Mgr Laurent Dognin évêque de Quimper et Léon, et dont la devise épiscopale est « Joyeux dans l’espérance », est en pèlerinage à Rome: il a salué le pape François le 12 octobre, à l’issue de l’audience générale du mercredi. Le pape a salué tout le pèlerinage dans son message aux francophones. Zenit l’a rencontré.
Zenit – Excellence, que pensent les gens du pape François, en Bretagne?
Mgr Laurent Dognin – C’est variable. En gros, le monde aime beaucoup le pape et le soutient même s’ils sont parfois un peu secoués par les paroles du pape. Ils aiment bien entendre ce qu’ils ont envie d’entendre. Dès qu’il parle de l’avortement…
Certains courants sont un peu secoués. On découvre qu’il est d’un autre continent et qu’il faut accepter que nous, en Europe, nous n’avons pas la même sensibilité. On fait cette expérience : on a un pape d’Amérique latine, toute l’histoire de l’Amérique latine n’est pas la nôtre. Mais on l’apprécie, tous les gens que je rencontre aiment beaucoup le pape François.
Comment les catholiques vivent-ils la mort du père Hamel ?
Ca a été un choc très important pour les prêtres comme les fidèles parce qu’on s’est rendu compte qu’on pouvait être attaqué même dans une église, même à la messe et c’est impossible, on a pris conscience qu’on ne pouvait pas se protéger de ce genre d’agression.
Un prêtre qui est en train de célébrer la messe, c’est plus fort que si c’était dans la rue, c’est dans l’église et c’est vrai qu’on a été très très marqués par ce meurtre
Comment les gens ont-ils réagi ?
Les gens ont bien réagi. J’étais aux JMJ avec les jeunes, en Pologne. Ils ont été marqués mais ont dit « justement l’important pour nous, c’est de montrer que c’est l’amour qui doit triompher, on va davantage s’engager à la suite du Christ puisque c’est ça qui peut favoriser la paix entre les gens » et ça a poussé les gens à s’engager davantage.
Les jeunes ont bien réagi. Ils ont été choqués mais le contexte dans lequel ils étaient, aux JMJ, avec des jeunes de tous les pays du monde, c’était très fort.
Ils ont dit « c’est la fraternité qu’on veut construire et pour lutter contre ce mal-là, c’est en étant plus fraternels qu’on peut réagir »
Ils ont régi de façon positive, et aussi dans la foi en disant « le Christ a souffert, il est mort sur la croix »
Pas de réaction négative ?
Il n’y a pas eu du tout de réflexe de vengeance pour répondre par la violence. Pas du tout. C’est bon signe. Ca veut dire qu’ils comprennent un peu le sens de l’évangile. En même temps il y a des peurs qui sont là quand même, évidemment.
L’enquête pour le procès de béatification a été ouverte…
Je ne connais pas bien la vie du p. Hamel donc il y a peut-être des raisons qui poussent à cela. Parce que des martyrs il y en a beaucoup. Mais je n’ai pas entendu beaucoup de réactions.
Comment les « laïcs » ont-ils vécu cette agression ?
La réaction est assez générale, même des politiques : tout le monde a été choqué par cela. Il y a eu peu d’attitudes pas correctes. Nous, les évêques avons reçu beaucoup de lettres de politiques, de droite et de gauche, pour nous manifester leur sympathie. Donc c’est plutôt une bonne réaction
Quelles nouvelles de l’Église en France ?
La foi en France… L’Eglise est fragile en France mais en train de renaître avec des petits bourgeons, il y a de plus en plus d’initiatives, c’est assez enthousiasmant, des choses qui sont en train de naître, de renaître, des jeunes qui s’engagent, mais c’est encore assez fragile, on a peu de moyens, pas assez de prêtres pas assez de religieux, mais beaucoup + de gens qui s’engagent maintenant. Il y a une renaissance qui est assez sensible.
Avec Constance Roques
Mgr Laurent Dognin © HSM - Zenit
Le diocèse de Quimper en pèlerinage à Rome avec son évêque, Mgr Dognin
Le pape François, très aimé