En 2016, le pape François fera deux voyages dans le Caucase, signe de son attention pour cette région du globe. Le cardinal Pietro Parolin évoque les enjeux de ces visites dans l’édition italienne de L’Osservatore Romano datée du 14 juillet 2016.
Entre les deux voyages caucasiens du pape François – en Arménie en juin et en Géorgie et Azerbaïdjan à l’automne – le secrétaire d’Etat du Saint-Siège souligne ainsi les difficultés géopolitiques de cette région : « Je ne pense pas que tous les problèmes (…) puissent se résoudre facilement. Ceux-ci demandent de gros efforts, une volonté politique et des compromis de part et d’autre ». Le pape François qui « brûle du désir de ‘porter la paix’ partout où il va », assure-t-il encore, se rend dans ces pays « avec grande humilité, essayant avant tout d’écouter, de comprendre et, par la suite, d’encourager toute initiative de dialogue ».
Le « numéro 2 » du Saint-Siège revient sur le voyage en Arménie, du 24 au 26 juin, durant lequel le pape François a créé la surprise en prononçant le mot de « génocide » pour qualifier le massacre des Arméniens par les Ottomans (1915-1917), déclenchant la colère du gouvernement turc. « Si le pape François utilise certaines paroles ou expressions, explique-t-il, il le fait généralement pour compatir à la souffrance de celui qui est en face de lui, pour exprimer sa solidarité et son soutien à ceux qui souffrent ». Le pape est « animé d’un seul et profond désir : qu’il y ait des deux côtés (…) une volonté de chercher, progressivement, le pardon et la réconciliation ».
Déplorant « la dure et douloureuse reprise du conflit » lié à la République autoproclamée du Haut-Karabakh, entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en avril dernier, le cardinal Parolin encourage les initiatives du « Groupe de Minsk » créé par l’OSCE.
Ces trois pays du Caucase sont aussi l’occasion pour le chef de l’Eglise catholique de poursuivre le dialogue œcuménique avec les Eglises orthodoxes. En Arménie, le pape et le catholicos Karékine II ont signé une déclaration commune. Pour le secrétaire d’Etat, « la poursuite des relations personnelles est cruciale (…). On ne peut donc que se réjouir de la fréquence de ces échanges de visites entre les papes et les chefs de l’Eglise apostolique arménienne durant ces dernières décennies ».
Moyen-Orient, Europe
Au fil de cette longue interview, le cardinal Pietro Parolin appelle de ses vœux le retour de la paix au Moyen-Orient. Il soutient que le rôle des leaders religieux est « de transmettre aux fidèles cette conviction que les seules voies possibles sont : le respect réciproque, la réconciliation, la capacité de vivre et grandir ensemble ». Il appelle la communauté internationale à agir pour « rétablir au plus vite la vie ordinaire dans cette terre éprouvée » et pour que « les chrétiens et les autres minorités ne [soient] plus objets d’hostilité, voire même de persécutions, mais des citoyens à part entière ».
Le cardinal Parolin évoque aussi la situation de l’Europe après le « choc » du vote des Britanniques en faveur de leur sortie de l’Union européenne : « Il y a ceux qui demandent une Europe (…) avec plus d’intégration, et ceux qui en voudraient moins, soulignant la nécessité que les structures supranationales répondent mieux aux exigences de la population et que chaque Etat ait droit à plus d’espace ». Et le cardinal de souhaiter « que ce moment de crise se transforme en une belle occasion pour réfléchir plus profondément ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall
Cardinal Pietro Parolin © ZENIT - HSM
Les enjeux des voyages du pape dans le Caucase, par le card. Parolin
Le secrétaire d’Etat évoque aussi le Moyen-Orient et l’Europe