] Et quand le cœur est ouvert et capable de rêver, il y a de la place pour la miséricorde, il y a de la place pour caresser ceux qui souffrent, il y a de la place pour se mettre à côté de ceux qui n’ont pas la paix dans leur cœur ou manquent du nécessaire pour vivre, ou manquent de la chose la plus belle : la foi. Miséricorde. Disons ensemble ce mot : miséricorde. Tous ! [Miséricorde !]. Une fois encore ! [Miséricorde !] Une fois encore, pour que le monde entende ! [Miséricorde !] Je veux aussi vous confesser une autre chose que j’ai apprise au cours de ces années. Je ne veux offenser personne, mais je suis peiné de rencontrer des jeunes qui ont l’air de ‘‘retraités’’ précoces. Cela me fait de la peine. Des jeunes dont il semble qu’ils sont allés à la retraite à 23, 24, 25 ans. Cela me fait de la peine. Je suis préoccupé de voir des jeunes qui ont ‘‘jeté l’éponge’’ avant de commencer la partie. Qui sont ‘‘résignés’’ sans avoir commencé à jouer. Je suis peiné de voir des jeunes qui marchent, le visage triste, comme si leur vie n’avait pas de valeur. Ils sont des jeunes fondamentalement ennuyés… et ennuyeux, qui ennuient les autres, et cela me fait de la peine. Il est difficile, et en même temps cela nous interpelle, de voir des jeunes qui consacrent leur vie à la recherche du ‘‘vertige’’, ou de cette sensation de se sentir vivants par des chemins obscurs qu’ensuite ils finissent par ‘‘payer’’… et payer cher. Pensez aux nombreux jeunes que vous connaissez, qui ont choisi cette voie. Cela fait réfléchir lorsque tu vois des jeunes qui perdent les belles années de leur vie et leurs énergies en courant après les vendeurs de fausses illusions – il y en a – (dans mon pays natal nous dirions ‘‘vendeurs de fumée’’) qui vous volent le meilleur de vous-mêmes. Et cela me fait de la peine. Je suis sûr qu’aujourd’hui parmi vous il n’y en pas, mais je voudrais vous dire : il y en a, des jeunes à la retraite, des jeunes qui jettent l’éponge avant la partie, il y a des jeunes qui entrent dans le vertige, gagnés par les fausses illusions, et finissent dans le néant.
C’est pourquoi, chers amis, nous sommes réunis pour nous aider réciproquement, car nous ne voulons pas nous laisser voler le meilleur de nous-mêmes, nous ne voulons pas permettre qu’on nous vole les énergies, qu’on nous vole la joie, qu’on nous vole les rêves avec de fausses illusions.
Chers amis, je vous pose la question : voulez-vous pour votre vie ce ‘‘vertige’’ aliénant ou voulez-vous sentir la force qui vous fera sentir vivants et pleins ? Vertige aliénant ou force de la grâce ? Que voulez-vous ? Vertige aliénant ou force de plénitude ? Que voulez-vous ? [Force de plénitude !] On ne vous entend pas bien ! [Force de plénitude !] Pour être pleins, pour avoir une vie renouvelée, il y a une réponse, il y a une réponse qui ne se vend pas, il y a une réponse qui ne s’achète pas, une réponse qui n’est pas une chose, qui n’est pas un objet, c’est une personne, elle s’appelle Jésus Christ. Je vous pose la question : peut-on acheter Jésus Christ ? [Non !]. Jésus Christ se vend-il dans les boutiques ? [Non !] Jésus Christ est un don, il est un cadeau du Père, le don de notre Père. Qui est Jésus Christ ? Tous ! Jésus Christ est un don ! Tous ! [Il est un don !]. Il est le cadeau du Père.
Jésus Christ est celui qui sait donner une vraie passion à la vie, Jésus Christ est celui qui nous porte à ne pas nous contenter de peu et nous porte à donner le meilleur de nous-mêmes ; c’est Jésus Christ qui nous interpelle, qui nous invite et nous aide à nous relever chaque fois que nous baissons les bras. C’est Jésus Christ qui nous pousse à élever le regard et à rêver haut. ‘‘Mais Père – quelqu’un peut-il me dire – c’est si difficile de rêver haut, c’est si difficile de monter, d’être toujours en ascension. Père, je suis faible, je tombe, je m’efforce mais tant de fois je tombe’’. Les alpinistes, lorsqu’ils gravissent les montagnes, chantent une chanson très belle, qui dit ceci : ‘‘Dans l’art de grimper, ce qui importe n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas demeurer à terre’’. Si tu es faible, si tu tombes, regarde un peu en haut et il y a la main tendue de Jésus qui te dit : ‘‘Lève-toi, viens avec moi’’. ‘‘Et si je tombe encore ?’’. De même ! ‘‘Et si je tombe de nouveau ?’’. De même ! Mais une fois, Pierre a demandé au Seigneur : ‘‘Seigneur, combien de fois ?’’ – ‘‘Soixante-dix fois sept fois’’. La main de Jésus est toujours tendue pour nous relever, quand nous tombons. Avez-vous compris ? [Oui !].
Dans l’Évangile, nous avons écouté que Jésus, tandis qu’il allait à Jérusalem, s’arrête dans une maison, celle de Marthe, de Marie et de Lazare – qui l’accueille. En passant, il entre dans leur maison pour être avec eux ; les deux femmes accueillent celui dont elles savent qu’il est capable de s’émouvoir. Les nombreuses occupations nous font ressembler à Marthe : actifs, distraits, toujours en train de courir par-ci, par-là, mais souvent nous sommes aussi comme Marie : devant un beau paysage, ou devant une vidéo envoyée par un ami à notre cellulaire, nous nous arrêtons pour réfléchir, à l’écoute. Durant ces jours des JMJ, Jésus veut entrer dans notre maison : dans ta maison, dans ma maison, dans le cœur de chacun de nous ; Jésus verra nos préoccupations, notre agitation, comme il l’a fait avec Marthe… et il attendra que nous l’écoutions comme Marie : que, au milieu de toutes les occupations, nous ayons le courage de nous en remettre à lui. Qu’ils soient des jours pour écouter Jésus, consacrés à nous écouter, à le recevoir en ceux avec lesquels je partage la maison, la route, le groupe ou l’école.
Et celui qui accueille Jésus, apprend à aimer comme Jésus. Alors, il nous demande si vous voulons une vie pleine. Et moi, en son nom, je vous pose la question : veux-tu, voulez-vous une vie pleine ? Commence à partir de ce moment à te laisser émouvoir ! Car, le bonheur germe et s’épanouit dans la miséricorde : voilà sa réponse, voilà son invitation, son défi, son aventure : la miséricorde. La miséricorde a toujours un visage jeune ; comme celui de Marie de Béthanie, assise aux pieds de Jésus comme disciple, qui aime l’écouter parce qu’elle sait que la paix se trouve là. Comme le visage de Marie de Nazareth, lancée avec son ‘‘oui’’ dans l’aventure de la miséricorde, et qui sera dite bienheureuse par toutes les générations, appelée par nous tous ‘‘la Mère de la Miséricorde’’. Invoquons-la tous ensemble : Marie, Mère de la Miséricorde. Tous : Marie, Mère de la Miséricorde.
Alors, tous ensemble, demandons au Seigneur – que chacun répète dans son cœur en silence – : Seigneur, lance-nous dans l’aventure de la miséricorde ! Lance-nous dans l’aventure de construire des ponts et d’abattre les murs (qu’ils soient de séparation ou de réseaux) ; lance-nous dans l’aventure de secourir le pauvre, qui se sent seul et abandonné, qui ne trouve plus un sens à sa vie. Lance-nous pour accompagner ceux qui ne te connaissent pas et pour leur dire lentement et avec beaucoup de respect ton Nom, la raison de ma foi. Pousse-nous, comme Marie de Béthanie, à l’écoute de ceux que nous ne comprenons pas, de ceux qui viennent d’autres cultures, d’autres peuples, également de ceux que nous craignons parce que nous croyons qu’ils peuvent nous faire du mal. Fais que nous tournions le regard, comme Marie de Nazareth avec Elisabeth, que nous tournions le regard vers les personnes âgées, vers nos grands-parents, pour apprendre de leur sagesse. Je vous pose la question : parlez-vous avec vos grands-parents ? [Oui !]. [Continuez] ainsi ! Ainsi ! Cherchez vos grands-parents, ils ont la sagesse de la vie et ils vous diront des choses qui toucheront votre cœur.
Nous voici, Seigneur ! Envoie-nous partager ton Amour miséricordieux. Nous voulons t’accueillir durant ces Journées Mondiales de la Jeunesse, nous voulons affirmer que notre vie est pleine lorsqu’elle est vécue à partir de la miséricorde, et que la miséricorde est la meilleure part, c’est la part la plus douce, c’est la part qui ne nous sera jamais enlevée. Amen !
© Librairie éditrice du Vatican

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Rédaction

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