« Tout monastère est un lieu de prière, une oasis d’accueil » pour ceux qui sont « lassés des fatigues du monde et du péché », souligne le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier. L’Osservatore Romano daté du 6 janvier 2017 publie une homélie du patriarche œcuménique prononcée lors de sa récente visite en Italie.
Devant les bénédictines «San Giovanni Evangelista» de Lecce, dans les Pouilles, le patriarche a médité sur le monachisme comme forme de témoignage chrétien. « L’étymologie du mot ‘moine’, a-t-il expliqué, dérive du grec ‘monakos’ et signifie ‘seul’ », exprimant « la volonté de renoncer à la multiplicité des choses, pour se consacrer uniquement à la foi ».
« Être moine signifie choisir de témoigner de la mort et de la résurrection du Christ », a souligné le patriarche orthodoxe, qui est aussi l’higoumène – supérieur – du monastère de Saint-Georges, au Phanar, siège du patriarcat. Mais pas de fuite indue : « si d’un côté le monachisme abandonne le monde, de l’autre il le bénit par la prière du désert ».
Et de souligner : « Tout monastère est un lieu de prière, une oasis d’accueil pour ceux qui, trop souvent, lassés des fatigues du monde et du péché, ont besoin du calme monastique, de la tranquillité des moines pour rencontrer l’authenticité de l’amour chrétien dans la vraie liberté ».
Le moine « soigne l’ambition par l’obéissance, la passion de la sensualité par la chasteté et la passion de l’avarice par la pauvreté ». « Chez les moines, a ajouté Bartholomée Ier, il n’y a pas de division mais seulement partage et amour réciproque ».
Relation avec le monde
Dans un bref historique du monachisme, Bartholomée Ier a rappelé sa naissance : « Après l’Édit de Milan au IVème siècle et la liberté de la religion chrétienne, le ‘baptême du sang’ des martyrs devient le ‘baptême de l’ascèse’ des moines. Saint Athanase, en effet, dans sa ‘Vie de saint Antoine’, décrit ce père du monachisme comme le premier qui soit parvenu à la sainteté sans goûter le martyre ».
C’est « la relative décadence des coutumes » qui a conduit certains « à vouloir trouver un modus vivendi plus profond, pour fortifier leur lien avec Dieu. Ainsi, beaucoup se sont réfugiés dans des lieux inhospitaliers, dans les déserts, non pas par volonté de sortir de l’Église ou en vue d’une forme de purification personnelle, mais en vue d’une véritable action d’union avec Dieu, à l’intérieur de l’Église. En effet, saint Jean Chrysostome déclarait que ‘les moines sont nécessaires parce que le monde n’est pas chrétien. Qu’on le convertisse et le besoin de la séparation monastique disparaîtra’ ».
Pour le patriarche orthodoxe, le désert est ainsi devenu « le lieu des géants de l’Esprit, (…) qui enseignaient la vie absolue de l’Évangile, la révolte radicale contre le mal ».
Harmonie entre Orient et Occident
Au fil de son homélie, Bartholomée Ier a souligné également l’ « harmonie » entre monachisme occidental, avec saint Benoît, et oriental, avec saint Basile : « Avec sa Règle, ‘ora et labora’, saint Benoît est considéré comme le père du monachisme occidental, en harmonie avec la manière de sentir du monachisme oriental de saint Basile, qui, lui, n’a pas laissé de ‘règle’. »
« Avec saint Basile, a-t-il expliqué, le moine fait partie de l’Église, il vit dans l’Église et pour l’Église, sous la houlette de l’évêque local et sa tâche est aussi celle d’aider ses frères dans le besoin, non seulement à la prière, mais aussi aux saintes Écritures, à la culture monastique et au travail pour les besoins du monastère ».
Dans l’Eglise orientale, « le monachisme comptera parmi les sacrements (mystères) de l’Église et sera considéré comme une des formes essentielles de perfection et de témoignage chrétien ».
Avec une traduction de Constance Roques