Evangelii gaudium con Don Bosco @ Elledici

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Le pape François "salésien"!? (traduction complète)

« Evangelii gaudium en termes salésiens »

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« Vous autres, salésiens, vous avez de la chance parce que votre fondateur, Don Bosco, n’était pas un saint avec une tête de « vendredi saint », triste, rabat-joie… Mais plutôt de « dimanche de Pâque » », affirme le pape François.
« Evangelii gaudium avec don Bosco » : c’est le livre publié par les Salésiens italiens des éditions Elledici (Antonio Carriero), avec une préface du pape François lui-même. Le pape y explique l’influence de don Bosco.
« Le salésien est un éducateur qui embrasse les fragilités des jeunes qui vivent dans la marginalisation et sans avenir, il se penche sur leurs blessures et les soigne comme un bon Samaritain », explique encore le pape François.
Le pape ajoute que « le long commentaire qui suit est une relecture de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium en termes salésiens ».
« Il a été confié à de grands experts des différentes disciplines qui, avec une sensibilité fine et avec le regard de Don Bosco, mettent en relief la pensée du pape en lien avec les différentes situations actuelles, pour éduquer et orienter au bien des adolescents et des jeunes », précise le pape François.
Il n’hésite pas à écrire: « Son message était révolutionnaire à une époque où les prêtres vivaient détachés de la vie du peuple. »
L’insistance sur la joie chrétienne, sur la pédagogie tenant compte de toute la personne et pas seulement de sa formation intellectuelle, l’incitation à « aller vers », d’être une « Eglise en sortie », ne sont que quelques uns des thèmes chers à Don Bosco et au pape François, qui, par Don Bosco a beaucoup hérité aussi de François de Sales.
Le p. Enrique Pozzoli, salésien
Dès son enfance, Don Bosco a été présent, en la personne du p. Enrique Pozzoli, qui a accompagné sa famille et même le jeune Jorge Mario Bergoglio.
En effet, le pape a été baptisé le jour de Noël, le 25 décembre 1936, à Buenos Aires, à San Carlos, par le père Enrique Pozzoli, salésien d’origine italienne lui aussi, ami de la famille Bergoglio, au point de les avoir aidé financièrement quand l’entreprise familiale a fait faillite.
A propos du père Pozzoli, il a confié ses « souvenirs salésiens », dans une lettre de six pages, tapées à la machine par lui, en espagnol, à Cordoba (Argentine), le 20 octobre 1990, au père Cayetano Bruno, lui-même salésien, de Buenos Aires, historien de l’Eglise en Argentine, à l’occasion du 29e anniversaire de la mort du père Pozzoli. Puis il lui a adressé une seconde lettre de « souvenirs salésiens ». De larges extraits de l’inédit ont été publiés en italien par L ‘Osservatore Romano des 23-24 décembre 2013.
On y découvre un père Pozzoli amateur de photographie. Et qu’ayant vécu à Turin, papa Bergoglio était déjà proche des salésiens. Il rappelle aussi comment la providence a permis que la famille Bergoglio ne s’embarque pas, comme c’était initialement prévu, sur le « Principessa Mafalda » qui a coulé avant d’arriver en Argentine, mais sur le « Giulio Cesare».
C’est aussi grâce au père Pozzoli que Mario José Francisco Bergoglio rencontra sa femme, Regina Maria Sivori Gogna: ils se marièrent le 12 décembre 1935.
Lorsque la famille est ruinée, après un décès et la récession économique, c’est le père Pozzoli qui trouve quelqu’un pour prêter au jeunes mariés 2 000 pesos et leur permettre de se remettre en selle.
Père spirituel d’une familles
Et quand la maman est épuisée, après la naissance de son cinquième enfant, il aide les quatre aînés à entrer, en 1949, dans un internat, le temps qu’elle se remette. Il n’abandonnait pas ses « jeunes ». Il a d’ailleurs baptisé quatre des cinq enfants Bergoglio : il se trouvait à Ushuaia lors de la naissance du second.
Il venait régulièrement déjeuner chez les grands-parents maternels, Francisco Sivori et Maria Gogna : il était en quelque sorte « le père spirituel de la famille ».
Plus encore, c’est lui qui est « intervenu de façon décisive » en 1955 pour la vocation du jeune Jorge Mario qui avait fait une expérience spirituelle forte, le 21 septembre 1954, à 16 ans, lors d’une confession au père Carlos B. Duarte Ibarra, à Flores (Buenos Aires). Et l’étudiant en chimie voulait être prêtre : il n’en dit rien jusqu’en novembre 1955. « A la maison, ils ne sont pas convaincus. Ils étaient des catholiques pratiquants… mais ils préféraient que j’attende quelques années, en étudiant à l’Université », commente le père Bergoglio en 1990.
Voici notre traduction complète (Hélène Ginabat) de cette préface « salésienne », avec l’aimable autorisation des éditeurs italiens.
Anita Bourdin
Préface du pape François

Chers salésiens…

Vous autres, salésiens, vous avez de la chance parce que votre fondateur, Don Bosco, n’était pas un saint avec une tête de « vendredi saint », triste, rabat-joie… Mais plutôt de « dimanche de Pâque ». Il était toujours joyeux, accueillant, malgré les mille fatigues et les difficultés qui l’assaillaient quotidiennement. Comme c’est écrit dans les Mémoires biographiques, « son visage rayonnant de joie manifestait, comme toujours, son contentement de se trouver parmi ses enfants » (Mémoires biographique de Don Giovanni Bosco, volume XII, 41).

Ce n’est pas sans raison que pour lui, la sainteté consistait à être « très joyeux ». Nous pouvons donc le définir comme un « porteur sain » de cette « Joie de l’Évangile » qu’il a proposée à son premier grand élève, saint Dominique Savio, et à vous tous, salésiens, comme style authentique et toujours actuel de ce « haut degré de la vie chrétienne » (Jean-Paul II, Novo Millennio Ineunte, 31).

Son message était révolutionnaire à une époque où les prêtres vivaient détachés de la vie du peuple. Le « haut degré de la vie chrétienne », Don Bosco le met en pratique en entrant dans la « périphérie sociale et existentielle » qui se développait dans le Turin du dix-neuvième, capitale de l’Italie et ville industrielle, qui attirait des centaines de jeunes garçons à la recherche d’un travail. En effet, suivant le conseil visionnaire de son maître saint Joseph Cafasso, le « prêtre des jeunes pauvres et abandonnés » descendait dans les rues, entrait sur les chantiers, dans les usines et dans les prisons, et là, il trouvait des jeunes seuls, abandonnés, entre les mains des patrons du travail privés de tout scrupule. Il apportait la joie et le soin d’un véritable éducateur à tous les jeunes qu’il arrachait à la rue et qui retrouvaient à Valdocco une oasis de sérénité et le lieu où ils apprenaient à être de « bons chrétiens et des citoyens honnêtes »..

C’est ce même climat de joie et de famille que j’ai eu la chance de vivre et de goûter moi aussi, enfant, lorsque j’étais en septième au Collège Wilfrid Baron de los Santos Angeles à Ramos Mejia.

Les salésiens m’ont formé à la beauté, au travail et à être très joyeux et c’est votre charisme. Ils m’ont aidé à grandir sans peur, sans obsessions. Ils m’ont aidé à aller de l’avant dans la joie et la prière.

Comme j’ai eu l’occasion de vous le rappeler en visitant la Basilique de Marie Auxiliatrice, le 21 juin 2015, je vous recommande à nouveau les trois amours blancs de Don Bosco : la Vierge Marie, l’Eucharistie et le pape. Aujourd’hui, on parle peu de la Vierge Marie avec l’amour dont votre Saint parlait d’elle. Il se confiait à Dieu en priant la Vierge et cette confiance en Marie lui donnait le courage d’affronter les défis et les dangers de la vie et de sa mission. L’Eucharistie, second amour de Don Bosco, doit vous rappeler que vous devez approcher les jeunes de la pratique de la liturgie, bien vécue, pour les aider à entrer dans le mystère eucharistique et n’oubliez pas non plus l’adoration. Enfin, l’amour du pape : ce n’est pas seulement l’amour de sa personne, mais de Pierre en tant que chef de l’Église et en tant que représentant du Christ et époux de l’Église. Derrière cet amour blanc du pape, il y a l’amour de l’Église.

La question que vous devez vous poser est la suivante : « Quel salésien de Don Bosco faut-il être pour les jeunes d’aujourd’hui ? » Je dirais : un homme concret, comme votre fondateur, qui, jeune prêtre, a préféré à une carrière de précepteur dans les familles nobles le service parmi les jeunes pauvres et abandonnés. Un salésien qui sait regarder autour de lui, qui voit les situations critiques et les problèmes, les affronte, les analyse et prend des décisions courageuses. Il est appelé à aller vers toutes les périphéries du monde et de l’histoire, les périphéries du travail et de la famille, de la culture et de l’économie, qui ont besoin d’être guéries. Et s’il accueille, avec l’esprit du Ressuscité, les périphéries habitées par les jeunes et leurs familles, alors le Royaume de Dieu commence à être présent et une autre histoire devient possible.

Le salésien est un éducateur qui embrasse les fragilités des jeunes qui vivent dans la marginalisation et sans avenir, il se penche sur leurs blessures et les soigne comme un bon Samaritain.

Le salésien est aussi optimiste par nature, il sait regarder les jeunes avec un réalisme positif. Comme l’enseigne encore aujourd’hui Don Bosco, le salésien reconnaît en chacun d’eux, y compris le plus rebelle et incontrôlable, « ce point d’accès au bien » sur lequel travailler avec patience et confiance.

Le salésien est enfin porteur de la joie, celle qui naît de la nouvelle que Jésus-Christ est ressuscité et qui inclut toute condition humaine. En effet, Dieu n’exclut personne. Pour nous aimer, il ne nous demande pas d’être forts. Et il ne nous demande pas non plus la permission de nous aimer. Il nous aime et nous pardonne. Et si nous nous laissons surprendre avec cette simplicité de celui qui n’a rien à perdre, nous sentirons notre cœur inondé de joie.

Lorsque manquent ces caractéristiques, c’est alors qu’apparaissent ces mines grincheuses, ces visages tristes. Non ! Il faut apporter aux jeunes cette belle nouvelle, une nouvelle vraie, contre toutes les nouvelles qui passent chaque jour sur les journaux et les réseaux. Le Christ est vraiment ressuscité et ceux qui l’ont démontré sont Don Bosco et Mère Mazzarello, tous les saints et les bienheureux de la Famille salésienne, ainsi que tous les membres qui, chaque jour, transfigurent la vie de ceux qui les rencontrent parce qu’ils se sont laissé les premiers rejoindre par la miséricorde de Dieu.

Le salésien devient ainsi témoin de l’Évangile, la Bonne Nouvelle qui, dans sa simplicité, doit se confronter à la culture complexe de chaque pays. Mettre ensemble simplicité et complexité, pour un fils de Don Bosco, est une mission quotidienne.

Le long commentaire qui suit est une relecture de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium en termes salésiens. Il a été confié à de grands experts des différentes disciplines qui, avec une sensibilité fine et avec le regard de Don Bosco, mettent en relief la pensée du pape en lien avec les différentes situations actuelles, pour éduquer et orienter au bien des adolescents et des jeunes.

Je suis convaincu que la lecture de ces pages pourra faire du bien à tous les fils et filles de Don Bosco partout dans le monde et à ceux qui partagent le charisme éducatif salésien. Ils trouveront dans les pages de ce texte de nombreuses clés d’interprétation de la réalité et de renouvellement de la pratique éducative au service des adolescents et des jeunes de notre temps.

© Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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