« L’Église catholique, les congrégations religieuses, les conférences épiscopales, les paroisses, sont vraiment un réseau de vie et de bien » pour lutter contre le trafic d’être humains, affirme sœur Gabriella Bottani, coordinatrice de la plate-forme de la vie consacrée contre la traite de personnes “Talitha Kum”.
Selon des estimations de l’Onu, deux millions quatre cent mille personnes sont victimes de ce commerce qui rapporte des bénéfices de plus de 32 milliards par an à l’entreprise criminelle de la traite.
Concrètement, que faire ? C’est ce que veut indiquer le document « Engagement chrétien » – présenté hier, 29 avril, par le Conseil pontifical pour les migrants et les personnes en déplacement et Caritas Internationalis – en tirant profit des bonnes pratiques déjà appliquées dans le monde.
Parmi les expériences positives, celle de sœur Gabriella Bottani, qui salue au micro de Radio Vatican le renforcement de la coordination ecclésiale dans cette lutte : « En tant qu’Église, nous sommes sur une bonne voie pour pouvoir unir nos forces et surtout mettre à disposition un réseau que tous, je crois, peuvent nous envier, parce que l’Église catholique, les congrégations religieuses, les conférences épiscopales, les paroisses, sont vraiment un réseau de vie et de bien pour grandir dans cette culture de la vie. »
Elle diagnostique « un phénomène très complexe, multidimensionnel », avec des causes « multiples » et qui concerne « surtout les femmes et les enfants » : « Une des premières et principales causes est certainement l’inégalité sociale et l’iniquité, y compris pour l’accès aux ressources, qui créent de grands foyers de pauvreté. »
Pour la religieuse, « l’engagement chrétien peut vraiment faire une grande différence, en encourageant la culture de la vie, de la liberté, du respect, de la dignité humaine », autant « dans le travail de la prévention » que « dans l’accompagnement des victimes ». L’Église peut aussi promouvoir « un engagement politique plus effectif et efficace contre la traite », ajoute-t-elle.
Elle met en garde contre la tendance à voir la traite comme quelque chose « d’éloigné » : « Si nous nous arrêtions un peu plus pour penser, je crois que nous pourrions réussir à le voir : c’est vraiment très proche de nous, cela fait partie de notre quotidien dans tous les pays du monde. »
Soeur Gabriella donne des exemples : « Un grand nombre de migrants arrivent chez nous ; c’est l’actualité quotidienne. Ces personnes courent un risque très élevé d’être ensuite impliquées dans ces réseaux criminels parce qu’il y a une exploitation à but lucratif continuelle… nous voyons la réalité de la prostitution, de l’exploitation sexuelle mais nous ne reconnaissons pas, dans ces femmes, ces jeunes, ces enfants, le visage de personnes qui ensuite sont exploitées et victimes de la traite. Dans d’autres cas, par exemple, le travail, nous achetons peut-être un gilet à très bas prix et nous ne nous demandons pas : qui l’a produit ? Mais comment est-ce possible de l’acheter à un prix aussi bas ? Cela arrive parce que nous ne voyons pas qu’il a été produit par un travail d’esclave. »
Avec une traduction de Constance Roques