Le martyre de Mgr Romero, a eu avant, pendant, et encore après sa mort, du fait des calomnies, témoigne le pape François, qui invoque sur le Salvador « un torrent de grâces ».
Une délégation de quelque 300 pèlerins du Salvador est venu remercier le pape pour la béatification, en tant que martyre, de Mgr Oscar Arnulfo Romero (1917-1980), le 23 mai dernier. Ils ont souhaité sa prochaine canonisation et la béatification du P. Rutilio Grande, et ils ont invité le pape au Salvador.
Mgr Romero a été assassiné alors qu’il célébrait eucharistie, le 24 mars 1980, pour avoir notamment défendu les droits des paysans de son diocèse, mais le pape François souligne qu’un autre martyre a précédé et suivi sa mort: cela n’a n’a pas été un martyre “ponctuel”: « Le martyre de Mgr Romero n’a pas été ponctuel, au moment de sa mort, cela a été un martyre-témoignage, une souffrance antérieure, une persécution antérieure, jusqu’à sa mort. Mais aussi postérieur, parce qu’une fois mort – et j’étais un jeune prêtre, j’ai été témoin de cela – il a été diffamé, calomnié, sali, c’est-à-dire que son martyre a continué y compris du fait de ses frères dans le sacerdoce et dans l’épiscopat. Je ne parle pas de ouï-dire, j’ai entendu dire ces choses. »
Le pape est revenu à la fin de son message sur les calomnies en disant : « Cela me donne de la force, a confié le pape : Dieu seul sait. Dieu seul sait l’histoire des personnes et combien de fois, on continue de lapider des personnes qui ont donné leur vie ou qui sont mortes, avec la pierre la plus dure qui existe au monde : la langue. »
Mais le pape avait fait observer justement que « l’on ne naît pas martyr » mais que « c’est une grâce que le Seigneur accorde et qui, d’une certaine façon concerne tous les baptisés ». En effet, a expliqué le pape en touchant le thème de la fête de la Toussaint, « le martyr n’est pas quelqu’un qui reste relégué dans le passé, une belle image qui orne nos églises et dont on se souvient avec une certaine nostalgie. Non, le martyr est un frère, une sœur, qui continue à nous accompagner dans le mystère de la communion des saints, et qui, uni au Christ, ne se désintéresse pas de notre pèlerinage terrestre, de nos souffrances, de nos angoisses. »
Le pape aussi nommé l’autre martyr Salvadorien, le jésuite Rutilio Grande (1928-1977), comme s’il confirmait son martyr de façon anticipée. Ces deux martyrs, disait le pape, « ne craignant pas de perdre la vie, l’ont gagnée, et ils ont été constitués intercesseurs de leur peuple devant le Dieu vivant, qui vit pour les siècles des siècles, et tient en ses mains les clefs de la mort et de l’abîme (cf. Ap 1,18) ».
« Ces frères, a ajouté le pape, sont un trésor et une espérance fondée pour l’Eglise et pour la société salvadorienne. L’impact de leur engagement se perçoit encore de nos jours. Par la grâce de l’Esprit Saint ils ont été configurés au Christ comme tant de témoins de la foi de tous les temps. »
Le pape a souhaité, en jouant sur le fait que le Salvador porte le nom du « Sauveur » qu’à l’occasion du Jubilé de la miséricorde que l’exemple de Mgr Romero soit « un stimulant et une œuvre renouvelée de la proclamation de l’Évangile de Jésus Christ, en l’annonçant d’une manière que tout le monde le connaisse, pour que l’amour miséricordieux du Divin Sauveur envahisse le cœur et l’histoire de ce bon peuple ».
Le pape a fait aussi ce vœu programmatique : « Le saint peuple de Dieu qui chemine au Salvador a encore devant lui une série de tâches difficiles », a constaté le pape, et il « continue d’avoir besoin, comme le reste du monde, de l’annonce évangélisatrice, qui permette de téléphoner, dans la communion de l’unique Eglise du Christ, de l’authentique vie chrétienne, qui les aide à favoriser la promotion et le développement d’une nation à la rechercher de la vrai justice, de la paix authentique et de la réconciliation des cœurs. »
Le pape a appelé de ses vœux, comme le bienheureux Oscar Romero, « l’arrivée du moment heureux où disparaîtra du Salvador la terrible tragédie de la souffrance de tant de frères à cause de la haine, de la violence, et de l’injustice ».
Il a exprimé cette bénédiction: « Que le Seigneur, par une pluie de miséricorde et de bonté, par un torrent de grâce, convertisse tous les cœurs et la belle patrie qui les a donnés, et qui porte le nom du Divin Sauveur, devienne un pays où tous se sentent rachetés et frères, sans différence, parce que nous sommes tous une seule chose dans le Christ Notre Seigneur (cf. Mgr Romero, Homélie à Aguilares, 19 juin 1977). »