On juge un « prêtre authentique » à son attitude avec les enfants, il sait « sourire » et accueillir, a déclaré le pape François lors de la messe du 9 décembre 2016 en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican. Au contraire, le prêtre rigide, au visage « sombre », est promis au « désastre » et au « ridicule », a-t-il averti devant la communauté du grand séminaire pontifical romain.
En commentant l’Evangile du jour (Mt 11, 16-19), le pape a constaté qu’« il y a des chrétiens insatisfaits – beaucoup – qui n’arrivent pas à comprendre ce que le Seigneur nous a enseigné ». Le pape s’est particulièrement arrêté sur les prêtres « insatisfaits » qui « font tant de mal » parce que « leur cœur est éloigné de la logique de Jésus ».
La logique de Jésus, « c’est la logique du médiateur », différente de celle de « l’intermédiaire », qui « fait son travail et reçoit sa paie » comme un « fonctionnaire » : il « ne sait pas ce que signifie se salir les mains ».
Le prêtre authentique, a soutenu le pape dans son homélie rapportée par Radio Vatican, « est un médiateur très proche de son peuple » et il suit la logique de Jésus qui est « de s’anéantir soi-même ». Le prix est « de donner sa vie, (…) sa fatigue, son travail » pour « unir le troupeau, pour unir les personnes, pour les conduire à Jésus ».
Désastre et ridicule
Le prêtre intermédiaire « n’est pas heureux, il est triste » et il cherche « à se montrer, à faire sentir son autorité », a poursuivi le pape. « Les prêtres intermédiaires prennent le chemin de la rigidité : si souvent, (…) ils ne savent pas ce qu’est la souffrance humaine ; (…) ils sont rigides, ces rigides qui chargent sur les fidèles tant de choses qu’eux-mêmes ne portent pas ». Ils ont « le fouet en main avec le peuple de Dieu : ‘on ne peut pas faire ci, on ne peut pas faire ça…’ ». Et les fidèles « sont chassés par cette rigidité ».
La rigidité est « un désastre », a averti le pape François. « Un prêtre mondain, rigide, est un insatisfait » mais il est aussi « ridicule ». Et le pape de raconter l’anecdote d’un jeune prêtre qui se pavanait dans le magasin romain de vêtements ecclésiastiques l’Euroclero : « devant le miroir, avec un manteau de velours, grand, large, et une chaîne en argent, il se regardait. Et puis il a pris un ‘saturne’, l’a mis et se regardait. Un rigide mondain ».
L’attitude avec les enfants
Pour le pape, on reconnaît un prêtre « dans l’attitude avec les enfants : s’ils savent sourire à un enfant, jouer avec un enfant… C’est intéressant parce que cela veut dire qu’ils savent s’abaisser, s’approcher des petites choses ». Le médiateur « est ouvert : le sourire, l’accueil, la compréhension ». Au contraire « l’intermédiaire est triste, toujours avec ce visage triste ou trop sérieux, le visage sombre, (…) le regard très sombre ».
Le pape a proposé un examen de conscience aux prêtres : « aujourd’hui ai-je été fonctionnaire ou médiateur ? Me suis-je protégé moi-même, me suis-je cherché moi-même, mon confort, (…) ou bien ai-je vécu la journée au service des autres ? (…) Comment veux-je finir ma vie de prêtre ? Comme fonctionnaire, comme intermédiaire, ou comme médiateur, c’est-à-dire en croix ? ».
Pour conclure, le pape a proposé trois “icônes” de prêtres médiateurs : saint Polycarpe, qui « ne négocie pas sa vocation et va courageusement au bûcher » ; le missionnaire saint François-Xavier, qui mourut sur une plage de Sancian (ou Schangschwan), « en regardant la Chine » ; et saint Paul qui « s’offre au Seigneur comme un sacrifice » à la fin de sa vie.