Le pape appelle l'Asie au dialogue avec le Saint-Siège

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Un dialogue « fraternel », précise-t-il aux pays sans relations diplomatiques

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Le pape François appelle les pays d’Asie avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore de pleines relations diplomatiques « à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous », ce 17 août 2014 : un dialogue qu’il veut « fraternel », « de cœur à cœur ».

Au quatrième jour de son voyage apostolique en Corée du Sud, le pape François a quitté Séoul – où il loge à la nonciature apostolique – pour se rendre au sanctuaire des martyrs de Haemi, dans la province de Chungcheongnam-do (à une centaine de kilomètres au sud-est de la capitale), où il a rencontré quelque 70 évêques de toute l’Asie.

La rencontre a eu lieu en privé aux environs de 11h (4h à Rome). Elle s’ouverte par la liturgie des heures et par des paroles d’accueil du cardinal indien Oswald Gracias, archevêque de Bombay et président de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC).

Le pape s’est réjoui d’être « en ce lieu saint, où de nombreux chrétiens ont donné leur vie par fidélité au Christ » : le sanctuaire de Haemi est le lieu du martyre de 132 chrétiens tués au XIXe siècle. Il est aussi appelé “Sanctuaire du martyr inconnu” car on ignore l’identité de ces chrétiens.

Consacrant son propos au dialogue, « essentiel à la mission de l’Eglise en Asie », le pape a lancé un appel diplomatique aux pays d’Asie : « J’espère fermement que les pays de votre continent avec lesquels le Saint-Siège n’a pas encore une relation pleine n’hésiteront pas à promouvoir un dialogue au bénéfice de tous. »

S’il n’a pas nommé les pays concernés, le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, en cite sept : la Chine, le Vietnam, la Corée du Nord, le Laos, le Bouthan, la Birmanie et Brunei. 

Le cœur parle au cœur

Toutefois le pape a aussi précisé qu’il ne souhaitait pas seulement « un dialogue politique », mais « un dialogue fraternel », les chrétiens n’étant pas « des conquérants » qui souhaiteraient « enlever l’identité » des autres.

Le dialogue, a-t-il expliqué aux évêques, « exige un authentique esprit ‘‘contemplatif’’ d’accueil de l’autre », une « ouverture de l’esprit et du cœur pour accepter les personnes et les cultures ». Il s’agit, tels des « frères et sœurs », de « parcourir ensemble le chemin d’une plus profonde connaissance, amitié et solidarité ».

Le pape plaide en effet pour « une authentique rencontre, dans laquelle le cœur parle au cœur ». Ceux qui dialoguent sont appelés à « écouter, à travers et au-delà des paroles et actions, ce que les cœurs désirent communiquer ».

Pas de fusion cependant : le dialogue se fonde aussi sur « un sens clair de l’identité propre de chacun ». Pour le chrétien, c’est « de la foi que part le dialogue » : « Puisque le Christ est notre vie, parlons de lui et à partir de lui, sans hésitation ni peur ».

Le pape a encouragé l’Eglise d’Asie à « manifester clairement » son identité chrétienne et à « partager cette identité de manière sincère, honnête, sans présomption, à travers le dialogue de la vie quotidienne, le dialogue de la charité et en toutes les occasions plus formelles qui peuvent se présenter ».

Les tentations du dialogue

Il a mis en garde contre trois tentations de « l’esprit du monde, qui menace la solidité de l’identité chrétienne » : tout d’abord, le « relativisme », non seulement comme « système de pensée », mais aussi comme « relativisme pratique, quotidien », qui « obscurcit la splendeur de la vérité et affaiblit toute identité ».

Le pape a aussi épinglé « la superficialité », « la tendance à jouer avec les choses à la mode, les gadgets et les distractions, plutôt que de se consacrer aux choses qui comptent réellement ». Dans l’Eglise, a-t-il fait observer, la superficialité peut s’exprimer par une « fascination » pour « les programmes pastoraux et les théories, au détriment de la rencontre directe et fructueuse avec les fidèles ».

« Sans un enracinement dans le Christ, les vérités finissent par se fissurer, la pratique des vertus devient formaliste et le dialogue est réduit à une forme de négociation ou à un accord sur le désaccord », a-t-il ajouté.

Enfin, troisième tentation : « la sécurité apparente qui se cache derrière des réponses faciles, des phrases toutes faites, des lois et des règlements ». Au contraire, « la foi, par sa propre nature, n’est pas centrée sur elle-même, la foi tend à ‘‘aller au-dehors’’. Elle cherche à se faire comprendre ».

Lors de ce voyage en Corée du Sud, le pape a élargi à plusieurs reprises son message à toute l’Asie : le 15 août déjà, il a participé à la VIe Journée de la jeunesse asiatique, avec quelque 6.000 jeunes de 23 pays d’Asie. Cet après-midi, il rencontrera à nouveau ces jeunes pour la messe conclusive de l’événement.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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