P. Federico Lombardi, SJ, - (c) ZENIT - HSM

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Quand le pape emploi le terme «génocide», par le P. Lombardi

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Les leçons de l’histoire

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Le père Federico Lombardi S.J., directeur de la salle de presse du Saint-Siège, est revenu notamment sur l’emploi du terme de « génocide » par le pape François, au micro de Cyprien Viet, de Radio Vatican, en français.
«Le pape a utilisé le mot «génocide» pour se souvenir des blessures et les soigner, et non pour les rouvrir ou les renouveler», a affirmé le P. Lombardi, au lendemain du discours du pape François aux autorités arméniennes, dans lequel emploie le terme «génocide» pour qualifier le massacre systématique des Arméniens par les Ottomans en 1915-1917.
Mais pour le vice-premier ministre du gouvernement turc, Nurettin Canliki, qui s’exprimait samedi, 25 juin, les propos du pape portent « toutes les marques et les reflets de la mentalité des croisades ». Le P. Lombardi a répondu aux questions de la presse, dimanche, 26 juin, en disant: « Il n’y a aucun esprit de croisade » et  « l’intention réelle » du pape c’est de « construire les fondations pour la paix et la réconciliation » : le pape « a prié pour la réconciliation de tous », et il « n’a pas dit un mot contre le peuple turc ».
Le pape François n’avait pas, au départ prévu d’employer le terme de « génocide » dans son discours aux autorités du pays: « Nous ne voulons être pris au piège de discussions politico-sociologiques », avait averti son porte-parole en présentant le programme du voyage. Le pape a ajouté le terme, d’abondance du coeur, sur place.
Pour le pape, « les catastrophes du siècle dernier, rendues possibles par d’aberrantes motivations raciales, idéologiques ou religieuses, qui ont enténébré l’esprit des bourreaux au point qu’ils se sont fixé le dessein d’anéantir des peuples entiers  ».
Il a fustigé l’indifférence: « Il est bien triste que – dans ce cas comme dans les autres – les grandes puissances regardaient ailleurs. »
Le premier pays chrétien (301 ap. J.-C.) – c’était le thème de la visite du pape François – est aussi le premier à avoir subi un génocide au XXe s.
Le pape François avait employé le terme « génocide » deux fois en 2015, publiquement et oralement le terme de « génocide » à propos du massacre systématique des Arméniens il y a plus d’un siècle, l’an dernier, deux fois: à l’occasion de la Proclamation de saint Grégoire de Narek comme Docteur de l’Eglise, le 12 avril 2015, à Saint-Pierre – il citait les paroles de Jean-Paul II -, mais aussi dans un Message aux Arméniens.
Le pape François a de nouveau employé le terme dans son discours devant les autorités arméniennes, vendredi 24 juin 2016 au palais présidentiel d’Erevan. Mais le pape préfère le terme employés par les Arméniens eux-mêmes: le « Metz Yeghern », le « Grand Mal », il emploie aussi d’autres termes comme « tragédie » et « catastrophe effroyable ». Il citait la déclaration de saint Jean-Paul II et de Karékine II, le 27 septembre 2001.
Et quand le pape François parle de génocide, ce n’est pas seulement pour faire la vérité sur l’histoire et comme un devoir de justice pour les victimes, il souligne l’actualité du message pour aujourd’hui, c’est un « avertissement » pour l’humanité: « Nous sommes hélas témoins d’une immense tragédie qui advient sous nos yeux : d’innombrables personnes innocentes tuées, déportées, ou contraintes à un exil douloureux et incertain par des conflits continuels à base ethnique, politique et religieuse au Moyen-Orient et dans d’autres parties du monde », dit la déclaration conjointe de ce 26 juin 2016.
Elle ajoute: « Nous demandons aux fidèles de nos Eglises d’ouvrir leurs coeurs et leurs mains aux victimes de la guerre et du terrorisme, aux réfugiés et à leurs familles. »
Aux gouvernants ils lancent cet appel: « Nous implorons les chefs des nations d’écouter la requête de millions d’êtres humains qui dans le monde attendent avec angoisse la paix et la justice, qui demandent le respect des droits que Dieu leur a attribués, qui ont un besoin urgent de pain et non pas d’armes. »
Le patriarche et le pape déclarent inacceptable l’utilisation du Nom de Dieu pour perpétrer la violence.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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